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Adrien Houngbédji parle enfin :« Trop c’est trop »

30 avril 2012


Un an après son échec à la présidentielle de 2011, Me Adrien Houngbédji, est sorti de son mutisme pour se prononcer sur plusieurs sujets de l’actualité sociopolitique du pays. Dans un langage de vérité, il a répondu sans tabou à toutes les interrogations sur son expérience avec l’Union fait la Nation, l’avenir de la coalition avec en toile de fond le projet de fusion des partis membres.


Leader du Parti du renouveau démocratique (Prd), il a exprimé à ce sujet sa vision pour sa formation politique, pas sans avoir évoqué les cas des démissionnaires. Son pardon à l’endroit du président Nicéphore Soglo, son regard sur la gouvernance de Yayi Boni, le sujet sur la révision de la Constitution, l’arrestation de l’opérateur économique Patrice Talon et bien d’autres questions ont été abordées par l’invité de la télévision Canal3, ce vendredi 27 avril 2012. Il est apparu comme un homme excédé par des accusations et attaques contre sa personne ou le Prd. « Trop c’est trop » a-t-il lancé au cours de l’émission.

Convention de l’Un

Je veux parler en réaction de ce qui a été dit sur l’émission Actu-Matin où il y a eu des attaques frontales contre le Prd. Je voudrais que le réquisitoire que j’ai entendu sur Actu-Matin s’arrête aujourd’hui. Que nous fassions un vrai débat d’hommes responsables. Je me demandais si c’est du Prd qu’ on parle ou d’un autre parti. C’est le seul parti politique qui se soit réuni en congrès depuis l’élection présidentielle au Bénin et après ce congrès, le seul qui s’inscrit sur la liste des partis d’opposition. Je ne comprends pas pourquoi on parle de ligne inverse vers Yayi Boni. Yayi Boni est-il dans l’opposition ? Nous allons finir avec le réquisitoire parce que trop, c’est trop. Depuis 20 ans que je suis en politique, on m’attaque. Je ne parle jamais. Houngbédji est comme la tête de Turc. On peut dire tout ce qu’on veut de lui. Du faux, du vrai, on sait qu’il ne répond jamais. Mais vous savez pourquoi je ne réponds pas ? Il y a un proverbe de chez nous qui dit : « Lorsque vous avez l’ambition de diriger un pays, vous devez accepter qu’on jette sur votre tête toutes sortes d’immondices. ». Aujourd’hui, j’ai 70 ans, je n’ai plus d’ambitions. En réalité, qu’est-ce qui se passe à l’Un ? Rien de grave ne s’y passe. Il y a deux courants de pensée : ceux qui pensent qu’il faut faire la fusion et ceux qui pensent qu’on n’en peut pas pour le moment. En politique, il est sain de voir au sein d’une alliance des opinions divergentes. Vous pensez que je n’ai pas lu les textes. Nous avons créé l’Union dans un contexte donné pour prendre le pouvoir. Nous n’avons pas pu. Qu’est-ce que nous avons constaté ? L’une des principales forces de l’Un est partie avec 10 députés : la Rb. Deux autres formations politiques avec deux députés sont parties. Et, nous ne savons pas quand est- ce que l’hémorragie va s’arrêter Par conséquent, nous disons que la donne a changé. L’équilibre des contrats est rompu du fait qu’un ou deux des principaux protagonistes sont partis. Comme nous sommes en politique, il faut voir les choses avec réalisme. La réalité est que l’Un a été créée avec beaucoup d’enthousiasme. Cet enthousiasme aujourd’hui a disparu du fait de la défaite et du départ de certains partis politiques. Pas de perspectives. C’est quoi ? Nous avons créé une alliance pour prendre le pouvoir par les urnes. Telle que l’Un est aujourd’hui, elle n’a plus la possibilité d’offrir cette perspective aux Béninois. Telle qu’elle est là, elle ne peut pas gagner. A partir de ce moment, elle n’est plus attractive. Nos partis qui sont allés aux élections, on ne sait pas leurs forces. Il faut aller réévaluer cela et se renforcer sur le terrain. Par conséquent, la fusion n’est pas d’actualité. L’occasion de se renforcer, c’est les élections communales et municipales. Et, au retour des élections, on verra ce que représente chaque parti. En ce moment-là, on peut aller à la fusion.

