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Quelle école pour l'Afrique de demain ?

 

Le billet d'alpha Publié par alpha      

 

Quelle école pour l'Afrique de demain ?


Quel que soit l'angle sous lequel on l'envisage, l'école africaine reste bien en retard par rapport à la plupart des régions en développement. Dans la plupart des pays africains, le constat est alarmant : "un enseignant solitaire, face à 70 à 80 écoliers. Il existe peut-être un tableau noir et de la craie. Les écoliers ont parfois des pupitres, ou s’assoient sur des bancs ou sur le sol. Également quelques manuels ou tables d'exercices. D'autres n'ont aucune salle de cours, mais doivent s'installer en plein air, sous un arbre. Deux écoliers africains sur cinq sont bien moins chanceux et n'ont aucune école où aller etc."


Une absence de politique ambitieuse et efficace


Quelques unes des raisons évidentes qui expliquent ce retard sont, en effet, le problème de financement et surtout le manque de volonté politique.

Depuis la dernière Conférence de Jomtien (en Thaîlande) sur l'éducation pour tous (1990), les donateurs et les gouvernements nationaux avaient estimé que l'école africaine soufrait de financement. Les donateurs avaient, ainsi, promis de redoubler d'efforts pour améliorer le niveau de l'enseignement dans les pays en développement.

Sous l’égide du programme des Nations Unies pour le Développement, certains pays africains ont pris des mesures pour enrayer les déclins de leur système éducatifs qu'ils pensaient être liés à la crise de financement. Les dépenses publiques en matière d'éducation avaient alors globalement augmenté de façon sensible. Ce dispositif avait, en effet, été facilité par une relance de la croissance économique dans nombre de pays et par la volonté accrue des responsables économiques de protéger les budgets de l'éducation.

D'après les résultats fournis dans un rapport des nations unis et repris sur le site afrique-relance, nations-unies, "en Afrique subsaharienne, le taux net de scolarisation à l'école primaire a augmenté, de 54 % en 1990 à 60 % en 1998. Le Bénin, la Gambie, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Sénégal, le Swaziland, le Togo et l'Ouganda ont tous enregistré des améliorations notables du nombre d'inscriptions à l'école primaire, avec parfois des progrès frappants dans la scolarisation des filles.

Le rapport concluait ainsi que : "les ministres de l'éducation d'Afrique n'ont pas eu suffisamment de fonds pour maintenir les systèmes éducatifs existants, et encore moins pour les développer".

Mais s'agit-il vraiment un problème de financement? Autrement dit, l’École africaine souffre t-elle uniquement d'un problème de budget ?

Pourtant, tel ne semble pas en être le cas et pour s'en apercevoir, il ne suffit guère de regarder loin. En effet, depuis des décennies, des conférences, des colloques et forums sur le problème de l'école africaine se sont succédés sur le continent africain. Pendant ces 10 dernières années, Dakar (Sénégal) en a abrité au moins quatre rencontres de ce genre et dont la dernière en date de Novembre 2009, il s'agissait de la IV conférence internationale africaine pour le développement de la petite enfance. En 2011 également, le Kenya accueillait une autre conférence africaine sur la recherche et l'éducation. Entre le 15 et le 25 Mai 1961, s'etait déroulé à Addis Abeba (Ethiopie), la conférence d'Etats africains sur le Développement de l'Education en Afrique.

Et dans son rapport final des acteurs africains qui s'étaient réunis à la conférence d'Addis Abeba avaient dés à présent soulevé le problème du du financement de l'éducation en Afrique, de la réforme du contenu des formations, entre autres. S'agissant du plan de financement, le comité avait demandé à chaque Etat africain associé de l'Unesco d'élever entre 3 à 4% en 1965, voire 6% en 1980, le pourcentage de son revenu national qu'il allouait à l'éducation.
A cette époque, ces mesures étaient salutaires, surtout dans un contexte difficile pour les économies africaines qui venaient juste sortir des siècles de domination coloniale et donc de pillage systématique de leurs ressources. Mais malheureusement, aucune de ces mesures n'avait été suivie.

Malheureusement, beaucoup d'Etats africains avaient, eux, eu d'autres idées en tête... confier le financement du budget de leur système éducatif à l'Unesco ou aux puissances coloniales à travers des pactes sous formes de partenariat !

Progressivement, les gouvernements se désengagent de leur rôle envers l'école africaine. Une absence de volonté politique qui se traduira plus tard par un diktat de la part, à la fois, des institutions Bretten Woods à travers les réformes d'ajustement structurel et des organisations Etats occidentaux qui finançaient, ainsi, des programmes qu'ils jugeaient beaucoup plus intéressants à la place des africains, eux-mêmes.

On savait déjà que le grand poids grevant les budgets éducatifs africains est celui de la dette extérieure. Le continent verse actuellement un service de 13 milliards de dollars EU par an, quand 3 milliards seulement suffiraient chaque année pour financer l’éducation primaire pour tous. Certains pays se saignent pour payer les intérêts de leurs emprunts.

A cette dette, il faut ajouter la politique des ajustements structurels imposés par le FMI et la Banque Mondiale dans le début des années 1990.
Le résultat de ces programmes d'ajustement structurels ont été catastrophiques : Plusieurs pays africains n'ont enregistré aucune amélioration réelle des taux de scolarisation ou d'autres indicateurs quantitatifs de base et certains avaient même connu de nouveaux déclins.

