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Lettre à mon cher "cousin" Barack Obama

Monsieur le président des Etats-Unis d’Amérique,

Non, ce n’est pas diplomatique…

Excellence monsieur le président des Etats-Unis d’Amérique,

Non, ce n’est pas fraternel…

Très cher cousin,

Non, c’est trop familier…

Cher cousin,

Je ne sais comment commencer ma lettre. C’est drôle d’écrire à un si illustre cousin qu’on ne connaît pas. Mais ce n’est pas drôle de ne pas savoir par quoi commencer. J’ai fini par trouver les mots adéquats quand même. Car ici chez nous en Afrique, nous sommes tous des cousins. Mais, pour ma part, je ne dis pas «cher cousin» pour reprendre une formule typiquement africaine. Nous sommes bien cousins même si c’est un peu à l’africaine. Et pour ceux qui pensent que je cherche à me faire passer pour le cousin d’une des personnalités les plus illustres au monde, je leur démontrerai le contraire.

D’emblée, je voudrais me faire excuser d’abord par votre Haute Autorité comme on dit chez nous au Bénin quand on veut flatter l’ego du président de la République. Et cela quand on ne l’appelle pas demi-dieu et tutti quanti. Ensuite, je me dois de me faire excuser par le peuple américain et enfin par mes lecteurs occidentaux, pour la simple et bonne raison que je ne devrais pas vouvoyer un cousin conformément aux lois et traditions du pays, fut-il président des Etats-Unis d’Amérique. Cela n’a rien avoir avec un quelconque manque de respect, loin s’en faut. C’est que tout simplement le vouvoiement n’existe pas chez nous. En effet, nos ancêtres, les Luo, ne faisaient guère de différence entre un homme et un homme. Quel que fût son âge ou sa fonction. Je te remercie donc d’avance pour ta bonne et fraternelle compréhension.

J’ai parlé tantôt de Luo, et je suppose que ce mot à lui tout seul doit te dire beaucoup de choses. C’est grâce à lui que j’ai su que nous sommes des cousins, un peu à l’africaine quoi… ? Pardon ! Je devrais éviter de parler un français africain. Au hasard de mes recherches ô combien passionnantes sur l’histoire de la Nubie antique, j’ai découvert que ton père était Luo du Kenya. Et comme tous les Luo du monde entier ont à l’origine un seul et même ancêtre commun, c’est-à-dire Yaloh ou Yoloh ou Yoluo, j’ai tout de suite compris que nous sommes des cousins, tellement lointains que je ne t’aurais jamais connu si tu n’étais devenu président des Etats-Unis d’Amérique.

Cher cousin, crois-moi, l’idée de cette lettre m’est venue après que j’ai découvert à travers mes recherches sur les origines de mes propres ancêtres que tu portes un nom prédestiné chez les Luo, c’est-à-dire Obama. Cela va peut-être te faire sourire. Et c’est bien là le mobile principal de cette lettre. Car je suppose que par les temps que tu vas devoir affronter pendant la longue et stressante campagne électorale, il t’en faut bien de temps en temps. C’est un bon médicament pour rassurer les Américains et leur redonner confiance en leur montrant que tu as la situation en main. S’ils ne te voient pas tout sourire, ils vont se dire que tu n’es plus sûr de toi, et que tu dis maintenant: «Yes, we can not». Or le «canot», ça évoque des catastrophes et des sauvetages. C’est-à-dire quand il y a la panique, le sauve-qui-peut. Quand il n’y a plus d’espoir. Mais avec le sourire, ils comprendront que tu leur dis : «Yes, we care…», que tu veilles au grain concernant la crise économique notamment. Et que tout va bien, ou du moins que tout ira bien…

Tu vois, cher cousin, chez nous ici en Afrique, nous sommes éternellement en crise. Mais grâce au sourire que nous avons aussi éternellement, nous ne la ressentons même plus. C’est cela, notre potion magique. C’est un anesthésiant à toute épreuve. Ainsi, même assommés par la crise perpétuelle, nous continuons toujours à sourire, ce qui facilite la tâche à nos chefs d’Etat qui peuvent continuer à nous diriger comme des bêtes de somme. Tout en sourire, sans penser au lendemain, sauf quand il arrive et qu’on ne le voit même pas, ce monsieur Lendemain. Puisque, de toutes les façons, on ne le connaît même pas, ce fameux monsieur Lendemain.