Sacrifice

Vous savez en politique, il n’y a pas de cadeau. Personne ne s’est sacrifié pour moi. Tout est intérêt politique. Ils m’ont choisi parce que j’étais le meilleur. Ça veut dire quoi ? En termes d’électorat, j’ai représenté tout seul 25% et les autres partis sont loin de là. En termes de mobilisation des ressources, j’étais le plus à même de les mobiliser. Si vous n’avez pas d’argent, vous ne pouvez pas faire de la politique. Et enfin troisième chose, ils ont constaté pour leur carrière, il vaut mieux quelqu’un qui est en fin de parcours pour qu’il leur dégage la place pour qu’ils deviennent eux-mêmes candidats et président de la République. Voilà les raisons qui ont fait qu’ils m’ont choisi. Par conséquent, je dis que personne ne s’est sacrifié pour personne. J’étais celui qui répond mieux aux objectifs visés par les uns et les autres. Si quelqu’un a consenti des sacrifices, c’est le Prd. Une alliance de partis fonctionne comment ? Il faut des moyens, de l’argent. Je veux que l’un des partis en question vienne vous dire que moi j’ai dépensé tant de 2008 à 2011. Rien. Ils sont venus dans l’alliance pour me soutenir à cause de leurs intérêts. Si ce n’était pas leurs intérêts, le Psd, le Madep, la Rb étaient ‘’Wloguèdé’’. Ils avaient soutenu Yayi Boni en 2006 et même au gouvernement. Le Prd est le seul parti qui soit resté hors de tout cela. C’est le Prd qui s’est sacrifié. Nous avons englouti des sommes très importantes dans la machine Un pendant trois ans. Même quand on était à l’Un, il y a des partis politiques qui, étant à l’Un, étaient au gouvernement. Par le Madep dont le Secrétaire général était au gouvernement. La Rb, n’en parlons pas. Le régime Yayi Boni est sa maison. Donc, c’est du faux procès. Je ne souhaite plus entendre dire qu’on s’est sacrifié pour lui. C’est faux.