En Zambie, constate le rapport Afrique Relance-Nations Unies , "un programme d'ajustement "radical" introduit en 1991 a contribué à une baisse de 25 % en trois ans des dépenses réelles d'éducation. Exprimées en pourcentage du PNB, les dépenses moyennes d'éducation en 1992-1996 étaient à la moitié de leur niveau du milieu des années 80. En 1994, le taux de scolarisation primaire était en baisse, surtout pour les filles. "Comparé aux cibles [du FMI] en matière d'inflation", a fait remarquer Oxfam, "les cibles d'éducation de Jomtien n'ont pas été prises en compte. En fait, l'ajustement structurel mise en œuvre en Zambie a détruit toute possibilité d'atteindre dans ce pays les objectifs de Jomtien"... Un paradoxe !

Ces deux carcans expliquent le retard de l'école africaine. Dans e domaine de l'enseignement des sciences qui nécessite beaucoup de moyens comme l'équipement des laboratoires, les écoles africaines sont largement en retard par rapport aux écoles européennes, américaines et mêmes asiatiques.

Le défi d’améliorer l’éducation en Afrique comprend non seulement une dimension quantitative mais aussi une dimension qualitative.
Autrement dit, l'autre grand problème de l'école africaine c'est également l'absence de réforme permettant de créer des formations répondant aux besoins de développement du continent.
"L'école africaine est malade de ses orientations. Elle souffre surtout d'un défaut de réajustement par rapport aux impératifs de développement des Etats africains. On pourrait croire à une photocopie de l'école coloniale tant les programmes en cours perpétuent l'élitisme de cette école". Depuis l'indépendance, aucune réelle politique de réforme éducative n'a été engendrée au niveau des écoles africaines. Au niveau des universités par exemple, la récente réforme LMD (Licence - Master - Doctorat) a tout simplement été copié de la réforme universitaire européenne, particulièrement, française.

Quelle École pour l'Afrique de demain ?

Aujourd'hui encore, nos dirigeants font mine de nous faire croire que l'argent pourrait être la seule baguette magique qui pourrait résoudre le problème. Or, il faut, nous l'avons dis, ci-haut, apporter une solution africaine au problème de l'école africaine, elle-même. Pour ce faire, il faut d'abord, donner plus d'importances aux langues nationales (langues locales) qui, depuis la colonisation, ont été marginalisées au profit des langues coloniales comme le Français, l'Anglais etc. Bref, l'Africain apprend l'européen, mais l'européen ne semble pas être intéressé par l'africain. Certaine organisations comme la Francophonie que nous avons crée et entretenue pour le compte de la langue et la culture française ne constituent véritablement rien en matière de valeur ajoutée pour les pays africains francophones.
D'ailleurs, géographiquement parlant, que représente la francophonie face au manderin (langue chinoise) dans le cadre des échanges internationaux ?

C'est pourquoi, pour résoudre toujours le problème de l'école africaine, il faudrait également anticiper les défis. Autrement dit, s'engager à prospecter notre système éducatif, le rendre compétitif pour le permettre d'accompagner un monde évolutif. " Un culte élevé de l'anticipation fera de l'école de développement un outil d'adaptation et de dépassement tant et si bien que ses produits ne seront jamais pris de court par l'évolution sans cesse renouvelée des connaissances scientifiques et technologiques".
C'est seulement dans cette voie là que nous pourrons créer des formations et des disciplines répondant aux besoins du continent : privilégier l'enseignement des langues nationales et en faire un véritable outil de véhicule de transmission des connaissances, de la recherche et de l'innovation. Au Sénégal, par exemple, est considéré comme "illettré" celui qui n'a donc jamais acquis une instruction à l'école avec la langue française, même si ces clichés tendent à disparaître avec la promotion de l'alphabétisation avec les langues nationales, mais très lentement. Encore que ces formations concernent pour l'heure que le public adulte. Dans les pays maghrébins comme le Maroc ou la Libye, l'enseignement en primaire et jusqu'au lycée se fait uniquement en langue arabe. N'est ce pas l'une des raisons qui explique l'avancement de ces pays respectifs par rapport à beaucoup d'autres pays de l'Afrique subsaharienne ?

L'école africaine de développement devra également intégrer en amont la vulgarisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) en les rendant accessible et gratuit à tous les élèves. La délivrance des bourses d'étude pour les élèves issus des familles défavorisées devra être systématique en supprimant parallèlement toute tentative de corruption qui tourne autour comme c'est le cas actuellement au Sénégal où des attestations de bourses sont monnayées par des agents administratifs peu scrupuleux.

En même temps, l'école devra être gratuit et obligatoire, au moins jusqu'à un niveau de diplôme acceptable et débouchant, tant soit peu à un métier.
Aussi, la formation professionnelle devra trouver sa place dans l'éducation nationale. Les artisans et entreprises locales tels que les menuiseries, les couturiers, les mécaniciens etc. devraient également être intégrés dans le circuit éducatif en permettant la formation par apprentissage dans ces corps de métiers sanctionnés par un diplôme reconnu par les États. En contre partie, ces petites et moyennes entreprises bénéficieront, par exemple, d'une exonération fiscale ou d'un allègement sur l’impôt sur la société etc.

Il y a un constant amère : l'Afrique est depuis longtemps le seul continent où des sur-diplômés tardent à entrer dans le marché de l'emploi.

Rappelez vous, "plus une société est instruite et bien éduquée, plus elle gagne en productivité et tend à accélérer son développement.

 



30/12/2011
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