Bénin: Poursuivie, Fatouma Amadou Djibril fait des révélations depuis son lieu d’asile
Elle est enfin sortie de son mutisme. Comptée parmi les anciens ministres du régime Yayi poursuivie par l’actuel régime pour des faits de malversations, Fatouma Amadou Djibril, ancienne ministre de l’agriculture a donné de la voix. C’est à travers un entretien accordé à Elites Press Tv et publié le lundi 22 octobre 2018
Contrairement à ses collègues poursuivis au même titre qu’elle,Fatouma Amadou Djibril est restée pendant longtemps silencieuses sur sa poursuite. Mais cette fois, elle semble en avoir “marre” des assauts lancés à son encontre. Elle a ainsi décidé de s’expliquer afin de situer l’opinion sur les faits qui lui sont reprochés et pour lesquels l’Assemblée nationale a autorisé la justice à la poursuivre.
A l’entame de son intervention, elle rappelle avoir travaillé pendant 13 ans dans une usine d’égrenage appartenant à l’actuel Président de la République, Patrice Talon. Pour elle, il s’agit d’un détail très important, car pendant ces 13 années, elle a fait preuve d’intégrité et de probité. “Il me connait et je le connais. Pour avoir travaillé avec lui pendant 13 ans, il connait ma probité, il connait mon honnêteté, il connait mon intégrité”, a-t-elle martelé.
Évoquant la question des poursuites engagées contre elle et d’autres anciens ministres de l’ex-Président Boni Yayi, Fatouma Amadou Djibril dénonce un acharnement politique orienté contre les ténors du parti FCBE. Elle dit être arrivée à cette conclusion au vue de l’allure inquiétante que prend ce qu’elle a appelé “la traque des opposants”.A l’en croire, il ne s’agit pas pour elle de s’opposer à la justice ou encore à la lutte contre la corruption. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle s’est mis à la disposition de la justice au début de l’enquête. Mais avec l’évolution de la situation, elle a compris que derrière ces poursuites se cache une manœuvre politique de déstabilisation de l’opposition.
“Le gouvernement de la Rupture pris de panique, commence encore de plus bel la traque aux opposants. Donc le procureur de la République qui est l’appendice du ministre de la justice, envoie nos noms à l’Assemblée pour demander la levée d’immunité et l’autorisation de poursuite des anciens ministres”
Fatouma Amadou Djibril
Parlant spécifiquement de son cas, l’ancienne ministre évoque les différentes étapes qui ont jalonné son périple. On retient dans ses clarifications que son nom a été cité précisément dans deux dossiers. Il s’agit de la gestion du riz japonnais et la passation des marchés des intrants au niveau de la filière coton.
“Courant novembre 2017, ils m’ont convoqué parce que tous les jours, on vous colle des dossiers. Ils ont encore monté un dossier pour dire malversation du don du riz japonais. Mais ce n’est pas le ministère de l’agriculture qui pilote le riz japonais. C’est le ministère du commerce. Ils m’ont convoqué à la brigade de recherche avec certains cadres de l’ONASA, j’ai dit l’ONASA est un bras opérationnel dans cette histoire. Ce n’est pas le ministre de l’agriculture qui s’en occupe. C’est plutôt le ministre du commerce. Là 24 heures après, on m’a libéré. Pour la passation des marchés des intrants au niveau de la filière coton, ils disent que ou c’est Djènontin qui a substitué certains adjudicataires ou c’est moi ministre de l’agriculture qui ai substitué certains adjudicataires”.
Fatouma Amadou Djibril
Selon ses propos, le gouvernement agite des dossiers chaque fois quand le parti FCBE fait une sortie pour opiner sur la gouvernance actuelle. Ainsi, les dossiers et les poursuites étant devenus presque quotidien, il fallait trouver un moyen d’éviter la traque. Mais on est là, on est toujours persécuté et poursuivi.“Chaque fois que Force Cauris sort, on doit lever l’immunité d’un de ses membres. C’est comme ça, on s’est retrouvé sur la terre française mon collègue et moi”, a-t-elle révélé.
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