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LA TRAITE DES NOIRS

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ATTENTION : La traite des Noirs est un sujet difficile, car il parle du commerce d’hommes, de femmes et d’enfants. L’article qui suit peut choquer certains lecteurs ; il doit être abordé avec précaution.

 

La traite des Noirs, pratiquée par les colons européens entre la fin du xve et le xixe siècle, désigne la déportation massive d’Africains vers le continent américain, où ils ont été utilisés comme esclaves. Ce trafic humain a été appelé « commerce triangulaire » (en référence aux trois continents touchés : Europe, Afrique, Amérique), voire « commerce du bois d’ébène » (en référence à la couleur de peau des esclaves africains).

LA TRAITE DES NOIRS EST UNE PRATIQUE ÉCONOMIQUE RACISTE

Au milieu du xve siècle, les marins du Portugal atteignent les côtes de l’Afrique occidentale. Percevant les Africains qu’ils rencontrent comme une main-d’œuvre gratuite pour leurs plantations de sucre des îles Canaries (des îles situées au large du Portugal, dans l’océan Atlantique), les Portugais commencent à les enlever pour en faire leurs esclaves.

Puis, lorsque le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre et la France fondent des colonies dans le Nouveau Monde qu’ils viennent de découvrir (le continent américain), ils y installent de grandes plantations de sucre, café, riz, tabac et coton. Pour planter, cultiver et récolter, les colons européens décident d’embarquer des milliers d’Africains vers les Amériques pour en faire une main-d’œuvre gratuite, des esclaves. Cette traite des Noirs devient progressivement officielle dans toute l’Europe : par exemple, le roi Louis XIV fait publier en 1685 le « Code noir », qui règlemente le traitement des esclaves dans les colonies françaises.

LES TROIS ÉTAPES DU COMMERCE TRIANGULAIRE

Les besoins de main-d’œuvre ne cessant d’augmenter dans les colonies d’Amérique, le commerce des esclaves africains prend de l’envergure au cours du xviie siècle, et connaît son apogée au siècle suivant. La traite des Noirs s’inscrit ainsi dans un vaste commerce de vente et d’achat de marchandises entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. On appelle communément « commerce triangulaire » ce commerce des esclaves, parce que les trois étapes du trafic (l’Europe, l’Afrique et l’Amérique) figurent les trois côtés d’un triangle.

1re étape : en Europe

Dans les grands ports européens — tels que Nantes (le premier port négrier d’Europe), La Rochelle et Le Havre en France, ou Londres, Bristol et Liverpool au Royaume-Uni —, des navires sont chargés de marchandises : pistolets, poudre, verreries, alcool, tissus, etc. Une fois remplis, ils prennent la mer en direction des côtes de l’Afrique occidentale.

2e étape : en Afrique

Lorsque les navires arrivent dans les comptoirs que les Européens ont fondés le long de la côte africaine occidentale (dont une partie est d’ailleurs baptisée « côte des Esclaves »), les marchandises en provenance d’Europe sont échangées contre des hommes, des femmes et des enfants africains.

Ceux-ci, souvent originaires d’Afrique centrale, ont été capturés par des tribus africaines spécialisées dans ce commerce, ou par des Arabes, qui pratiquent ce trafic humain depuis longtemps. Les négriers européens stockent ces être humains qu’ils viennent d’acheter (comme n’importe quelle marchandise), avant de les charger dans les cales des navires.

3e étape : en Amérique

Selon son pavillon, le navire négrier met le cap vers le Brésil (colonie portugaise, jusqu’à son indépendance en 1822), les îles des Caraïbes (les Antilles françaises, mais aussi les colonies britanniques comme la Jamaïque) ou les côtes de l’Amérique du Nord (colonies britanniques jusqu’en 1776). La traversée de l’océan Atlantique dure en moyenne entre un et trois mois. Les conditions de voyage sont épouvantables pour les captifs, enchaînés et entassés dans les cales obscures. En moyenne, 15 % d’entre eux meurent au cours du trajet. Lorsque le navire négrier rejoint son port américain (comme celui de Rio de Janeiro, au Brésil, le plus grand port négrier au monde), les Africains déportés sont vendus sur des marchés aux esclaves, notamment aux propriétaires de plantation.

