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Dévaluation : NON au plan technique, à court terme, mais possible au plan politique:La crise n’est pas terminée selon Nicolas Sarkozy


 

 

 

Il faut faire participer la finance à la réparation des dégâts qu’elle a provoqués. C’est une question d’efficacité. C’est une question de justice. C’est une question de morale. La taxe sur les transactions financières doit être mise en œuvre. Mon devoir est de faire face et de vous protéger. Vous pouvez être sûrs que j’assumerai jusqu’au bout et en totalité, les lourdes responsabilités que vous m’avez confiées et que je n’aurai de cesse d’agir au nom de l’intérêt général. Chacun devra prendre ses responsabilités, c’est pourquoi j’appelle tous les décideurs des entreprises et de l’économie à tout faire pour préserver l’emploi. J’appelle tous les acteurs des services publics à redoubler de prévenance pour tous ceux qui ont besoin de notre solidarité.

Mes chers compatriotes,

J’ai confiance dans les forces de la France. Je suis certain du chemin qu’il nous faut suivre. A vous, à tous ceux qui vous sont chers, à nos soldats qui risquent leur vie hors de nos frontières, à leurs familles qui vivent dans l’anxiété et à tous ceux qui dans le monde luttent pour la liberté, j’adresse ce soir tous mes vœux de bonheur pour la nouvelle année.

Bonne année à tous.

Vive la République !

Et vive la France !

Débat autour de la dévaluation du Fcfa sur Rfi : "Fantasme monétaire" ou crainte économique ?

La nouvelle s’est répandue telle une traînée de poudre. Depuis novembre dernier, la rumeur d’une éventuelle dévaluation en 2012 s’enfle dans les pays africains qui ont pour monnaie le Fcfa. Cette dévaluation est elle inévitable ? Serait-elle une bonne ou une mauvaise option pour ces pays de la zone Franc ?

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Sanu Mbaye, économiste et ancien fonctionnaire de la Bad et Lionel Zinsou, économiste et Président du Fonds d’investissement PI Parteners

La rumeur de la dévaluation du Fcfa est née de la crise de la dette qui gagne de plus en plus les pays de la zone euro. Elle a pris corps dans le sillage de la plus grave crise en Europe depuis 1945 selon la Chancelière allemande Angela Merkel. Certains l’annonçaient pour le 1er janvier, mais elle n’a pas eu lieu. Mais des questions restent posées : l’Euro et le Franc Cfa font-il bon ménage ? Cette dévaluation est-elle inéluctable ? En quoi constituerait-elle une onde de choc pour les économies de la zone franc ? A quoi sert cette zone franc ? Quelle politique monétaire faut-il adopter ? Faut-il abandonner la parité fixe avec l’Euro ? Deux économistes ont dans une certaine relativité, apporté des réponses claires à ces interrogations mardi dernier sur les antennes de Radio France Internationale (Rfi). Il s’agit de Sanu Mbaye., économiste et ancien fonctionnaire de la Banque Africaine de Développement (Bad) et de Lionel Zinsou, économiste et Président du Fonds d’investissement PI Parteners. Pour ce dernier, la dévaluation du franc Cfa n’est pas une issue crédible mais plutôt inquiétante. "Ce n’est pas une issue souhaitable. Si elle devrait se produire, ce serait inquiétant parce que ça appauvrirait les populations", s’indigne-t-il. Selon ses explications, une monnaie sert à importer. Mais quand on a une monnaie forte comme le Franc Cfa, qui est forte parce qu’il est relié à l’Euro, cela permet d’alléger pour les pays détenteurs les factures pétrolières, les factures d’importation ou d’alimentation et celles des produits manufacturiers. Par conséquent, "si on devrait dévaluer le Franc Cfa, toutes ces factures deviendront plus chères et concrètement, le bien-être des populations s’en trouverait affecté…Si on voit la composition des exportations de la zone franc où il y a beaucoup de matières premières, il n’est pas vrai qu’il y ait une élasticité qui fasse que si les prix baissent, on pourrait vendre beaucoup plus.", ajoute-t-il. La dévaluation n’est donc pas opportune pour les pays de la zone Franc. Mais au fond, à quoi sert une dévaluation ? Pour Sanu Mbaye, elle est un outil que la France a utilisé 14 fois depuis 1945 pour aligner son économie à celle allemande. "Donc on dévalue pour gagner en compétitivité, pour exporter plus. Mais cet instrument est opportun quand on a une base manufacturière assez importante. Pour des pays qui dépendent encore des matières premières de l’agriculture, c’est problématique", a-t-il expliqué.