Leader de l’opposition

C’est de l’affabulation de dire que le président Amoussou m’a proposé de prendre le poste de leader de l’opposition. Je lui ai dit non que je ne suis pas dans cette compétition devant témoin. Avant de dire que nous sommes dans l’opposition, il faut savoir si l’un ou l’autre est dans l’opposition. A partir de ce moment, nous chercherons qui en est le leader. Mais sachez que moi je ne suis pas preneur. Pourquoi ? J’ai l’expérience des partis politiques au Bénin. C’est le président qui fait pratiquement tout. Moi, après avoir porté le Prd pendant 20 ans, je ne me voyais pas en train de porter encore l’Un que j’ai portée pendant trois ans, je ne me voyais pas encore la porter comme leader de l’opposition. J’ai refusé. Vous pouvez vous renseigner. Parlons de la place de leader d’opposition. Est-ce que vous avez lu la loi sur l’opposition ? La loi dit d’abord qu’il n’y a pas un leader de l’opposition. Vous avez réuni 10% des voix, vous pouvez être un leader de l’opposition, si vous avez un groupe parlementaire, vous pouvez devenir un leader de l’opposition, si vous êtes dans une alliance qui a un groupe parlementaire, vous pouvez devenir un leader de l’opposition. Donc, il n’y a même pas de concurrence, ni de compétition. Ensuite, quels sont les avantages qu’il y a dans le poste de leader de l’opposition pour que je me batte pour ça ? J’étais président de l’Assemblée nationale pendant 4 ans sans toucher un centime. J’étais Premier ministre pendant 2 ans sans toucher un centime. C’est pour un poste de leader de l’opposition que je vais me battre ? Une voiture, un garde-de-corps et un salaire ministériel. A cause de ça je vais mettre le désordre dans l’Un ?. Soyons sérieux. Le débat n’est pas là. Le débat ici est qu’il y a deux tendances : l’une qui veut de la fusion et l’autre qui n’en veut pas. Le Prd a dit clairement à son congrès qu’il ne veut pas de la fusion. Nous nous sommes dit qu’il faut que notre parti se restructure, se réorganise et sache d’abord ce qu’il pèse encore. Nous avons fait notre université de vacances, notre congrès. Nous avons mis sur pied notre bureau, une direction exécutive et nous sommes déclarés dans l’opposition. Nous voulons que tous les partis fassent la même chose d’abord. Je ne suis pas sûr qu’à l’Un, ils sont dans l’opposition. Pourquoi ? L’Un est un groupe de partis politiques. Vous connaissez bien la classe politique béninoise. Chaque parti que vous voyez-là souhaite rentrer au gouvernement sauf le Prd. Au Prd, on a fait le débat. Chez nous aussi, il y a aussi des gens qui souhaitent qu’on aille au gouvernement. A une écrasante majorité, on dit que notre place n’est pas là-bas. La ligne que vous avez tracée en mai 2011 est la bonne. Nous restons dans l’opposition. A l’Un, j’ai été voir le président Amoussou sept fois à son domicile. Nous sommes quoi : On est opposition ou bien on veut aller à la mouvance ? Je n’ai jamais eu de réponses. Et, c’est la huitième fois qu’il a posé le problème : est-ce que tu veux être le chef de l’opposition ? Il n’a pas pu me répondre. Vous savez pourquoi ? Il est à la tête d’une coalition de partis politiques. Je ne sais pas ce que veulent exactement les autres. Je l’ai compris. Le Prd a fait un congrès le 11 février, deux mois après, nous avons fait une déclaration de notre appartenance à l’opposition. Deux mois après, il y avait des réunions de l’Un. Le Prd a compris que s’il ne prend pas des initiatives, rien ne sera fait.

Groupe parlementaire

Je voudrais dire que le Prd avait déjà un groupe parlementaire dans l’ancienne législature. Donc, ce n’est pas une innovation. Pourquoi avons nous fait ce groupe parlementaire ? Nous nous sommes rendus compte que si nous ne faisons pas notre groupe parlementaire, nous serons à la traîne par rapport aux autres et bernés. L’Un allait se scinder consensuellement en deux groupes parlementaires et pouvoir être mieux représentée à la Conférence des présidents et avoir les avantages attachés au poste de président de groupes parlementaires. Lorsque les réunions ont eu lieu, ils ont proposé au Prd de prendre la présidence provisoire du groupe de 20. Les nôtres étaient prêts à l’accepter comme ils n’ont pas d’expérience parlementaire. Je leur ai dit non que c’était un piège, parce qu’une fois vous avez pris ça, dans deux semaines, on va faire la répartition des autres postes : Cedeao, Haute Cour de justice, Uemoa, Parlement panafricain etc. Si vous prenez ce poste, on vous dira que vous avez déjà ça et ils vont se partager les autres postes. Après, ils veulent maintenant qu’on fasse deux groupes parlementaires. Nous sommes 20 dont 9 pour le Prd. Sur les deux, le Prd prend un. C’est cette politique qui nous avait permis d’avoir la Haute Cour de justice. Nous n’avons même grugé personne. Ce ne sont pas des préoccupations matérielles. Quand un parti dit : « Je veux faire un groupe parlementaire », c’est politique. Il y a une suite dans l’attitude des camarades. Ce que je leur ai dit n’a pas raté. Je suis parti en France. A mon retour, le coordonnateur de l’Un me dit que : « En votre absence, nous avons décidé de scinder le groupe parlementaire en deux. Bonne nouvelle ! Nous prenons Eric Houndété et Basile Ahossi. J’ai dit que je vais transmettre votre proposition aux autres. Il y a eu levée de boucliers. Ils ont dit : « Trop, c’est trop. Nous voulons faire notre groupe. ». Vous partez en émission sur ce que quelqu’un vous dit et vous intoxiquez l’opinion. C’est normal ça ?

