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senegal: Œuvrer pour la chute de Wade : un sacerdoce

 
 

« Le pouvoir corrompt, le

 pouvoir absolu corrompt absolument »

Lord ACTON

Œuvrer pour la chute de Wade : un sacerdoce 

 

En ces moments où notre cher pays traverse un des tournants de son histoire et cherche à se frayer un chemin pour se sortir d’une situation dont tout le monde reconnait la complexité, il n’est pas permis de se taire et de ne pas choisir. Adopter une position de neutralité –si seulement il est possible d’être neutre-, c’est cautionner un statu quo qui, s’il perdure, nous conduit tout droit vers le chaos. En clair, ne pas prendre position, c’est prendre fait et cause pour le Président sortant Abdoulaye Wade et lui permettre de perpétuer ses basses besognes auxquelles il nous a habituées et qui ont pris une tournure inquiétante pendant cette période de campagne électorale entre les deux tours. Je n’aurai pas écrit ces lignes s’il avait suivi le conseil de Mouhamed MBODJ, coordonnateur du Forum civil qui, récemment invité à l’émission Opinions sur Walf TV, déclarait que Wade pourrait rebondir s’il décrypte le message que lui ont lancé les sénégalais au scrutin du premier tour. Ainsi, selon M. MBodji, s’il prenait des engagements fermes sur l’abandon du projet supposé de dévolution monarchique du pouvoir, l’édiction d’actes forts en faveur d’une lutte acharnée contre la corruption et l’impunité, il pourrait espérer rebondir avec la faveur de ses chantiers en sus. Mais c’était mal connaître l’homme avec qui nous avons affaire. En lieu et place d’un repentir, il impute la responsabilité de son échec au premier tour à l’opposition accusée d’avoir apeuré les votants qui se sont abstenus et aux puissances étrangères coupables, à ses yeux, d’orchestrer une campagne médiatique à son encontre. Quelle cécité ! Conséquence logique de sa prise de position, les actes qu’il est en train de poser sont plus que dangereux pour la survie de notre nation et la stabilité de notre société. Ces actes sont traduits par des contre-valeurs dont je m’évertue à citer certaines en étant sans doute sûr d’en oublier.

Machiavélisme

Machiavel fut un homme politique et auteur italien qui a publié Le Prince pour qui seule importe la conservation du pouvoir quelque soit le prix à payer. Les moyens d’y parvenir, pour lui, importent peu, l’essentiel étant d’arriver à ses fins. En effet, Nicolas Machiavel a soutenu dans Le Prince qu’ « aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon...  ». Wade a certainement bien lu Le Prince.

Pour revenir aux actes posés actuellement par notre vieil homme de président, rien n’est à négliger pour corrompre les « leaders d’opinion », à commencer par les « marabouts » que l’on a toujours considérés comme les stabilisateurs de notre société. Il a une relation particulière avec l’argent. Il reçoit nuitamment, et maintenant en plein jour, ceux qu’il croit être des porteurs de voix en distribuant ostensiblement des liasses d’argent. L’on peut me rétorquer qu’on est en politique et que c’est permis de pêcher des voix. Soit. Mais, la démocratie a ses exigences de transparence et de légalité qui exigeraient de rendre des comptes sur l’utilisation de l’argent du contribuable. Aussi, les activités purement politiques devraient se dérouler dans des lieux privés servant de siège aux partis. Mais il ne faut pas compter sur ce vieillard pour respecter ce qu’il dénonçait naguère.

Cynisme

Wade n’hésite pas à fouler au pied des valeurs comme le respect de la parole donnée et  la reconnaissance. Il peut dire une chose aujourd’hui et son contraire demain. Je ne reviendrai pas sur le fameux « wax waxeet » qui a laissé pantois plus d’un. Il peut cracher sur une soupe et la remanger sans état d’âme. Aujourd’hui qu’il se sait en mauvaise posture, il n’a pas hésité à aller quémander pitoyablement des « ndiguël » auprès de guides auxquels il a nié toute influence dans sa victoire en 2007. Béthio Thioune ne me démentirait pas. Quand il perd, c’est les autres, quand il gagne, c’est lui et son fils. Je veux parler de son fils biologique dont il a dit, sans sourciller,  que c’est le meilleur esprit du pays. Quelle offense !

Fourberie

Il est fourbe comme l’hyène. Quand il est face à ses intérêts, il fait étalage d’une ruse comme Bouki voulant se procurer de la viande. Lui-même disait que « l’Etat n’a pas d’ami, il n’a que des intérêts ». Il devrait plutôt substituer l’Etat à « je », ce « je », ego surdimensionné, qu’il aime tant et qui le fait croire être éternellement le maître du jeu. Il caresse sa proie dans le sens du poil quand il a besoin de le mettre en confiance avant de lui jouer un sale tour et de le lâcher sans état d’âme s’il ne peut pas le manger. Il a renvoyé Awa Marie Coll SECK et le Général Mamadou NIANG de son gouvernement parce qu’ils ont refusé de militer au PDS même s’il a reconnu qu’ils sont de bons ministres. Leur compétence importe peu s’il ne peut les phagocyter. Son concurrent au second tour, Macky SALL, Idrissa SECK avant lui, Moustapha NIASS, Amath DANSOKHO, Abdoulaye BATHILY, Landing SAVANE et j’en passe l’ont appris à leur dépens.