La dévaluation n’est pas opportune

Le Franc Cfa a été dévalué pour la dernière fois en 1994. Mais quand on regarde les indicateurs externes, ces pays ne sont ni surendettés, ni menacés par la récession même si les taux de croissance dans la zone franc sont assez anémiques. "Il n’y a alors aucune raison de penser dévaluation en terme rationnel", souligne l’ancien fonctionnaire de la Bad. Encore que les raisons qui ont justifié la dévaluation de 1994 ne sont pas les mêmes que celles d’aujourd’hui. Si cette année, une éventuelle dévaluation répondait à une logique économique, celle de 1994 s’est révélée plutôt politique. Parce que malgré tous les avantages en termes de convertibilité ou de transferts de capitaux que la France tirait du franc Cfa, elle disait que 1,6% de sa masse monétaire a été utilisé pour le fonctionnement de cette monnaie. "La France n’a aucun intérêt à une dévaluation du franc Cfa, ni économiquement, ni politiquement. C’est du fantasme monétaire", déclare Lionel Zinsou. D’aucune manière, la dévaluation ne changera rien à la situation actuelle de la France. Cela veut dire que l’apport en termes de compétitivité pour les économies concernées serait très faible alors que l’appauvrissement serait réel. "Il y a une illusion de penser qu’avec une monnaie faible ou dévaluée, on exporterait mieux. C’est vrai quand on a certains types d’exportation qui sont élastiques aux prix, quand on peut gagner des parts de marchés. Par exemple quand on a des exportations industrielles. Mais en Afrique, on n’a pas tellement d’exportations industrielles, mais essentiellement des matières premières. On a très peu de bien-être dégagé par une baisse des exportations et pas de compétitivité. Notre compétitivité dans la zone franc se joue ailleurs. Elle se joue par plus de qualité, plus de formation, plus de productivité et donc plus d’investissement et non pas en affaiblissant la monnaie…La compétitivité ne se décide pas en faisant baissez sa monnaie. Quand vous baissez votre monnaie, tout ce que vous importer devient plus cher et par conséquent vous avez une grande partie de vos coûts qui s’élève. Encore qu’on n’a aucune preuve empirique que la dévaluation de 1994 a aidé les pays africains", explique-t-il. A cela, Sanu Mbaye reprécise : "On ne doit pas parler de la dévaluation de la zone franc, ce dont on doit parler, ce sont les réformes dans la zone". Et pour lui, ces réformes doivent concerner les trois déficiences structurelles de cette zone. Il s’agit de la libre convertibilité ou transferabilité, du taux de change toujours fixe et du manque d’intégration entre les pays de la zone.

Réformes dans la zone franc ou non

Des réformes oui. Mais Lionel Zinsou estime qu’avec le Fcfa qui a une dimension relativement limitée, il faut être prudent. Car le Franc Cfa représente seulement 4% de la masse monétaire de la zone euro. Il propose alors la recherche d’une parité assez stable avec les partenaires de l’échange. "Ou on appartient à la zone euro, ou on se rattache à la zone dollar en disant que nos matières premières seront fixés en dollar. Parce que nous ne pouvons pas vivre isolés dans un monde où il est préférable pour nos économies d’avoir un rapport avec les partenaires de l’échange", dit-il. Ce que balaie du revers de la main Sanu Mbaye. Pour lui, pendant longtemps, la masse monétaire Cfa était quasiment limitée aux échanges avec la France. Mais avec la mondialisation, les échanges s’ouvrent. "Ce qu’il faut, c’est en matière de parité, il faut arrimer le Cfa à un panier de devise. Mais les paniers de devise, on ne les choisit pas comme ça, c’est en rapport aux échanges. Et là, il y aura l’Euro forcément, le dollar, le Yuan et bien d’autres", propose-t-il. "Seulement 40% des produits manufacturés viennent de l’Euro zone et par conséquent autant prendre la zone monétaire avec laquelle on a le plus d’échange. Alors qu’aujourd’hui on est plus logiquement dans la zone euro que dans la zone dollar", réplique Lionel Zinsou. En somme, le débat sur une éventuelle dévaluation continue avec la question sur le ménage entre le Cfa et l’Euro.