Convention

C’est des problèmes subalternes. C’est ce qu’encore une fois, il y a deux courants de pensée : l’un qui veut la fusion et l’autre qui n’en veut pas. La convention aura lieu demain.(Samedi passé) Jusqu’à l’heure où je vous parle, je n’ai pas encore les documents de la Convention. Les travaux démarrent même ce soir. Le Prd y sera. Il va donner son point de vue. Et, nous allons nous retrouver pour en tirer les conséquences. On ne peut plus nous intimider. Non, on ne va pas vers la cassure. C’est le Prd qui s’est beaucoup sacrifié pour l’Union. C’est des sommes importantes, c’est des militants jetés dans la rue. Nous avons vu toutes ces manifestations à Cotonou et Porto-Novo, 80% sont des militants du Prd. Je dis encore le Prd ne veut pas de la fusion. Si nous abandonnons le logo Arc-en-ciel, dans un mois, quelqu’un d’autre s’en serait emparé et l’aurait appelé pour le Parti du rassemblement pour le développement (Prd). Nous avions dit que nous irons à la fusion, si nous avons gagné. Je l’ai toujours dit au président Amoussou. Les gens vont quitter. Vous avez vu la Rb est déjà partie. Vous voulez que l’Un devienne une loque, que nous fusionnons et nous disparaissions. Excusez-moi, je suis en politique. Je ne le ferai pas. Ceux qui veulent n’ont qu’à faire leur fusion et nous qui n’en voulons pas nous n’y rentrerons pas. Mais, l’Un demeure : ceux qui veulent la fusion et ceux qui n’en veulent pas. Ça simplifie les choses. Nous avons déjà dit comment on peut aller aux prochaines élections. Partout on peut s’entendre pour faire des listes communes, on les fera. Mais s’il y a des endroits, des communes, des arrondissements où la liste commune n’est pas possible, chacun peut y aller et après on se retrouve. Au congrès du Prd, je n’ai entendu personne dire qu’on veut quitter l’Union. Je pense que les dirigeants de l’Un sont des gens responsables. Ils devraient comprendre ceci et nous disons : « Restons ensemble dans l’alliance. Le creuset commun est l’Un. Faisons des projets communs de règles qui permettent à ce creuset de fonctionner sans contraintes, de façon inclusive », parce que dès que vous faites un parti commun, plus personne ne peut venir. Si on reste en alliance, même la Rb qui est partie, peut revenir. Si la tendance qui l’emporte est que nous faisons la fusion et qu’on chasse le Prd, ce serait une ignorance à leur niveau. Attention ! L’alliance a un patrimoine qui est Un et le logo. Un parti de l’alliance ne peut pas partir avec le patrimoine. Moralement, ce n’est pas gérable. Ce logo, c’est moi qui l’ai proposé. C’est mon logo. Vous avez les pagnes sous l’effigie de l’Un. Ce sont les femmes du Prd qui les ont fabriqués. Je retiens fondamentalement qu’il y a un idéal de regroupement des forces politiques qui est né. Le Prd s’y accroche. Cependant, nous disons que la politique est l’art du possible. Nous ne voulons pas aller en fusion et eux autres veulent. Voici, la solution intermédiaire que j’ai proposée. Ils ne veulent pas. Qu’est-ce que je peux faire ? Je ne veux pas faire la guerre à qui que ce soit.

