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Spiritualité et pouvoir en Afrique.



      Le Sage Boubou Hama du Niger disait : « Le passé, le présent et l’avenir ne sont qu’une même réalité », confirmant ainsi une pensée de nos traditions lointaines : « Hier m’a enfanté, aujourd’hui, je crée les demain ».
Et moi je dis : « Sa majesté Benga Diboume est mort, Vive sa Majeste Njocke Essawe ». Merci Osiris Benga pour tout l’amour que tu m’a comblé de ton vivant, paix (3 Fois) à ton âme ; ton départ dans l’Amenta, le pays de nos traditions nous donne l’occasion ici, de nous souvenir de notre raison d’être sur terre en nous connectant à notre passé spirituel sans quoi notre existence n’aurait aucun sens.
Merci à notre Majesté Njocke Essawe dont la cérémonie d’intronisation sur le trône de nos traditions, va nous permettre pendant quelques heures de communier harmonieusement avec nos traditions lointaines et proches.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Nous allons parler de la spiritualité et pouvoir en Afrique.
I. Spiritualité
En effet, parler de la spiritualité (et pouvoir ) en Afrique, ne peut que nous conduire à effectuer un voyage vers l’Afrique profonde dans un passé immémorial, dont je ne me permettrai pas de fixer une date ; car si le premier sphinx de notre métropole, monument visible et palpable a une existence de plus de 5 millions d’années, construit par nos aïeux, je ne pourrais une fois de plus me permettre de projeter une date de l’époque où notre Dieu (AMON- RA- PTAH- NYAMBE WEKA HILOLOMBI – MAWEDJA- OLORUN- SI etc…) s’est révélé à nos aïeux et qu’ils ont constitués un système spirituel (et de pouvoir) qui est arrivé jusqu’à nos jours.
Un égyptologue de l’université de Heidelberg déclare ceci : « En Egypte (ou en Afrique), il n’y a pas de «philosophie » dans le sens d’une discipline qui traiterait des phénomènes logiques, cosmiques, politiques, etc. selon ses propres règles et de façon purement théorique, il n’y a pas de « Religion » dans ce sens d’un champs culturel différencié qui pourrait être opposé à d’autres champs comme la politique et la morale… Il y a une notion égyptienne (ou africaine) qui exprime plus clairement cette unité originelle, la notion de MAAT : signifiant à la fois Vérité, Ordre, Justice, Paix , englobant ainsi ce que l’occident différencie comme religion, sagesse, morale et droit. »
Oui l’Afrique ou « Afraka » est le coeur de notre Dieu RA ; nous sommes les enfants de RA, descendant du couple ancestral primordial RÊ – MUT de là viennent les mots MUT = homme, MOTO, MUTO = femme ; MUTU = Enfants. Voici ce que nous rapporte un texte du papyrus dit de « NESMIA » je cite : « La parole de RA –TUM ébranla l’univers et à mesure qu’il s’ébranlait, la lumière parut ». 1
Puis TUM dit : « J’ai crée toutes les formes avec ce qui est sorti de ma bouche alors qu’il n’y avait ni ciel ni terre ».
On comprend rapidement l’univers de la spiritualité en Afrique : c’est l’univers de la parole, parole sèche =pensée divine et parole humide donnée à l’Homme pour produire des sons qui permettent de transmettre la connaissance de générations en générations ; avec laquelle s’organise la vision du monde africain qui se concentre dans un diagramme de 9 cercles concentriques.
9
8
7
6
5
4
3
2
1 Légende :
1= Nyambe A Raptah 6 = Humains, Bato
2 = Ba Nyambe Meters 7= Animal, Nyama
3= Genie Tutelaire Belengu Lengu 8= Minéral, Eyei
4= Bapepe, Tradition
5= Homme complet, Bikumu Beyoum Ba Bato
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Cette parole se dévoile aux moralistes –artisans- artistes, au narrateur des cosmogonies et de mythes, des légendes et fables, des contes et proverbes, au sacrificateur et l’invocateur comme « Parole indicible ».
Ainsi donc en Afrique, le mystère du monde est dévoilé à qui l’oeil est couvert, l’oreille aiguë et sensible aux réalités journalières mais la langue silencieuse.
C’est bien un univers hautement initiatique car l’initiation oblige l’adepte à un effort permanent, patient, afin de posséder le savoir véritable, de jouir de la clairvoyance, de la clair audience, de la Sagesse et d’autre valeurs innombrables et de connaitre les principes du Cosmos pour assumer avec maturité les responsabilités SOCIALES.
On comprend ainsi le sens sacré des Temples antiques, des autels et des bosquets ou bois sacré, des collines de lumière, des rives et cours d’eau, des grottes inaccessibles ; c’est là que la grâce se donne et se mérite pour que la vérité se révèle.