Approché en tant qu’économiste sur la question de la crise de la dette de l’Euro et la dévaluation, Olivier Manlan, Conseiller économique principal du Pnud-Bénin répond sans engager la structure pour laquelle il travaille. Pour lui, la crise de l’Euro offre l’occasion à l’Afrique de se poser les vraies questions sur son rôle dans un monde en perpétuel développement. Même si à court terme, les données techniques ne confortent pas l’idée d’une dévaluation du Fcfa, les considérations politiques ne sont pas à négliger, d’autant qu’en 1994, elles ont été déterminantes non seulement pour le principe de dévaluer, mais aussi pour le niveau de dévaluation… Mais qu’il y ait dévaluation ou non, les Etats doivent faire et de façon courageuse les réformes structurelles qui s’imposent. Dans ce cas, la dévaluation devient une question secondaire.

Les perspectives sont favorables dans l’espace Uemoa selon les conclusions de la dernière réunion ordinaire des ministres des finances dudit espace qui s’est tenue à Niamey. La réalisation de flux d’investissements directs étrangers importants dans le secteur minier, l’accroissement des investissements publics en infrastructures, le taux de croissance du Pib réel attendu en 2012 à 6,4%, le niveau des réserves de change représentant plus de 6 mois d’importation en fin novembre 2011 et correspondant à un taux de couverture de l’émission monétaire de près de 112%, sont autant de raisons qui justifient cet état de choses. Face à ces données techniques, Olivier Manlan affirme qu’une dévaluation ne serait pas opportune. " On fait la dévaluation quand les économies sont durablement déficitaires avec des déséquilibres internes et externes durablement profonds" a-t-il dit. Alors que nos économies en Afrique en général et dans l’espace Uemoa en particulier, ne présentent plus le même tableau que celui des années 94, où coexistaient des déséquilibres internes (déficits publics) et externes (déficit balance des paiements) importants.

La zone Franc est d’abord politique avant d’être économique

La dévaluation, selon Olivier Manlan, a été dans les années 94 politique. " Même s’il y avait des problèmes économiques, c’est une décision politique, particulièrement sur la décision, le timing et l’ampleur " ajoute-t-il. Il précise que sur le plan politique, nous sommes liés à la France par cette monnaie, qui garantit cette monnaie à travers les accords du compte d’opération avec le Trésor public. Et la zone franc est d’abord politique avant d’être économique et monétaire. Donc, si un jour la France décidait, qu’au regard de sa propre situation, cela lui coûtait trop cher de garantir la convertibilité de cette monnaie, elle pourrait rentrer en négociation politique avec nos pays, pour réduire son exposition. Pour revenir sur les aspects économiques, les Etats ont su, aujourd’hui, selon ses propos, travailler à une maîtrise plus importante de la gestion des finances publiques ( leur budget, etc.), et entamer un certain nombre de réformes économiques. Mieux, la Côte d’Ivoire qui représente une part économique importante de la zone, ainsi que les autres pays, présentent selon lui, des perspectives économiques positives (cf. les 6.4% de croissance attendus en 2012). Il serait donc peu réaliste de dévaluer dans une zone monétaire avec un taux de croissance comme celui de l’Uemoa, sauf pour des raisons de dévaluation compétitive, que nous ne pourrions réaliser sans consulter la France, notre principal partenaire monétaire, et avec qui les pays de la zone commercent aussi.

