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La semaine africaine de François Hollande

 

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    François Hollande en compagnie du président le Guinéen, Alpha Condé, lundi, au palais de l'Élysée.
    François Hollande en compagnie du président le Guinéen, Alpha Condé, lundi, au palais de l'Élysée.
  • Le président français reçoit trois de ses homologues et dévoile sa politique à l'égard du continent noir.
  • Après l'Europe, François Hollande enchaîne avec une semaine africaine. En cinq jours, le président français aura reçu trois de ses homologues du continent noir. D'abord, lundi, le Guinéen Alpha Condé, puis jeudi et vendredi, le Gabonais Ali Bongo et le Sénégalais Macky Sall.

    À ces entretiens à l'Élysée, s'ajouteront deux conversations téléphoniques, avec le Tchadien Idriss Déby et le Burkinabé Blaise Compaoré. Pour François Hollande, que l'on dit peu versé dans les affaires africaines, un continent où il ne s'est jamais rendu - si ce n'est en Algérie lors d'un stage à l'ENA -, c'est l'occasion de dévoiler la politique que la France entend désormais mener vis-à-vis de l'Afrique.

    Pour l'heure, comme sur d'autres dossiers de politique étrangère, le président n'a pas dit grand-chose. Il a seulement promis de rompre avec la «Françafrique» et les réseaux parallèles. Mais cette rupture avec un passé parfois trouble, souvent annoncée, notamment par François Mitterrand et Nicolas Sarkosy, ne s'est jamais totalement concrétisée.

    Lever un coin du voile

    Que Boni Yayi ait été le premier chef d'État africain reçu à l'Élysée permet de lever un coin du voile. Le président béninois, démocratiquement élu, est aussi le président en titre de l'Union africaine. «Une façon de montrer notre intention de travailler avec les organisations régionales», souligne-t-on à l'Élysée. À cette occasion François Hollande avait posé les «trois principes» qui guideront sa politique: «D'abord la bonne gouvernance, c'est-à-dire le développement de la démocratie partout en Afrique», complétée par un «pacte de croissance et de développement», dans le cadre de la «stabilité» et de la «sécurité» du continent

    La mise en place des équipes a donné un autre signe. La «cellule Afrique» n'existe plus, a annoncé l'Élysée. La «Mme Afrique», Hélène Le Gall, une diplomate de carrière spécialiste du continent et son adjoint, Thomas Melonio, un ancien du PS, proche de Pierre Moscovici, dépendent en effet du conseiller diplomatique Paul Jean-Ortiz et non plus directement du président. En pratique, c'est surtout un effet d'annonce car cette organisation était déjà en place sous Nicolas Sarkozy. Surtout, Hélène Le Gall a gardé le célèbre bureau du 2, rue de l'Élysée.

    «La différence tient dans la méthode de travail. Il y a des lignes claires et le Quai d'Orsay va reprendre toute sa place», insiste un conseiller, un coup de patte à l'ancien secrétaire général de l'Élysée, claude Guérant qui intervenait régulièrement dans les dossiers africains.

    Le test de Kinshasa

    Hélène Le Gall ne devrait pas discuter directement avec les présidents africains comme le faisaient ses prédécesseurs. «Nous allons traiter l'Afrique comme nos autres partenaires», dit-on à la présidence. Reste que dans l'ancien «pré carré de la France», cette «normalité» n'est jamais simple. En son temps, Lionel Jospin avait théorisé cette relation particulière dans une formule: «Ni indifférence ni interférence». Le slogan n'a pas permis à Paris de sortir du piège africain, ni d'être régulièrement accusé de l'une ou de l'autre, voire des deux.

    Les entretiens de cette semaine devraient permettre d'imprimer une marque sur deux dossiers chauds. D'abord le Mali aux prises avec les islamistes. Ensuite le sommet de francophonie prévu en octobre à Kinshasa. Pour l'instant, François Hollande n'a toujours pas annoncé s'il compte se rendre au Congo, après la réélection très contesté du président Joseph Kabila en décembre et les accusations régulières de violation des droits de l'homme dans ce pays. Le président hésite toujours et a suspendu sa participation à des avancées notables dans l'organisation des scrutins à venir et dans la justice. Sa venue ou non à Kinshasa, mais aussi les conditions dans laquelle elle se ferait, pourrait être l'élément fondateur de la future politique africaine de la France.


    La France prudente sur une intervention au Mali

    Le coup d'État au Mali et les rébellions islamistes qui occupent le nord du pays sont, pour Paris, la première urgence africaine. Officiellement, la crise est gérée par les instances ouest-africaines. Dans les faits, nul n'ignore que l'implication des États voisins, comme la Mauritanie et l'Algérie, mais aussi des Occidentaux, à commencer par la France, est indispensable. Une intervention militaire africaine au Mali, souhaitée par bien des pays du continent, ne pourrait se faire sans un soutien logistique extérieur.

    Pour l'heure, Paris, comme Washington, se montre prudent et réservé face à cette solution. Dans la semaine, la France pourrait soutenir devant le conseil de securité de l'ONU une résolution autorisant l'usage de la force, mais en dernier recours. La France veut continuer à croire à une solution par la négociation. «Il est de toute façon très difficile d'imaginer une intervention au Mali sans demande d'un gouvernement malien solide», souligne un diplomate.



04/07/2012
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