Mépris

Son mépris n’a d’égal que son ambition immodérée pour le pouvoir et la réalisation de son désir monarchique. Il méprise tout le monde, à l’exception de sa famille et de ses affidés du moment. Au risque de me répéter, le traitement qu’il voue à son fils est un cas d’école dans l’histoire politique mondiale. Pour moins que ça, les français ont renvoyé Jean SARKOZY à son poste d’élu local quand son père Nicolas SAKOZY a voulu le propulser à la direction de l’EPAD (Etablissement Public d’Aménagement de la Défense). Sous nos latitudes, ce fait serait une goutte d’eau dans la mer, comparé au traitement réservé par le vieux à son fils au Sénégal. Il méprise tellement les autres que toute personne ayant le secret désir de se rebeller contre la dévolution monarchique du pouvoir est à liquider et à livrer à la vindicte de ses thuriféraires et flagorneurs payés pour exécuter les basses besognes.

Manipulation

Son talent de manipulateur n’est plus à démontrer. Nous avons commis l’erreur de notre vie en donnant à cet homme les armes les plus redoutables qu’un individu mal intentionné désire avoir : l’argent et le pouvoir. Avec ces armes, il manipule tous ceux qui s’approchent de lui. Il les corrompt en prétendant être celui qui règle leurs problèmes. Vous avez certainement entendu qu’à Diourbel, un des fils du vénéré Serigne Fallou, Serigne Atekh Mbacké a donné un ndiguël en sa faveur. Eh bien, figurez-vous que cet homme jouit d’une honorabilité sans faille jusqu’au moment où il eut la malchance de recevoir le vieux chez lui. Avant l’audience, un banquier qui le connait et qui lui fait souvent ses opérations bancaires m’a dit qu’il n’allait pas donner de consigne de vote. La même soirée, le banquier s’étonnait du revirement du marabout. Le manipulateur est passé par là. D’honnêtes gens sont devenus subitement suspects pour s’être approché de lui.

Jusqu’au-boutisme

Les différentes tares relevées ci-dessus dénotent d’un jusqu’au-boutisme de ce vieil homme qui ne reculera devant rien pour atteindre ses objectifs : être réélu et céder le pouvoir à son fils. Il utilisera tout ce qui est en son pouvoir pour accéder à ses fins, quitte à mettre à genoux ce pays auquel il n’a jamais cru. Il l’aime simplement s’il peut l’aider à assouvir son désir de pouvoir et d’avoir. D’après Idrissa SECK, la première déclaration qu’il lui a faite après avoir pris le pouvoir en 2000, c’est : « nos soucis d’argent sont terminés ». Il divisera les ethnies comme il est en train d’entretenir le faux débat sur le vote ethnique, sapera les rangs des familles maraboutiques et fera voler en éclats l’harmonie de milliers de familles. A ce titre, la confrérie mouride doit surtout veiller à conserver son unité légendaire qui veut que quand le Khalife général parle, tout le monde se met au pas. Si ses adeptes n’y prennent garde, il y aura des pro et des anti Wade au grand dam de la volonté du khalife qui voudrait que les marabouts choisisse leur camp sans donner de Ndiguël.

En définitive, voter contre Wade est un impératif pour toute personne éprise du devenir de ce pays. Cet appel n’est cependant pas une carte blanche délivrée à son adversaire, Macky SALL. Dieu a voulu que ce soit lui qui aille au deuxième tour. Le choisir est, à mon avis, un moindre mal, même s’il peut lui être reproché plusieurs choses, j’en conviens. Ce n’est pas cela le débat que je veux soulever. L’essentiel étant pour moi de barrer la route à cet homme dangereux pour le Sénégal. Je voterai volontiers pour quiconque serait en face de lui. Il faut simplement accompagner cette caution à son challenger d’une vigilance qui est heureusement de mise depuis le 23 juin dernier. En effet, rien ne sera plus comme avant. Les sentinelles de la démocratie se dresseront devant toute forfaiture d’où qu’elle vienne. On peut ne pas être d’accord avec les termes que j’ai utilisés mais l’essentiel ne réside pas dans la forme mais bien dans le fond de ma pensée d’observateur dégoûté par le comportement d’un homme à qui l’on a tout donné. Heureusement que nous pouvons reprendre ce que nous lui avons donné. Cela ne demande que d’aller voter et faire voter massivement le 25 mars prochain contre Wade si nous voulons espérer une aube nouvelle. Ainsi, contrairement au journaliste et consultant Adama GAYE qui, dans une contribution intitulée Le refus d’un choix parue le 7 mars dernier dans Sud Quotidien, affirmait qu’entre la peste et le choléra, il préfère ne pas faire de choix, j’appelle à faire un choix. Il soutient : « les Sénégalais sont prêts à se contenter de la peste, qui se pose en alternative,  je préfère, pour ma part, aller à la pêche ». Je crois d’abord que l’alternative devrait être désignée par le choléra qui est quand même moins dangereux que la peste et qu’ensuite entre la peste et le choléra quiconque est appelé à faire un choix, choisirait sans hésiter le choléra.

Pour terminer, je vous prie d’excuser les éventuels excès de ce texte qui proviennent du cœur d’un homme profondément écœuré par les agissements de ce vieux et de ses affidés qui continuent à prendre la majorité des sénégalais comme des moutons de Panurge. Je suis simplement guidé par le souci de stopper ces dérives contre lesquelles chacun d’entre nous doit contribuer à mettre fin. Par n’importe quel moyen. Le mien est cette adresse.

 

Amadou Diop SALL



16/03/2012
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