Des économies impréparées

Néanmoins, toutes ces croissances économiques observées dans ces pays reposent assez peu sur une diversification économique, un tissu industriel ou de PME/PMI, et génèrent peu de compétitivité structurelle. De ce fait, elles ne peuvent résister durablement aux chocs, sans l’aide des partenaires, qui en dépit de la crise, indiquent qu’ils vont continuer d’honorer les engagements signés depuis des années. Mais, en observant de plus près le FMI intervenir dans de " vieux pays " d’Europe qui sont capables de financer leurs dépenses courantes, comme l’Italie par exemple qui dispose d’un excédent primaire au niveau de ses comptes publics, l’économiste s’interroge. Car, face à la crise, les Etats ne sont pas restés sans réaction, et le débat sur la diminution ou non de l’aide des partenaires techniques et financiers dans la plupart de ces pays est bien posé.

Le pire, observe M. Manlan, est que nos économies ne sont pas diversifiées, elles ont des marchés atrophiés bien que les échanges augmentent. Ainsi, elles sont faibles avec une réorientation sur les pays émergents qui n’est pas encore assez forte. Aussi, les besoins socio économiques et d’infrastructures sont très importants. Il appelle à penser à d’autres solutions même si les impacts de la crise sont réels et à faire de la retenue par rapport à la dévaluation.

Pour lui, il faut que les gouvernants aient le courage de faire des réformes structurelles profondes. En d’autres termes, il ne faut pas continuer à encourager l’informel, l’inorganisation, y compris de l’administration, puisque cela fragilise l’économie au point où l’Etat n’a pas suffisamment de recettes. En somme, Olivier Manlan retient qu’il y ait dévaluation ou pas, la première chose à faire est d’organiser nos économies, de faire les réformes structurelles (institutionnelles, administratives, et socioéconomiques, etc.) nécessaires pour mettre nos économies en forme.

Au Bénin, il estime qu’il y a lieu d’accélérer les réformes à faire. Sur le plan administratif, il note qu’on est passé d’une administration centralisée de type marxiste à une administration décentralisée, sans que les mentalités et les processus et procédures de travail n’aient évolué, d’où la réforme, entre autres, des mentalités. Comme on le dit souvent " On faisait semblant de travailler et les autres faisaient semblant de payer les salaires " déclare-t-il. Pour lui, aucun pays ne s’est développé sans travailler, sans respecter ou faire respecter les règles qu’il s’est données ou qu’il a adoptées. Il continue : " L’aide extérieure, c’est bien. Mais ce ne sont pas les bailleurs de fonds qui développent un pays. Cela ne s’est vu nulle part dans le monde. L’on peut dire ou penser tout ce qu’on veut, mais aucune aide, sans travail, sans appropriation, n’a jamais développé un pays ". Le développement passe donc d’abord, à l’en croire, par l’organisation du travail des citoyens du pays.. Selon lui, il faut avoir un leadership pour dire " voici ce que je veux réaliser, je mets en place ceci pour y arriver, et je voudrais en cela, que vous m’aidiez à faire ou mieux faire ceci ou cela ". Alors, il appelle à travailler sur les réformes, les accélérer et les faire de manière inclusive, créer beaucoup d’écoles professionnelles pour le savoir-faire, commercer plus avec les pays émergents tout en le faisant sérieusement avec les pays traditionnels qui ont, quoiqu’on dise, une expérience et une expertise avérées.

Faire des réformes courageuses

Dans cet environnement socioéconomique incertain où même les pays développés " se cherchent ", quand on sait que l’Uemoa a la chance d’avoir une monnaie commune, outre la consolidation politique, la question de savoir quel schéma de convertibilité (arrimage à l’euro ou à un panier de devises des principaux pays avec lesquels nos pays commercent) serait structurellement plus optimal pour accompagner durablement la croissance de nos pays, se pose. Et, la crise de l’euro offre l’occasion, selon lui, de faire le débat et d’en discuter franchement. Toute analyse faite par l’économiste, la crise de l’Euro est une opportunité pour l’Afrique de l’Ouest de se prendre en charge, et d’approfondir de manière plus réaliste, équilibrée, et moins émotionnelle, aussi bien les relations avec ses partenaires traditionnels et émergents, que l’intégration politico-économique, et les échanges (institutionnels, économiques, etc.) sud-sud. Car si les pays comme la France, l’Italie, la Grèce ont de sérieux problèmes économiques et financiers liés à leurs dettes publiques, donc à leur gestion publique alors qu’ils sont développés (mesures d’austérité), si les pays qui garantissent notre monnaie ont des difficultés, on doit anticiper pour réfléchir sur la manière de se prendre en charge par rapport au futur, et trouver dans la mesure du possible le schéma de développement qui devra nous permettre d’utiliser au mieux notre zone monétaire pour créer durablement de la richesse, réinvestir durablement la majeure partie de cette richesse dans nos économies, et faire du développement humain soutenable une réalité. Devant cette problématique, la dévaluation devient pour M. Manlan, une question secondaire, pour ne pas dire mineure.