Situation avec Soglo

Depuis 20 ans que je suis-là, qui j’ai trahi ? Le cas qu’on cite le plus souvent est que les gens disent que j’ai trahi Soglo. A quelle occasion ? Pour trahir quelqu’un, il faut être en accord politique. En 1991, j’ai été élu président de l’Assemblée nationale contre le candidat du président Soglo. Pendant mon mandat, il n’a fait qu’essayer de me déboulonner. Il y a une chose unique : une commission d’enquête parlementaire contre moi. Nous sommes allés aux élections législatives en 1995, ils ont confisqué nos véhicules de campagne et les ont restitués le vendredi soir. Malgré ça, nous sommes allés aux élections. La Rb a eu 20 et nous avons eu 19. La majorité à l’Assemblée, c’est 42. Nous étions à 10 mois de l’élection présidentielle. Le simple pour lui était de s’allier à nous pour pouvoir gagner les élections en 1996. Il a fait l’inverse. Il a soutenu quelqu’un d’autre contre nous. Vous voulez que ce parti qu’ on vient de priver de la présidence du Parlement se rallie à lui ? Moi, je n’étais pas en contrat avec le président Soglo. Dix mois après, il veut que ce parti-là le fasse président de la République. La base a dit non. Est-ce que c’est une trahison cela ? Après ça, il y a eu l’accord de Bohicon entre le président Soglo et nous. A l’occasion des élections législatives de 1999, on a signé le premier accord en disant qu’ils me soutiennent pour le perchoir et qu’ils aient la majorité dans le bureau de l’Assemblée, et aux élections présidentielles au second tour, je les soutiendrai. Je voudrais rappeler que c’est la première fois qu’un parti a eu la majorité au bureau de l’Assemblée nationale. Je les ai soutenus et ils ont eu quatre membres sur sept dans le bureau. Pendant l’élection présidentielle de 2001, on a fait le premier tour. On a attaqué les résultats. Et, le président s’est désisté au deuxième tour. Moi qui suis son partenaire, c’est à la radio que j’ai appris qu’il ne veut pas aller au second tour. Malgré ça, je n’ai pas été au second tour. Il pense que je devais obligatoirement le soutenir en 1996. Au nom de quoi ? Comme il en avait fait un problème et que nous étions dans l’Un, on voulait gagner, nettoyer les difficultés et avancer. J’ai dit s’il considère que c’était une faute, je lui présente mes excuses. Je n’ai pas commis la faute, et pourtant je demande pardon. Je ne l’ai pas trahi en 1996, parce que je n’étais pas en accord avec lui. Depuis qu’on a fait cela, est-ce que vous m’avez vu attaquer quelque part le président Soglo après la réconciliation ? C’est lui qui a fait une sortie pour dire si Houngbédji n’est pas devenu président, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Trahison, je ne veux plus les entendre parler.

Révision de

la Constitution

Sur le dossier de la révision de la Constitution, nous avons constaté qu’il y avait des réactions émotionnelles. Au Prd, nous avons estimé qu’il faut appeler des professeurs pour venir nous expliquer ce qu’ils ont fait. Les professeurs Djogbénou et Topanou sont venus. Ce que nous avons retenu de tout ce qu’ils ont dit est qu’ils sont contre toute révision opportuniste. Alors, je vous dis que le Prd est contre une révision opportuniste de la Constitution. On appelle révision opportuniste une révision qui a objet de régler le problème de quelqu’un, d’homme. Par contre, une Constitution se révise. C’est prévu dans la Constitution elle-même le mécanisme de sa révision. Quand le dossier sera dans le fond à l’Assemblée nationale, nous ferons encore appel aux professeurs pour éclairer la lanterne de nos députés sur les positions à prendre. On ne peut pas avoir une position dogmatique sur la révision. La révision opportuniste, nous n’en voulons pas, mais sur les autres questions, on peut en débattre. Une Constitution est faite pour être révisée si ça ne va pas. Les professeurs qui sont venus n’ont pas dit qu’ils sont contre toute révision, mais la période pour la faire est mauvaise. La manière dont ils voulaient le faire en session extraordinaire montre que c’est opportuniste. L’objectif visé est que Yayi Boni puisse rempiler. Donc, c’est opportuniste.