Excuse-moi cher cousin, j’ai fait une digression au lieu de te parler de l’essentiel que je voulais te dire. Je parlais tantôt de ton nom prédestiné Obama. Voilà…, je me retrouve enfin pour en revenir  à nos moutons. Que dis-je? Pour en revenir à des choses plus sérieuses, en l’occurrence aux temps immémoriaux de la Nubie. Je ne te dirai pas tout maintenant, parce que je n’ai pas encore déposé une demande de brevet de découverte, mais comme tu es mon cher cousin, je t’en dirai quand même un peu. Un peu seulement, mais il ne faut le dire à personne d’autre. En Afrique, c’est comme ça qu’on dit quand on veut propager une nouvelle.

Obama est composé de deux noms : Ouoro qui a été grécisé en Horus (dieu faucon en Grec) et Bama ou ceux qui font le rituel traditionnel des Luo. Ouoro dont la forme elliptique est O était le symbole du pouvoir du temps de nos ancêtres, les Luo. De nos jours encore, tout chef ou président de la République porte le nom de Ouoro ou Wollo. Du temps de nos ancêtres, le Wollo ou Ouoro cumulait la fonction politique avec la fonction religieuse. D’où le Bama qui suit le nom Ouoro ou Wollo. En fait, Obama est un diminutif de Wollo-Bama ou Ouoro-Bama. Si je dois conclure sans entrer dans les détails, cela signifie que ton ancêtre duquel tu as hérité ce patronyme était le chef chez qui toute la tribu devait sacrifier au rituel traditionnel d’initiation et de passage à l’âge adulte.

Voilà, cher cousin, pour la petite histoire. Quand tu auras beaucoup plus de temps pour me lire après ta campagne électorale, je m’évertuerais à t’écrire une plus longue lettre. Je t’écrirais alors une longue lettre, dans le plus pur style lointainement fleuri et parabolique des traditions Luo. D’ici à là, je te souhaite une bonne chance à la présidentielle et du courage face à la crise économique, si tu gagnais bien sur

        Je ne saurais terminer ma lettre, comme il est de tradition en Afrique quand on écrit à un cousin qui a réussi en Afrique ou en Occident, sans te demander une faveur. Nous autres Africains, nous adorons les faveurs. Nous préférons le favoritisme à la méritocratie. Même moi, je suis incorrigiblement africain, tu vois…! Mais ma faveur est simple: si tu es réélu à la présidence des Etats-Unis d’Amérique, je te demanderais de ne plus recevoir aux Etats-Unis d’Amérique tous les chefs d’Etat africains qui ne seront pas élus de façon transparente. Je ne dis pas démocratique, parce que dans démocratie, chaque chef d’Etat africain y met ce qu’il veut. En effet, à devenir de moins en moins regardant comme la Chine dans la gouvernance démocratique de nos pays, l’aide des démocraties occidentales à l’Afrique ne servirait à rien. Dont acte !

Marcus Boni Teiga

PS: Avec cette lettre, je sais que personne ne pourra dorénavant s’arroger la paternité de la découverte de la signification du nom Obama. Autre chose, je viens d’apprendre que tu serais favorable au mariage homosexuel. Je ne te ferai pas un dessin là-dessus ici en Afrique, mais je suis sûr que nos ancêtres les Luo vont se retourner dans leurs tombes en apprenant la nouvelle.



16/05/2012
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