Arrimé à l’Euro, le Fcfa doit être dévalué ou non ? Pour mieux en savoir sur le sujet, nous nous sommes rapprochés de l’ancien directeur de la Bceao-Bénin et actuel président du conseil d’administration de la Sgbe, Gilbert Medje. La dévaluation, explique-t-il n’est pas un fétichisme, c’est un instrument qu’on peut manipuler. Mais d’après son analyse, on retient qu’on ne peut pas dévaluer une monnaie pour le plaisir de la dévaluer.

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Gilbert Mèdjè, président du conseil d’administration de la Sgbe

L’Europe est en train de traverser une crise de la dette. Y a-t-il des risques à craindre une dévaluation en Afrique ?

En fait, tel que nous sommes arrimés maintenant, la crise est en Europe. Dévaluer, pour nous ça signifie prendre des mesures d’ajustement monétaire pour rétablir l’équilibre dans notre économie. La monnaie est un instrument qui convient à cela. En économie, il y a des instruments de politique économique et il y a des instruments de politique monétaire. Les deux vont ensemble. Pour l’instant, c’est l’Europe qui est en crise. Une crise grave de la dette qui touche un certain nombre de pays qui sont dans l’union européenne et qui n’arrivent plus à rembourser leurs dettes. Donc, ils sont endettés à des niveaux qui dépassent la normale et s’endettent sur le marché à un taux trop élevé. Si l’Europe laisse faire, c’est toute l’Europe qui sera contaminée et ils seront prêts à prendre des mesures d’ajustement structurel, économique et monétaire pour rétablir l’équilibre de leur économie. C’est ça la dévaluation. Donc, l’Euro va être dévalué par rapport au dollar. Et si l’Euro est dévalué, et que nous sommes arrimés à l’euro, forcément cela aura une conséquence sur la valeur de notre monnaie.

Quel genre de conséquences ?

Les conséquences seront d’abord économiques, sur le volume de notre commerce extérieur. Les importations vont renchérir, même si de manière avantageuse ça augmente la valeur de notre exportation. L’un dans l’autre, nous importons plus que nous n’exportions. Nous aurons un désavantage dans ce domaine. Et si par ailleurs nous n’avons pas d’autres mesures de correction, il y aura un inconvénient. Mais pour le moment, quand on dit dévaluer le Fcfa, par exemple, il faut se demander par rapport à quoi.

Oui et c’est par rapport à quoi ?

Nos économies ne sont pas dans la crise actuelle. Nous l’avons connu au Bénin en 1989 où nous étions presque dans la même situation que la Grèce.

Le Bénin vit la même situation en termes de masse salariale au point où le Fmi nous a plusieurs fois rappelés à l’ordre. Le Fmi a plus que rappelé le Bénin à l’ordre et a dit que la situation budgétaire est insoutenable. Ça veut dire que nous ne pouvons pas trouver de l’argent à prêter pour équilibrer notre budget.

Est-ce à dire que nous sommes comme la Grèce ?

Oui, nous sommes comme la Grèce. Et il faut trouver des pays, des institutions, des banques pour nous prêter de l’argent. Pour cela, il faut faire un programme pour montrer qu’en réajustant notre économie, nous pouvons avoir des ressources pour rembourser ces dettes là. Si nous ne pouvons pas faire cela, nous tendons vers la situation d’impayés. C’est insolvable.

En matière de dévaluation, nous n’avons rien à craindre ?

