Calixthe Beyala :Après la mort de Kadhafi : « L’Afrique pleure, Sarkozy rit »
Kadhafi est mort ? Peut-être. L’Afrique
est morte ? La Grande Afrique, une et indivisible ? Sûrement ! Elle s'en
est allée en ce triste jour du 21 octobre 2011, avec le seul qui la
portait sur son coeur, dans ses tripes ! Elle s'en est allée avec
celui-là, digne fils de son peuple qui suppliait les chefs d'Etats
larbins de construire une grande armée africaine, une grande industrie
africaine, de s'unir pour être plus forts devant les autres grands
groupes du monde. Et je pense que jamais, la tristesse ne m'avait autant
habitée.
Pour moi qui l'ai connu, qui l'ai soutenu dans différents sommets où il
essayait de raisonner ses pairs sur la nécessité de bâtir cette Afrique
pour le bienfait des générations futures. Je me souviens des sourires
hypocrites et goguenards de ces lâches, ces contremaîtres qui se disent
Présidents tournant en rond, renvoyant en permanence à demain,
l'urgence… Parce que leurs Maîtres leur avaient demandé de ne pas
accepter l'idée cette Afrique unie et lumineuse, riche et fière, cette
Afrique tout en rêve splendide kadhafiste.
"Kadhafi
est mort, assassiné par Sarkozy-BHL et leur coalition de fascistes !
Oui, il est parti… L'Afrique est orpheline. L'Afrique a perdu son père.
Et l'Afrique pleure cette mère Libye. Et l'Afrique pleure… Et ses tonnes
de larmes déversées formeront peut-être une rivière qui reviendra
peut-être reverdir les tombes, les tombes encore, des milliers de morts,
des martyrs, ceux-là qui pensaient qu'il valait mieux mourir que vivre
assujetti !
L'Afrique pleure ; Sarkozy lui a ôté l'essence de sa vie ! L'Afrique
pleure les meurtres perpétrés par Sarkozy ; Sarkozy dorlote la
nouvelle-née de sa femme Carlita… Sarkozy rit et se réjouit de la mort
de l'Afrique… Sarkozy rit et se réjouit de la naissance de sa fille…
Tandis que les larmes salées de
l'Afrique tournoient autour des joues des femmes africaines devenues
folles de douleur ; et ce chagrin coincé entre les pupilles des hommes
honteux de n'avoir pas su protéger leurs terres, de n'avoir pas su se
battre pour leurs familles, apeurés sans doute que Sarkozy-BHL se
fâchent et distribuent d'autres bombes toutes aussi meurtrières…
Apeurés pour rien, pour tout, ignorant qu'il conviendrait de ne pas
avoir peur de mourir car un homme indigne n'en est plus un, car un homme
castré n'en est plus un, car vaut mieux mourir que de vivre dans
l'indignité !
Et Kadhafi l'avait compris… Et Kadhafi l'avait senti, sans doute choisi
par les Dieux, cet homme exceptionnel savait qu'il valait mieux vivre
auprès des Dieux dans la dignité que cette insupportable honte qui
submerge l'Afrique incapable…
Et Kadhafi l'avait compris, lui si fier qu'il nous couvrait de ce
trop-plein de fierté. Qu'allons-nous donc devenir, sans sa subtilité
politique, sans cette vision grandiose qui s'en allait au-delà de lui ?
L'Afrique est morte avec Kadhafi ? Peut-être pas… Peut-être prendre un
thé et penser à quelque chose de beau, penser et se dire que tout n'est
pas fini, que peut-être demain en s e réveillant, le monde aurait changé
parce que l'homme africain aura changé…
Penser au beau à venir même s'il ne s'agit que d'un rêve… penser que
réunir la diaspora Africain-française est déjà beaucoup, que cette
petite touche pourrait être un peu d'espoir dans ce monde où l'homme
africain n'est pas, où la femme noire n'est pas, où le racisme
géopolitique sarkozyste décide que finalement la vie d'un Africain ne
compte pas. Ou si peu. Qu'il peut décider de qui doit vivre. Ou mourir."
Calixthe Beyala
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