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LE FRANC CFA : UN ANACHRONISME COLONIAL.


La France perpétue une politique néocoloniale et prédatrice vis-à-vis des néocolonies de son « pré carré africain ». A l’évidence sans ces dernières la France ne saurait faire le poids sur la « scène internationale ». Non seulement l’Afrique lui procure l’indépendance énergétique, mais elle y tire également sa vigueur économique.



Des liasses des billets de francs CFA.


Pour ce faire, le « franc CFA (franc des colonies françaises d’Afrique) » a été conçue et imposée depuis 1945 à 14 colonies pour le profit de la France principalement. Le « franc CFA » est non seulement le seul système monétaire colonial au monde ayant survécu à la décolonisation, mais il est surtout le pilier par excellence du pacte colonial, d’autant qu’il permet à la France de contrôler et de piller les économies des États faisant partie de cette « zone monétaire ». Il convient de signaler que l’une des clauses de ce pacte réside dans la centralisation des réserves de change. En effet, en contre partie de la convertibilité illimitée garantie par la France, les banques centrales africaines s'engagent à déposer au moins 65% de leurs réserves de change auprès du « Trésor français », sur des comptes portant le doux nom de « Comptes d'opérations ». Imaginez-vous, 65% des avoirs (masse conséquente d’argent) de nos pays déposés chaque année dans un compte logé à l'étranger, alors que des infrastructures de base (hôpitaux, écoles, routes…) attendent d’être construites. A cela s’ajoute le fait qu’une bonne partie de la ponction, non moins importante, relative aux détournements des deniers publics opérés par les dirigeants africains finit dans des « banques françaises ».

Notons que ces États africains, une fois confrontés à des soucis de trésorerie, se tournent naturellement vers la France pour des prêts. Des prêts qu’elle leur accorde volontiers en puisant dans ces mêmes comptes d'opérations. Bien évidemment, le remboursement de ces prêts est soumis à des taux d’intérêt colossaux. Les congolais et toutes les populations de la « zone CFA » sont volés pour ainsi dire par un jeu monétaire subtil mais diaboliquement efficace de la France. On ne saurait hésiter de voir en un tel système l’incarnation achevée d’un néocolonialisme négrophobe.

On est face à un mécanisme de spoliation et d’asservissement financier pompeusement estampillé « légal ». Par ce système inique et pervers la France exploite plus que doublement les Africains. C’est ici le comble d’une Afrique à la fois riche, paupérisée et réduite en mendiante ! En somme, les Africains ploient sous le joug d'une servitude financière. A cela s’ajoute le pillage de nos matières premières. La France prospère allègrement sur le terreau de la misère des Africains et contribue ipso facto au développement du sous-développement. On ne le dira jamais assez la prétendue « douce » France et droit de l’hommiste est en partie responsable de la misère et de la pauvreté chroniques imposées aux Africains. A quand la fin de cette exploitation éhontée et de la domination impérialiste ? Ce siphonnage de l’argent des Africains est tel que, étranglés par une misère épouvantable, ces derniers émigrent en masse à l’étranger, notamment en France. Mais paradoxalement ici, ils ne sont guère les bienvenus, car taxés d’envahisseurs indésirables qui arrachent le pain de la bouche des français. De par cette attitude incongrue et xénophobe, les français ne joueraient-ils pas les vierges effarouchées ?

De ce qui précède, la preuve indéniable nous vient des aveux sans ambiguïté de Jacques Chirac dans un entretien télévisé : « Une grande partie de l'argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l'exploitation depuis des siècles de l'Afrique ». De terribles révélations qui reposent le débat sur l’existence du « franc CFA » et l'indépendance monétaire voire économique des anciennes colonies françaises d'Afrique. « Il faut avoir un petit peu de bon sens, (...) de justice pour rendre aux Africains ce qu'on leur a pris d'autant que c'est nécessaire si l'on veut éviter les pires convulsions ou difficultés avec les conséquences politiques que cela comporte », avait-t-il confessé.