Tant que nous sommes ensemble dans la même monnaie, les paramètres économiques n’appellent pas encore à la dévaluation. A part la Côte d’Ivoire qui sort d’une guerre qui a eu un financement important, les problèmes de la dette ne se posent pas encore en des termes que je viens de définir. Les autres pays ont des situations d’endettement finançables. Même si au Bénin, ça commence à devenir critique. Parce que dans l’union monétaire, il est établi des règles communes que tout le monde doit respecter. L’une de ces règles est que la masse salariale ne peut pas dépasser 30%. Au Bénin, nous sommes à 45%. Nous sommes en dépassement et si ça continue, nous aurons une dette insoutenable et non finançable. Les autres pays de l’Uemoa vont nous interpeller y compris le Fmi. Le Fmi est en Grèce. Les européens sont sous surveillance comme nous l’avons été de 1989 jusqu’à maintenant.

Comment faire pour que le Bénin revienne à la norme ?

C’est ce que le gouvernement est en train de faire. Il faut réajuster l’économie. Revoir la politique des dépenses et la qualité des recettes en diminuant le niveau des salaires. On ne peut pas continuer d’augmenter les salaires pour la potentialité des recettes que nous avons. A un moment donné, on avait une grande potentialité de recettes. On pouvait augmenter les dépenses. Maintenant, tout a baissé. La douane, les impôts et le trésor ne sont pas au même niveau. Globalement, les recettes diminuent et l’endettement facile qu’on avait diminue également. Il faut arrêter les gabegies, les gaspillages et la corruption qui jouent sur la quantité et la qualité des recettes et autres. Le gouvernement suit tout cela et prévoit les situations pour prendre des mesures. C’est à nous de voir la qualité des dépenses qu’on fait pour assurer un déficit soutenable.

Vous aviez parlé d’une probable dévaluation de l’Euro, quelles sont les précautions que nous devons prendre ?

Si les européens ne règlent pas le problème de la Grèce, ça va contaminer d’autres pays et emporter l’Euro. L’une des mesures est d’exclure la Grèce de l’Euro. On enlève le citron pourri et le reste continue. L’autre mesure est de soigner la Grèce pour qu’elle ne contamine plus les autres pays en lui prêtant de l’argent sous des conditions trop rigoureuses. Donc, ils ont profité pour revoir la qualité de l’euro. La règle d’or maintenant est que toute économie doit être équilibrée. C’est comme dans un ménage, si vous ramenez de l’argent et que tous les mois ça ne suffit pas ; et que c’est un proche à vous qui vous prête de l’argent, à un moment donné, il dira ça suffit. Si vous ne pouvez pas payer, il y a problème. Et c’est pour éviter ces problèmes qu’on est obligé de prendre des mesures de prudence pour respecter l’orthodoxie en matière de gestion budgétaire. La bonne gouvernance budgétaire est le médicament important pour éviter les crises systémiques.

Le Bénin peut-il dormir sur ses lauriers ?

Pas du tout. Le Bénin doit être vigilant. La situation n’est pas si solide que ça au Bénin. Notre situation est fragile. Nous sortons d’un rachat du Fmi. Le Fmi estime que notre situation d’endettement est encore supportable.

Nous pouvons toujours avoir de quoi financer notre déficit budgétaire. C’est pourquoi, le gouvernement cherche des niches partout même dans les entreprises publiques, s’il n’y a pas des moyens " de carotter des économies budgétaires " à droite à gauche en surveillant de très près la politique de distribution des salaires et des primes. C’est important. Si l’Etat doit encore renflouer les entreprises, cela aggrave la situation d’endettement du pays.

S’il faut que dans la zone Euro, ils aillent à la dévaluation, ils le diront parce qu’ils sont transparents. Eux, ils sont réalistes. Et la dévaluation n’est pas un fétichisme, c’est un instrument qu’on peut manipuler. Mais on ne peut pas dire qu’on va dévaluer parce qu’il faut dévaluer. Il y a toujours des inconvénients. Il y a des pays qui ne dévaluent pas mais qui laissent glisser la valeur de leur monnaie sur le marché.

