Au cours d’une conférence de presse tenue hier mardi 28 novembre 2017 à la salle de conférence du port, par la voix de leur porte-parole, les syndicats ont expliqué que l’option du chef de l’Etat de privatiser le port est techniquement mauvaise et contre-productive.
Les syndicats de la plate-forme portuaire de Cotonou n’ont jamais accepté la nomination d’un mandataire pour gérer le port comme certains médias l’ont fait savoir dans leurs publications d’hier. C’est la clarification que le collectif des syndicats a faite au cours de sa sortie médiatique ce mardi. A travers un démenti formel, les syndicalistes ont dit n’avoir jamais donné leur accord dans ce dossier de privatisation du Port
autonome de Cotonou. La direction de communication de la présidence aurait manipulé la presse en affirmant que les syndicats adhèrent à la réforme selon les propos des syndicalistes. « Nous rappelons que nous ne sommes pas d’accord », a affirmé Urbain Kanlinsou. Le débat sur la désignation d’un mandataire pour diriger le port est déjà clos d’après les cinq syndicats, après une série de grèves à propos de cette initiative du président Patrice Talon. Syntrapac, Syntra-Ttp, Synatramap, Syntra-Cobenam, Syntra-Cncb ; ces cinq syndicats sont unanimes sur cette mésintelligence née de la réforme ‘’by force’’. Après l’atelier de réflexion tenu à Bohicon du 10 au 12 août 2017 sur le dossier de recrutement de mandataire pour la gestion du Port autonome de Cotonou, les travailleurs du port ont senti que le gouvernement a compris les inconvénients de l’option envisagée. Mais ils sont surpris ce vendredi 24 novembre 2017 lors de la rencontre avec le chef de l’Etat, qui revient sur un dossier déjà fermé. Urbain Kanlinsou porte-parole des syndicats, a confié que le chef de l’Etat a dit qu’il n’a jamais été informé ni des mouvements de grèves des travailleurs, ni de la signature d’un protocole d’accord, et encore moins du séminaire de Bohicon. Il a noté que malgré les explications apportées par les travailleurs, le chef de l’Etat tient coûte que coûte à introduire le privé dans la gestion du Port autonome de Cotonou.
Une réforme contraire aux approches de gestion des ports
La décision du chef de l’Etat viole les dispositions de l’article 485 de l’Acte uniforme du Traité de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) qui stipule que : « le Conseil d’administration nomme parmi ses membres ou en dehors d’eux, un Directeur général qui doit être une personne physique… ». Le conférencier a aussi évoqué que l’atelier de Bohicon a été une occasion pour les experts maritimes d’exposer les différentes approches de gestion portuaire. Le modèle en Afrique francophone est celui des Ports autonomes qui sont des sociétés publiques. Ainsi donc, le syndicaliste rapporte que : « le recours à un mandataire ou un délégataire pour la gestion du port de Cotonou serait inédit, dangereux et pas recommandable ». Ce qui lui permet d’affirmer : « Techniquement nous allons lui démontrer que là où il va n’est pas bon », en mettant l’accent sur le mauvais choix du président Talon. « Pour l’heure, nous ne pouvons rien dire, mais le moment venu nous allons aviser », a-t-il poursuivi. Les syndicalistes ont pour finir affirmé que le Port de Cotonou est bien géré?
conference de presse SYNTRAPAC
Le collectif des syndicats de la plate forme portuaire composé de :
SYNTRAPAC
SYNTRA-TTP
SYNATRAMAP
SYNTRA-COBENAM
SYNTRA-CNCB
a annoncé et observé un mouvement de grève de 48 heures les mercredi 14 au jeudi 15 juin 2017pour des points de revendications dont:
– L’annulation pure et simple de toutes les procédures tendant à l’introduire le privé dans la gestion du Port de Cotonou.
– Le retrait pure et simple de l’avis d’appel à concurrence AAPC N°0825/PRMP/MIT/SPRMP pour le recrutement d’un mandataire au Port de Cotonou
– La suspension immédiate des réformes dans le secteur portuaire qui mettent en péril l’économie nationale et les emplois dans le secteur portuaire.
Etant donné que les points de revendication n’ont pas été satisfaits malgré les rencontres entre le ministre de tutelle et les partenaires sociaux, un deuxième mouvement de grève a été annoncé et observé par les travailleurs de la plateforme portuaire.
Comme le gouvernement est toujours dans sa logique de ne satisfaire les revendications des travailleurs, une troisième motion de grève illimitée a été notifiée au ministre du travail et au ministre des infrastructures et des transports.
C’est alors que le MIT a invité les partenaires sociaux pour s’entendre sur les points de revendication assorti d’un protocole d’accord signé le 04 juillet 2017.
