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Avec le droit de vote des étrangers, le Sénat entre en 2012

Avec le droit de vote des étrangers, le Sénat entre en 2012

Le Sénat, majoritairement à gauche, devrait adopter ce jeudi la proposition de loi autorisant les étrangers à voter lors des scrutins locaux.

AFP/Damien Meyer

La chambre haute examine ce jeudi la proposition de loi visant à autoriser le vote aux scrutins municipaux de tous les étrangers. La majorité de gauche fait tout pour dépolitiser le débat, mais la mission est impossible. 

"Nous voulons élever le débat, être dans une philosophie humaniste et ne pas tomber dans le combat de boue." Deux options: soit Jean-Vincent Placé est extrêmement naïf, soit il est très malin et essaie d'éviter toute accusation d'opération politicienne. Connaissant le parcours du nouveau sénateur écologiste, on pencherait pour la seconde solution. 

Mercredi, il accompagnait François Rebsamen, président du groupe PS au Sénat, et Eliane Assassi, sénatrice PCF de Seine-Saint-Denis, pour présenter la proposition de loi autorisant les étrangers extra-communautaires à voter lors des scrutins municipaux. Un texte, qui devrait être adopté ce jeudi par la nouvelle majorité de gauche, malgré les cris d'orfraie de la droite. 

Cette opposition farouche et frontale illustre justement le caractère très politique de cette mesure. Tellement politique qu'il est impossible que ce texte éclipse le clivage droite-gauche, malgré les dires de Jean-Vincent Placé, repris par François Rebsamen et Eliane Assassi. "On nous accuse de faire de la tactique politicienne, mais si c'était le cas, nous aurions mis ce projet de loi au vote à la fin février" pour être plus proche de la présidentielle, se défend le sénateur PS. 

Ou après les législatives de juin prochain, après une possible victoire de la gauche. Car pour l'instant, le texte n'a aucune chance d'entrer en vigueur. L'Assemblée, majoritairement à droite, le rejettera et clôturera le débat. La gauche est évidemment consciente de cette issue, mais l'objectif est ailleurs: montrer qu'elle reste en pointe sur les questions de société et contraindre l'UMP à défendre une position conservatrice.  

La gauche répond point par point aux arguments de la droite

Les sénateurs de gauche ont donc méthodiquement démonté un à un les arguments de la droite.  

Le gouvernement réclame la "réciprocité" -si un étranger peut voter, son pays d'origine doit permettre aux résidents français d'en faire de même. Réponse: "28 pays ont déjà signé des accords de ce type avec Paris", avance François Rebsamen. 

Nicolas Sarkozy, suivi par les cadres de son parti, affirme qu'il est "hasardeux" de séparer la nationalité du droit de vote. Réponse: "Les étrangers issus de l'Union européenne peuvent déjà voter aux scrutins locaux sans être de nationalité française." 

Et puis, il y a le mensonge de Claude Guéant. Le ministre de l'Intérieur affirmait le 27 novembre qu'autoriser le vote des étrangers, c'était prendre le risque que des maires étrangers soient élus. Faux: la proposition de loi leur interdit d'exercer des fonctions d'adjoint et de maire. 

Finalement, "il n'y a pas d'argument, si ce n'est politicien pour racler les fonds de tiroirs électoraux", lance Eliane Assassi. Visé ici, le Front national. Le parti d'extrême droite s'est invité dans le débat. Ce jeudi, il prendra la tête d'une manifestation, devant le Sénat, pour protester contre ce texte. Une heure après, la gauche rejoindra, elle, un cortège à quelques rues de là pour marquer son soutien.  

Une courte majorité attendue

De quoi troubler le calme habituel du palais du Luxembourg. D'autant que les ministres de l'Intérieur et de la Justice, ainsi que François Fillon lui-même, assisteront à la séance. "Il ne répond pas à nos questions dans l'hémicycle lors des questions au gouvernement, mais cette fois-ci, il nous fera l'honneur de sa présence", sourit Eliane Assassi.  

Face à l'offensive de la droite, la gauche s'efforce donc de se montrer unie. "Nous sommes tellement rassemblés que nous partageons nos microbes", plaisante Jean-Vincent Placé, quand il constate que François Rebsamen et l'écologiste Esther Benbassa sont tous les deux malades. 

Il le faudra bien, car le texte devrait être adopté d'une très courte majorité. Les radicaux de gauche n'ont donné aucune consigne de vote. Les centristes (Modem et Nouveau centre) pourraient suivre en bloc la prise de position de leur président de groupe, opposé au texte.  

Heureusement qu'il reste des âmes charitables: adversaire du projet de loi, Jean-Pierre Chevènement a fait savoir qu'il s'abstiendrait. Comme quoi, il ne fait pas toujours perdre la gauche.


08/12/2011
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