Un mot pour conclure

En tant qu’africains, nous devons renforcer l’intégration africaine. En Europe, ce qui leur arrive a permis de refaire une Europe à 27 avec 17 pays prêts à supporter la discipline commune. Nous devons renforcer l’intégration économique pour avoir les moyens de financer en cas de difficultés ou non, de faire face au déséquilibre créé par l’un ou l’autre des pays. D’une manière générale, c’est la bonne gestion de nos économies budgétaires, de notre production. Nous devons renforcer la croissance. C’est cela qui est important et surveiller la qualité de nos dépenses pour maximiser l’efficacité de la croissance. Nous devons produire le maximum de ce que nous consommons et ne pas être des consommateurs de produits étrangers. C’est important pour une monnaie. Ce sont toutes ces mesures de politique économique qui rentrent dans la qualité de la gestion de la monnaie. On ne fait pas le lien. La conséquence de tous ces dysfonctionnements est de constater que votre monnaie n’a plus sa valeur, d’où il faut changer sa parité.

La crise n’est pas terminée selon Nicolas Sarkozy

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Nicolas Sarkozy, Président français

Mes Chers Compatriotes,

L’année 2011 s’achève. Elle aura connu bien des bouleversements.

Depuis le début de la crise, qui en trois ans a conduit à plusieurs reprises l’économie mondiale au bord de l’effondrement, je ne vous ai jamais dissimulé la vérité sur sa gravité, ni sur les conséquences qu’elle pouvait avoir sur l’emploi et sur le pouvoir d’achat. Cette crise qui sanctionne 30 années de désordres planétaires dans l’économie, le commerce, la finance, la monnaie, cette crise inouïe, sans doute la plus grave depuis la deuxième guerre mondiale, cette crise n’est pas terminée. Elle a entraîné dans la tourmente des pays comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal, mais également des pays aussi puissants que l’Espagne et même l’Italie.

Dans la tempête, vous avez souffert. Je sais que la vie de beaucoup d’entre vous déjà éprouvée par deux années difficiles a été une fois encore durement mise à l’épreuve. Vous finissez l’année plus inquiets pour vous et pour vos enfants. Et pourtant il y a des raisons d’espérer. Nous devons, nous pouvons garder confiance dans l’avenir. Car si tant de pays ont connu des difficultés insurmontables, la France a tenu. Elle a résisté.

La France ne nie pas les difficultés

Si elle a tenu, si elle a résisté, si elle a réussi jusqu’à présent, à conjurer le doute qui déclenche la crise de confiance, c’est grâce au courage et au sang-froid dont vous faites preuve depuis 3 ans, c’est grâce à la solidité de nos institutions, c’est grâce à notre protection sociale, qui garantit la solidarité dans l’épreuve, c’est grâce aux réformes que nous avons accomplies ces dernières années. Je pense notamment à la réforme des retraites et à toutes les mesures visant à diminuer nos dépenses publiques qui ont permis à la France de garder la confiance de ceux qui lui prêtent leur épargne pour financer son économie. Il ne s’agit pas de nier les difficultés que nous traversons. Mais dans ces épreuves, la France a su préserver l’essentiel. Je tiens à rendre un hommage particulier à toutes celles et à tous ceux d’entre vous qui par leur travail ont contribué au développement de notre économie.

" L’année 2012 sera celle de tous les dangers, si nous restons immobiles "

Ce qui se passe dans le monde, annonce que l’année 2012 sera celle de tous les risques mais aussi de toutes les possibilités. De toutes les espérances, si nous savons relever les défis. De tous les dangers, si nous restons immobiles. Différer les choix parce qu’ils sont difficiles est la pire des options. Quand on décide trop tard, le prix à payer est plus cher. Les souffrances plus grandes. En 2012, le destin de la France peut une fois encore basculer. Sortir de la crise, construire un nouveau modèle de croissance, faire naître une nouvelle Europe, voilà quelques-uns des défis qui nous attendent. Je veux vous dire ma conviction qu’unis avec nos partenaires européens, nous serons plus forts pour y faire face. Mais ces défis, ils s’imposent à nous. Nous ne pouvons ni les refuser, ni les repousser. Nous ne pouvons ignorer ce nouveau monde.