La France perpétue sans état d’âme une politique d’exploitation financière et de mainmise sur les matières premières de l'Afrique. C’est pourquoi tous ceux des leaders nationalistes africains qui osent remettre en cause le statu quo (l’ordre néo-colonial) sont souvent évincés du pouvoir quand ils ne sont simplement réduits au silence. C’est ainsi que Sylvanus Olympio, premier président du Togo, sur le point de créer une nouvelle monnaie pour son pays, est assassiné le 1963 des suites d’un coup d’État commandité par la France. Thomas Sankara, après avoir compris le système pervers d’exploitation mis en place par les anciennes puissances coloniales, en vint à conclure que celles ci devaient beaucoup plus les États africains, et par conséquent incitait les dirigeants du tiers-monde à ne pas honorer la lourde dette financière dont ils sont redevables vis-à-vis des pays occidentaux. Le France ayant estimé qu’il était trop dérangeant lui fit subir une fin tragique en 1987. Dans les années 70, « Elf-Congo » amorce l’exploitation du pétrole au Congo-Brazzaville, Marien Ngouabi, un tenant du marxisme-léninisme, se montre très critique vis-à-vis d’une France impérialiste, et est moins enclin à protéger les intérêts de celle-ci. Aussi la France est perçue par d’aucuns comme la main noire ayant commandité son assassinat. Pour avoir fait perdre à la France la gestion effective du pétrole congolais, en 1997 Pascal Lissouba, président démocratiquement élu, est renversé des suites d’un coup d’État sanglant avec bien sûr la complicité de l’« Élysée ». Récemment, lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, face à la stratégie d’asphyxie des banques ivoiriennes initiée par ses adversaires, Laurent Gbagbo a envisagé de quitter le « franc CFA » et créer une monnaie autonome. Ceci aura été la vexation de trop pour laquelle il s’est attiré davantage les foudres de la France au point de manquer in extremis la mort. Non contente de l’avoir arrêté et confié aux mains des « FRCI », la France a fomenté son enlèvement et sa déportation à la « CPI » de la Haye (Pays Bas), et ce en violation flagrante de la procédure judiciaire. Il y a cependant lieu de déplorer la subordination ou du moins servilité aveugle de certains hommes politiques africains à l’endroit de la France. Ce qui les pousse à éliminer leurs compatriotes au nom des intérêts d’une puissance néocoloniale. La France profite sans complexe de la félonie des autocrates et autres potentats notoires qu’elle a hissé à la tête des États de son « pré carré » !


VIDÉO : AVEU DE JACQUES CHIRAC, « UNE GRANDE PARTIE DE NOTRE ARGENT VIENT DE L'AFRIQUE ».


En somme, on retiendra que la France rechigne quant à la pleine émancipation des Africains et leur refuse obstinément le droit à la souveraineté monétaire par le maintien d’un anachronisme colonial qu’est le « franc CFA ». C’est pourquoi il sied d’affirmer que la décolonisation est un processus inachevé dans ce sens que la prédation financière et économique du continent est toujours en vigueur et que la domination politique, militaire, culturelle de la puissance néocoloniale se poursuit. On ne saurait indéfiniment transiger avec la prédation encore moins de se complaire d’une pseudo indépendance! Il est donc impérieux pour les Africains de s’unir et ensemble de se battre en vue de la libération effective du carcan de l’asservissement sinon du joug néocolonial, car l’indépendance nominale octroyée n’est en réalité qu’une autonomie. La véritable indépendance, à laquelle nous aspirons, ne s’acquerra, que de haute lutte. Il appert cependant que l’indépendance est une valeur qui vaut la peine qu’on se batte et qu’on se sacrifie pour elle. C’est pourquoi il convient d’avoir présent à l’esprit que de toutes les libertés humaines, la plus sacrée est l’indépendance de la patrie.


René Mavoungo Pambou
Membre de « Unis Pour le Congo (UPC) »



19/02/2012
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