Ce protocole d’accord stipule en son
Article 1:
Que les parties confirment par les présentes écritures qu’elles vont privilégier le dialogue pour la gestion des présents différents et leurs suites.
Article 2
Les parties confirment qu’à l’issue de la présente étape de l’appel à candidature qu’elles vont observer une pause afin de préparer et de tenir l’atelier de réflexion projeté sur le dossier et que la suite dépendrait des conclusions de l’atelier.
Article 4
‘Les parties conviennent de ce que le Ministre des Infrastructures et des transports plaident en conseil des ministres le retour du BESC au conseil national des chargeurs du Bénin.
Article 9
Les parties conviennent de mettre en place un comité de suivi de la mise en œuvre du protocole d’accord.
L’atelier de réflexion sur le dossier de recrutement de mandataire pour la gestion du Port de Cotonou a eu lieu à Bohicon du 10 au 12 Août 2017.
Au cours de cet atelier où tous les acteurs de la plateforme portuaire étaient conviés, plusieurs communications ont été présentées par les experts du domaine Maritime et Portuaire invités à la séance.
Dans la deuxième communication intitulée forces et faiblesses des différents modèles de gestions portuaire qui a été présenté par le professeur Khalil Ibrahim Diallo (Expert Maritime), plusieurs modèles de gestions Portuaires ont été exposées notamment les modèles européens, les modèles latino-américains, le modèle dominant en Afrique francophone le cas particulier du Port de Doraleh à DJIBOUTI et la situation du Port Autonome de Cotonou,
Il est à retenir de cette communication que le modèle dominant en Afrique Francophone est celui des Ports Autonomes qui sont des sociétés Publique: Société d’Etat avec un capital entièrement détenu par l’état doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.
Ces entités accordent des concessions d’activités de manutention et de gestion des terminaux: Dans sa présentation le communicateur a également relevé les problèmes soulevés par le recours à un mandataire ou un délégataire pour la gestion du Port. Il s’agit notamment de :
– des problèmes sémantiques et conceptuels
– des problèmes juridiques (textes nationaux et OHADA)
– le risque de bicéphalisme dans la gouvernance du Port de Autonome de Cotonou
– Le Problème de souveraineté pour un état
– Le rapport coût et efficacité pour un tel recours
– La dévalorisation de l’expertise nationale en matière de gestion d’un port
Au regard de ce qui précède et selon le communicateur le recours à un mandataire ou délégataire pour la gestion du port de Cotonou serait inédit, dangereux et n’est point recommandable.
Le recours à l’affermage n’est pas aussi recommandable selon le communicateur et n’est pas adapté à l’activité portuaire.
Suite à cet atelier de réflexion, les travailleurs du port ont senti que le gouvernement a compris les inconvénients de l’option envisagée. Grande a été notre surprise le vendredi 24 Novembre 2017 lors de la rencontre avec le chef de l’état de revenir sur un dossier déjà clôturé.
Selon le chef de l’Etat, il n’a jamais été informé des mouvements de grèves des travailleurs ni de la signature d’un protocole d’accord encore moins du séminaire de Bohicon.
Toutes les explications apportées par les travailleurs n’ont pas été du goût du chef de l’Etat qui tient coûte que coûte à introduire le privé dans la gestion du Port Autonome de Cotonou.
Néanmoins la haute Autorité a laissé entendre que la seule chose qui pourrait lui faire changer d’avis est de lui démontrer les inconvénients et la dangerosité liés à cette réforme. (le travail que nous sommes en train de faire)
A cet effet, nous tenons à informer l’opinion publique que cette décision du Chef de l’Etat viole les dispositions de l’article 485 de l’Acte uniforme du Traité de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) relatif au droit des sociétés commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique qui stipule que « le Conseil d’Administration nomme parmi ses membres ou en dehors d’eux, un Directeur Général qui doit être une personne physique …. ».
Aussi, les statuts du Port Autonome de Cotonou étant harmonisés par décret avec les textes supra cités, il serait impossible voire illicite de nommer une personne morale comme délégataire de gestion du Port Autonome de Cotonou.
Malheureusement, la cellule de communication de la présidence de la république fait croire à l’opinion publique que les travailleurs du Port Autonome de Cotonou sont acquis à ce projet de reforme dangereux pour la nation béninoise.
Les travailleurs du Port Autonome de Cotonou mobilisés au sein de leur Syndicat désapprouvent la manière dont le dossier est en train d’être géré et se tiennent prêt à réagir le moment opportun.
En tout état de cause, les travailleurs du port Autonome de Cotonou. Prennent le peuple béninois à témoin des déconvenues qu’engendreraient de telles réformes dans le secteur Portuaire.
Urbain P. KANLINSOU