Succession au Prd

Il faut avoir un successeur désigné qui a la maturité politique qu’il faut pour diriger. Nous avons fait notre congrès. Tout s’est bien passé. Les décisions prises prouvent que c’est un parti qui ne veut pas mourir. D’habitude, un parti chute lorsque son chef n’est plus en mesure d’aller aux élections présidentielles. Tout le monde a misé sur cela en ce qui concerne le Prd. Or, c’est le contraire qu’on voit. Nous avons prévu pour 2016 trois hypothèses : La première, d’ici deux ou trois ans, un candidat valable se dégage au sein du parti. Deuxième, il n’y a pas de candidat valable d’ici trois ans. Nous sommes dans une alliance qui a un candidat. Voilà la procédure pour son investiture. Enfin, la troisième hypothèse, c’est quelqu’un qui n’appartient ni au parti, ni à l’alliance dans laquelle nous sommes. S’il demande notre soutien, voici la procédure pour l’investir. Donc, nous avons tout prévu.

Cas des

démissionnaires

La plus belle fille ne peut que donner ce qu’elle a. Pour un poste de député, il y a 20 ou 30 candidatures. Le parti est obligé de trancher à un moment donné. Si c’est le cas de Badarou que vous prenez : il est Secrétaire général du Prd. C’est le parti qui l’a fait élire Conseiller municipal à Cotonou. Il est même président de commission à la mairie de Cotonou. Malheureusement au Prd, contrairement à ce que vous dites, ce n’est pas le président qui désigne les candidats. Il est de la 15e circonscription électorale. Si vous leur imposez un candidat, ils ne voteront pas pour lui. Donc, il n’a pas été désigné. Il veut que je l’impose. Je ne peux pas le faire. Sinon, je vais casser le parti à Akpakpa. Si on avait été élu président de la République, si on avait formé le gouvernement, il aurait ce qui est à la hauteur de la fonction qu’il occupe au Prd. Je n’ai rien contre lui. On ne peut que donner ce qu’on a. Quant à Joël Aïvo, il n’a pas voulu rendre publiques les raisons pour lesquelles il a démissionné. Ce n’est pas moi qui les rendrai publiques. Mais, je veux que vous sachiez ceci : il m’a pas écrit sous sa lettre qu’il ne la rendra pas publique. Je lui ai fait ma réponse. Ça ne me gêne pas que tu rendes publique ta lettre. Comme tu es un intellectuel, je lui ai dit que : « Si tu rends publique ta lettre, rends aussi publique la réponse que je t’ai faite ». Donc, moi je n’ai rien à cacher. Par rapport à la mairie de Porto-Novo, je n’ai jamais mis en place un Goun ou un Yoruba. Notre souhait est d’assurer la cohésion au sein de la ville. Nous avons appliqué cette règle jusqu’à présent. Pourquoi les gens veulent anticiper ? On a d’autres élections qui arrivent, attendez et vous verrez ce que le Prd fera. Mon objectif est que le Prd reste debout. Je ne suis pas partisan d’une communauté contre une autre. Pourquoi vous voulez qu’on en parle maintenant ? Par rapport à la main tendue du chef de l’Etat, je me souviens que Léhady Soglo a cru même entendre une dame dire au ministre Kogui N’Douro que le Prd est en train de rentrer au gouvernement. La dame en question est madame Glèlè qui a interpellé le ministre Kogui N’Douro à l’Assemblée et lui a demandé de jurer sur le Coran qu’elle lui a téléphoné pour lui parler de l’entrée du Prd au gouvernement. Vous savez le Bénin est comme ça. Ils veulent intoxiquer et ils vont parler des choses que vous savez. Vous ne savez pas qu’il y a eu cet incident à l’Assemblée nationale entre madame Glèlè et le ministre N’Douro.