La crise est grave, les circonstances sont exceptionnelles, les décisions doivent être à la mesure de cette gravité. C’est un devoir auquel je ne me déroberai pas.

Je ne sous-estime pas les conséquences que peuvent avoir sur notre économie les agences de notation et les emballements des marchés financiers, ni non plus nos erreurs passées mais je le dis pour que chacun l’entende, ce ne sont ni les marchés, ni les agences qui feront la politique de la France. Au fond, la seule façon de préserver notre souveraineté, de maîtriser notre destin est de choisir, comme nous l’avons fait jusqu’à présent la voie des réformes structurelles plutôt que celle des réactions à chaud qui ne font qu’ajouter à la confusion et au désordre sans restaurer la confiance. Le problème posé n’est pas celui d’un nouveau train de réduction des dépenses pour l’année qui vient. Ce qui devait être fait a été fait par le Gouvernement. Maintenant, il nous faut travailler en priorité pour la croissance, pour la compétitivité, pour la ré-industrialisation qui seules, nous permettront de créer des emplois et du pouvoir d’achat.

Trois sujets me paraissent dominer les autres.

Nous ne nous en sortirons pas en laissant de côté ceux qui souffrent déjà des conséquences douloureuses d’une crise dont ils ne sont pas responsables. Nous ne bâtirons pas notre compétitivité sur l’exclusion mais sur notre capacité à donner à chacun une place dans la Nation. C’est pourquoi, ceux qui ont perdu leur emploi doivent être l’objet de toute notre attention. Nous devons changer notre regard sur le chômage. Faire en sorte que la formation des chômeurs devienne la priorité absolue, afin que chacun puisse se reconstruire un avenir. Former et pas seulement indemniser, tel doit être notre but. Personne ne doit pouvoir s’exonérer de cette obligation ni être exclu de cette possibilité. Le deuxième sujet est celui du financement de notre protection sociale qui ne peut plus reposer principalement sur le travail, si facilement délocalisable. Il faut alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main d’œuvre à bon marché. Ce sujet est au cœur de tous les débats depuis des années. J’écouterai les propositions des partenaires sociaux puis nous déciderons. Le troisième sujet, c’est celui des dérèglements de la finance qui vous choquent d’autant plus profondément qu’ils sont largement à l’origine des difficultés actuelles.

Marcel de Souza, ministre du développement

" Depuis quand on annonce une dévaluation à l’avance "

" Je viens de Niamey, où nous avions fait le conseil des ministres des finances de l’Uemoa. Et cette question est une question récurrente. Une telle dévaluation n’est même pas inscrite à l’ordre du jour. Il n’y a pas dévaluation. La 1ère raison, lorsque nous avons des économies qui sont en croissance, de l’Uemoa, de la Ceemac ou bien des écomores. Au niveau de l’Uemoa l’économie ivoirienne est à une croissance négative de 5,6% Mais cela est contrebalancé par les autres économies et nous arrivons à une croissance de 6,2%. La 2ème raison, le taux de couverture de l’émission monétaire couvre tout ce que les autres ont émis comme moyens. Au niveau du Fmi, on mesure en terme de taux de change en combien de mois les devises couvrent les exportations.

L’Uemoa est à 9 mois de ce taux de change. D’où vient alors cette nouvelle ? Où aviez-vous une dévaluation qu’on annonce à l’avance. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette nouvelle ".

Sébastien Ajavon, président du Conseil national du patronat

" Les chefs d’entreprises doivent être prévoyants "

Depuis cette information, rien n’a changé dans mes habitudes. On est informé en tant que chefs d’entreprises de ce que le ministre de développement a dit. Néanmoins, les chefs d’entreprise doivent être prévoyants. Mais, je ne pense pas du tout qu’il y aura une dévaluation. Mais l’essentiel est de vite payer les fournisseurs dès que les chefs d’entreprise vendent leur marchandise. Ils ne doivent pas attendre ou stocker de la marchandise. Car, les affaires sont tournantes. Il n’y a pas de crainte pour la dévaluation. Si la dévaluation devrait nous faire peur, on ne pourra plus travailler.


6-01-2012, Charles YANSUNNU, Modeste TOFFOHOSSOU



17/01/2012
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