Il n’y a rien dans cette démarche de la formation des hommes et des femmes afin de les préparer à atteindre une maturité pour bien assumer leurs responsabilités dans le respect de la vérité-justice ; amour et paix sociale, c’est-à-dire la MAAT qui ressemble au système éducatif colonial qui nous a été imposé.
Notons que, quand ses principes ont été élaborés par nos ancêtres il y a plus de 10 000 ans, aucun prophète n’avait encore prédit la naissance de la Bible.
Nous savons aujourd’hui qu’Abraham est venu en Afrique vers 1580 avant J. C. époque de l’invasion de notre pays par les Hyksos ; que Moïse, l’égyptien, a vécu plus de 60 ans en Egypte vers 1500 avant J. C. et initié au mystère des temples égyptiens.
Il est donc clair et évident, que si l’on fait dire aux Africains qu’ils sont les descendants d’Abraham et de Jacob, ils doivent se poser des questions, s’il ne s’agit pas d’une déviation par rapport à la voie tracée par nos aïeux ou d’une ignorance ou encore d’une aliénation volontairement orchestrée.
Comme nous venons donc de le voir, l’élévation sociale dans le peuple africain en général et dans la société globale Bakoko, en particulier, en vue d’assurer des responsabilités et le pouvoir en quelque domaine que ce soit, il faut passer par l’école initiatique, il faut passer impérativement par la spiritualité, car dans la société africaine, l’ignorance est considérée comme l’apanage des peu doués et des profanes.
Les enseignements de la science initiatique confèrent graduellement une connaissance rudimentaire, puis approfondie de l’histoire et de la tradition des lois de la nature, de l’organisation des mondes visibles et invisibles régit par le processus de la genèse divine, car Dieu le créateur est le détenteur primordial et le dispensateur permanent des sciences profanes et initiatiques. 3
La possibilité est donnée à tout homme d’accéder à ces connaissances qui le font tendre vers le premier cercle, celui de Dieu, de Nyambe puisqu’il a été crée à l’image de Dieu et l’initiation est la mieux placée pour permettre à l’homme d’avoir accès aux grandes sources de la connaissance.
Le Sphinx nous indique le chemin, il faut chercher à savoir, et quand on sait, il faut pouvoir, quand on peut, il faut oser puis se taire.
SAVOIR – POUVOIR – OSER – SE TAIRE, tel est l’enseignement du Sphinx.
II. Les origines de la spiritualité africaine
Nous avons dit plus haut que nous sommes nous Africains, les enfants du couple ancestral RE –MUT, c’est-à-dire RA –PUM et le nom de notre pays AFRAKA c’est-à-dire les fils de RA.
Il y a environ 13 000 ans avant J. C. Dieu nous a envoyé un fils, un avatar. Par le ventre d’une jeune fille vierge du nom de NUT, qui après être déifiée est devenue la grande dame du ciel. Elle était la fiancée du roi GEB, et le conseil des sages a dissuadé le Roi GEB de ne pas répudier sa fiancée car c’est la volonté de Dieu qui nous envoie un sauveur qui conduira le moment venu, les rescapés du grand cataclysme qui s’annonçait ; le Roi a obéit à l’ANNU, le grand pontife. Puis vint au monde USIR =Osiris, la mère NUT a donné d’autres enfants SETH – ASET=ISIS ; NEB- HET=Nephtys et USIR et ASET ont donné HOR (Horus=.
Comme cela était monnaie courante, aucun événement ne se produisit sans que le conseil de sages n’ait été informé par les traditions ; c’est ainsi que les habitants de notre pays ATLANA savaient que le grand cataclysme allait venir, c’est-à-dire le basculement des pôles.
Le pôle nord devient le pôle sud et inversement ; lorsque le basculement qui se produit tous les 25 920 ans environs se produisit, USIR a conduit les rescapés vers la terre promise par Dieu et les traditions, c’était la vallée du Nil. Lorsque les premiers rescapés sont arrivés à la vallée du Nil, un événement unique et sans précédent s’est produit : c’était la rencontre en un même lieu à 700 Km au sud du Caire de 3 divinités : NUT- RA- PTAH, et ce site fut appelé TA-NUT-RA-PTAH, c’est-à-dire lieu bénit de Dieu. Ce nom a été déformé par les Grecs en Ten Tyris, puis par les Arabes en DENDRAH et enfin, on le connaît sous DENDERAH. Un premier temple a été construit en ce lieu et existe jusqu’à nos jours, il est devenu le patrimoine mondial sous la protection de l’UNESCO. A partir de ce moment, sont nés un peu partout dans le pays, des écoles initiatiques sous l’inspiration de TETE – TEET- THOT, le scribe des dieux, et celui qui nous a révélé les Medu Neters que les Grecs appelleront Hiéroglyphe par la suite ; les sites principaux de ses écoles :KHEMENU-SEKHEM-BUSIRIS-DJEDU. Comme nous l’avons dit plus haut, ces centres initiatiques avaient pour mission de former les initiés à toutes les sciences, les grands dignitaires du pouvoir, les prêtres, les
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prophètes, les grands Vizirs et des scribes, des grands maîtres de combinaisons mathématiques divines et des astres.