Gouvernance du président Yayi Boni

Nous sommes dans l’opposition. Nous n’avons cessé depuis six ans de dénoncer. Si vous voulez que je vienne parler de la gouvernance, on va en parlez. Mais, je risque de répéter les mêmes choses. Si on était satisfait de la gouvernance, on ne serait pas dans l’opposition. Dans notre déclaration d’appartenance à l’opposition, nous avons listé tout ce que nous reprochons au gouvernement du président Yayi Boni. Invitez-moi, je reviendrai pour en parler. Comme vous l’obligez à parler, je vais parler. Quand j’étais à Paris, j’ai reçu un Sms me disant que le chef de l’Etat a demandé à rencontrer l’Un. J’ai répondu : « Donc, on prépare ça » et la même personne me répond : « Nous sommes déjà en route. ». Il paraît qu’il leur a promis l’entrée au gouvernement. Mais, je n’ai pas vu la main tendue du chef de l’Etat. S’il y a une situation de crise grave, c’est le devoir de tout parti qui est appelé d’être autour de lui. Je l’ai dit depuis le mois de mai 2011. Deuxièmement, l’appel au dialogue n’est pas synonyme de main tendue. J’ai dit au congrès que personne ne peut refuser le dialogue. Nous attendons que l’appel au dialogue soit suivi de faits. Je prends l’exemple de la Lépi. Tout le monde dit qu’il faut faire un audit de la Lépi. Le rapport des forces à l’Assemblée est tellement en faveur du pouvoir qu’il y a très peu de chance que la bonne réforme sorte de là. Aucun pouvoir au monde ne fait des textes ou des réformes pour s’affaiblir. Ils n’ont aucune chance.

Les grèves

Le Prd est le seul parti de l’Un à avoir pris officiellement position par rapport à cette crise. Et c’est après nous, que le président Amoussou a parlé. Nous avions rédigé un communiqué qui a été diffusé sur presque tous les médias. Que voulez-vous ? Qu’on descende dans la rue ? Il faut dénoncer et on l’a fait. Nous avons donné raison aux travailleurs, parce que c’est les textes qui leur donnent le droit de ce qu’ils ont réclamé. Est-ce parce que le gouvernement dit qu’il n’y a l’argent que les gens n’iront pas au cours ? Il faut qu’on trouve une solution, qu’on préserve les droits des travailleurs et qu’on permette aux enfants d’aller à l’école. Le problème que vous posez est plus profond. Il faut encourager ceux qui se déclarent de l’opposition, c’est-à-dire le financement. Pour aller parler à la télé, je sais combien je dépense. Il faut aider l’opposition. Dans d’autres pays, les partis de l’opposition sont financés par l’Etat et il faut qu’on y en arrive, puisque c’est une mission républicaine. Jusque là, nous disons que la loi sur l’opposition n’est pas bonne mais rien n’est fait pour la corriger. Si c’est qu’il faut doter le leader d’une voiture, d’un garde du corps et d’une possibilité d’aller aux cérémonies officielles avec badge, ce n’est pas cela le problème. L’accès équitable aux médias, la Haac doit veiller à cela. Nous nous inscrivons dans l’opposition parce qu’on y est obligé. Nous avons déposé une proposition de loi pour l’améliorer, mais jusque là rien.

Arrestation de Patrice Talon

En venant ici j’ai appris qu’il a été libéré. Sa libération est une bonne chose, même si je ne sais pas ce qu’on lui reproche. Je sais une chose, il ne faut jamais humilier un homme lorsqu’on est en position dominante ; qui plus est a été un de vos proches et vous a rendu service. C’est une très mauvaise politique.

Conclusion

Premièrement, je voudrais que les Béninois retiennent que pour faire avancer un pays, il faut la démocratie. La démocratie n’est pas un dîner de gala. Les gens qui sont au pouvoir doivent être combattus s’ils ne font pas bien leur travail. Sur ce plan, le courage du Prd doit être salué. Il doit être aidé à jouer son rôle de parti d’opposition. L’autre chose, l’Un est un rêve, un idéal que nous avons tous partagé. Nous sommes à la croisée des chemins. Les divergences ne doivent pas nécessairement entraîner la cassure. Nous ne voulons pas faire la fusion, les gens veulent cela. Que peut le Prd ? On va les regarder faire. La troisième chose est que les Béninois sachent que le Prd tiendra aussi longtemps que nécessaire. Car ce que nous faisons est dans l’intérêt général.

Transcription J.M, S.A.(Stag)



02/05/2012
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