LITERATURE :Table ronde : littérature jeunesse africaine, un enjeu, un défi pour le continent et sa diaspora
La journée de lundi a débuté par une table ronde abordant le passionnant sujet de la littérature africaine pour la jeunesse (photo 1). Ont participé à ce débat, animé par Viviana Quinones, spécialiste du sujet à la BNF, Antoinette Corréa, directrice de l'association sénégalaise Bibliothèque Lecture Développement, Mathilde Davignon, responsable des Éditions des Braques, et Gabriel Kinsa, conteur et auteur congolais
Lundi matin, le stand Livres et Auteurs du Bassin du Congo proposait au public un débat ô combien important sur la littérature africaine pour la jeunesse. Comme le rappelait Gabriel Kinsa : « Une culture qui ne transmet pas son identité à sa jeunesse est appelée à disparaître. » D'où l'importance du développement de ce secteur. Les trois intervenants, aux profils et actions diverses, vont dans ce sens.
BLD met des ouvrages acculturés à disposition des jeunes Sénégalais
Sur le terrain, à Dakar, l'association Bibliothèque Lecture Développement est partie d'un constat simple : « Quatre-vingt-dix pour cent des livres destinés à la jeunesse sénégalaise viennent d'Europe. Nous avons voulu remédier à cela, car il nous semble évident que les jeunes Sénégalais ont besoin d'ouvrages acculturés, dans lesquels ils se retrouvent », détaille Antoinette Corréa (photo 2). Ajoutant les actes à la réflexion, BLD a donc édité plusieurs collections destinées aux différentes tranches d'âge, y compris les tous petits : « Au Sénégal, le livre n'est pas un simple objet, c'est un talisman, un téré ». Pour retrouver les ouvrages édités par BLD, rendez-vous sur le site www.takamtikou.fr
Le précieux travail de collecte de contes des Éditions des Braques
Aux Éditions des Braques, représentées par Mathilde Davignon, l'accent est mis sur la préservation et la transmission des contes. En collaboration avec l'association Deci-Dela, un travail de collecte, sur le terrain, a été mis en place depuis plusieurs années. « Nous allons à la rencontre des conteurs et enregistrons leurs contes dans la langue d'origine pour préserver la version originale et tout le bagage culturel que cela comprend. Après traduction, nous proposons les contes avec la version française et la version originale. Tous ces contes sont disponibles sur le site www.contemoi.net », explique Mathilde Davignon.
Les ouvrages imprimés en Europe sont trop chers pour le marché africain
Figure incontournable de la littérature africaine pour la jeunesse, le Congolais Gabriel Kinsa (photo 3), fort de son vécu et de ses souvenirs de « la vie au village » écrit lui-même ses contes. Ses ouvrages sont édités, imprimés et distribués en France. Ce qui fait de lui, dans un rôle totalement complémentaire de ses voisines de table, un ambassadeur du conte africain en Europe. Mais il regrette que la place de la littérature jeunesse au Congo soit moindre que dans de nombreux pays du continent. Il tient à rappeler « qu'un projet de collaboration avec l'Unicef pour distribuer ses ouvrages dans les établissements scolaires du Congo est bloqué par un fonctionnaire du ministère de l'Enseignement primaire et secondaire ». Il souligne également que le prix de vente, surtout pour les ouvrages imprimés en Europe, demeure un obstacle à la diffusion des livres destinés à la jeunesse africaine.
Camille Delourme
Photo 1 : La littérature africaine pour la jeunesse et la transmission du patrimoine étaient au centre du débat de lundi matin.
Photo 2 : Antoinette Corréa est revenue sur le travail effectué par l'association Bibliothèque Lecture Développement au Sénégal.
Photo 3 : Gabriel Kinsa souligne les difficultés liées au prix des ouvrages imprimés en Europe.
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