Vidés, les bateaux sont alors chargés de tabac, coton, sucre, rhum, etc., issus des plantations esclavagistes. Les navires reprennent la mer pour la dernière étape de leur voyage. Lorsqu’ils rejoignent les ports européens, ils vendent leur dernière cargaison. Peut alors commencer un nouveau cycle de ce commerce triangulaire.

Pratiqué entre la fin du xve et le xixe siècle, le commerce triangulaire a touché au minimum entre 12 et 15 millions d’Africains. À son apogée, dans les années 1780, environ 80 000 esclaves sont embarqués de force tous les ans.

LES CONDITIONS DE VIE DES ESCLAVES EN AMÉRIQUE

En Amérique, leur destination finale, les esclaves africains ont des conditions de vie extrêmement difficiles. Arrachés à leur pays, à leur culture, à leur famille, ils n’ont aucun droit et dépendent totalement de leurs maîtres, qui peuvent en disposer comme s’il s’agissait d’objets. Ils ne perçoivent aucun salaire, et sont seulement logés et nourris. Les familles déportées sont dispersées, en fonction des ventes d’esclaves.

La plupart des esclaves sont contraints de travailler, de l’aube à la nuit, dans les domaines agricoles des colons blancs : plantations de canne à sucre, plantations de café, mines, champs de coton ou de cacao, industries textiles, etc. Mais tous les esclaves ne sont pas des ouvriers agricoles. Certains travaillent dans la demeure de leurs propriétaires : les femmes pour les travaux intérieurs (ménage et cuisine) et les hommes pour des travaux domestiques divers. Quelques-uns travaillent dans les magasins de leurs maîtres. Les conditions de vie de ces esclaves sont moins pénibles physiquement que celles des ouvriers des plantations. Ils n’en demeurent pas moins la propriété de leur maître.

LA SUPPRESSION DE LA TRAITE DES NOIRS

À partir du xviiie siècle, la traite des Noirs et leur esclavage commencent à faire l’objet de critiques : des communautés chrétiennes jugent la pratique du trafic humain contraire aux lois de Dieu ; des esclaves affranchis par leur maître (c’est-à-dire libérés) décrivent les souffrances qu’ils ont endurées ; certains économistes tentent, en outre, de faire passer l’idée qu’un ouvrier rémunéré est plus motivé pour travailler qu’un esclave (non payé). De fait, l’idée de l’abolition de l’esclavage se propage en Europe, notamment par le biais des philosophes des Lumières.

Le Danemark est le premier pays européen à voter une loi contre la traite des Noirs, en 1792. Il est suivi par la France (un décret révolutionnaire de 1794, mais qui n’a jamais été appliqué) et le Royaume-Uni en 1807. Cependant, la pratique de l’esclavage subsiste dans les colonies britanniques jusqu’en 1833 ; et il faut attendre 1848 pour que les esclaves français recouvrent leur liberté (1863 pour les esclaves hollandais). Au Brésil, l’esclavage n’est aboli qu’en 1888.

Dans les États du Nord des États-Unis, l’importation de nouveaux esclaves est abolie en 1808. Cependant, dans les États du Sud, où l’économie repose sur les plantations du coton, les grands propriétaires restent farouchement esclavagistes. Le désaccord entre les États du Nord et ceux du Sud mène à la guerre civile, appelée la guerre de Sécession (entre 1861 et 1865). La victoire du Nord, antiesclavagiste, rend l’esclavage illégal ; c’est le 13e amendement de la Constitution américaine.

Malgré toutes ces lois, la traite des Noirs s’est toutefois poursuivie un temps dans la clandestinité.

 

 

 

 

 



26/01/2014
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