Le gouvernement d’USIR a développé l’agriculture, l’irrigation, l’architecture et l’art.
Une vie religieuse importante se développa mais pas à la manière des religions conquérantes ni colonialistes.
On dit que l’histoire ne se répète pas, mais nous sommes entrain de revivre ce que nos ancêtres de l’époque pharaoniques ont vécu ; car les dynasties pharaoniques ont pris fin après le contact ave les Grecs et les Romains c’est-à-dire les Européens.
Nous sommes encore une fois de plus pourchassés par les mêmes Européens depuis le commerce triangulaire du XVe-XVI, jusqu’au XIXe siècle, puis leur colonisation, le cloute de tout est le coup fatal que ces religions dites révélées sont entrain de porter à notre vision du monde, à notre tradition, à notre spiritualité, en nous transformant en d’éternels profanes, des ignorants, qui ne recherchent plus le chemin de la connaissance, mais une croyance aveugle à ce qu’on ne connait pas. C’est Dieu, qui nous a transmis l’initiation, la connaissance, pour que nous puissions la perpétuer de générations en générations.
Le culte d’USIR en pratique dans notre pays depuis l’époque prédynastique, est encore pratiquée aujourd’hui de manière inconsciente dans tous nos rites du vécu quotidien, la pratique des textes des pyramides 2700 avant J.C. est encore présente dans nos rites funéraires des chefs. L’héritage des textes sacrés des sarcophages 2300 avant J. C. , le livre des deux chemins, du voyage du défunt dans l’au-delà où le défunt pourra être proclamé juste, sain, pur, glorifié et que les vivants fêtent 40 jours après la mort sont la preuve de la perpétuation du culte d’USIR.
Sans compter nos faits et gestes de la vie de tous les jours, où le sacré et le profane font bon ménage, dans le respect du chapitre 125 du livre de sortie vers la lumière du jour qui a été abusivement appelé le Livre des Morts.
Nos traditions ont vécu tout ce bonheur avant qu’Abraham, Joseph, Moïse et Jésus viennent en Afrique, en Egypte.
Laisser tomber nos traditions, c’est condamner la planète terre à sa perte, à moins que nos frères du Tibet et de Bolivie ne viennent au secours.
III. Le pouvoir
Tout ce que nous venons de dire montre clairement comment on doit accéder au pouvoir si on veut l’exercer dans la pratique de la MAAT c’est-à-dire de la vérité-justice de l’équilibre social dans l’amour du prochain, pour préserver la vraie paix sans laquelle la vie n’a plus de sens.
L’accession au pouvoir, même si elle est naturelle, passe nécessairement par la spiritualité initiatique. On ne devient pas chef par élection, on naît dans une famille de chef. Selon les rites précis qui autrefois on enfermait le chef et son épouse
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pendant une période, en pratiquant les rites, pour concevoir celui qui doit assurer la succession après la naissance, cet enfant était sous le regard vigilant du conseil des sages qui suivait son évolution, son éducation, jusqu’à son accession au trône. Si le moment venu on le soumettait à un vote populaire et qu’il échoue, il ne pourra pas communiquer les éléments du pouvoir qu’il a hérité à son concurrent.
Un chef doit avant tout être un grand initié, pour pouvoir être admis dans le cercle des grands initiés où il devient l’aîné parmi les aînés, ce qu’on appelait Per-Aha =Pharaon.
Le pouvoir dit traditionnel est celui qui vient des traditions. Puisque le chef est installé sur le trône des ancêtres, c’est le pouvoir légitime. Il a été longuement combattu, réduit à une simple expression d’auxiliaire de l’administration coloniale, j’espère que ce n’est plus le cas de nos jours, sinon c’est un désordre que nous créons sur notre plan et le monde des ancêtres.
Le chef est le principal garant des traditions avec les sages qui l’entourent. Si nous constatons aujourd’hui un abandon des traditions, une dégradation sociale, une pauvreté accrue, une corruption galopante, l’aliénation des terres des ancêtres ; les chefs dits traditionnels doivent prendre leur responsabilité, réunir les sages du peuple, interroger le cosmos. Pour plaider un retour à nos traditions, c’est possible pourvu que nous ayons la volonté de le faire.
L’école initiatique formait des hommes et des femmes d’une haute moralité, solide en tout point de vue et intègre.
Pendant que nous constatons que l’école colonial rend nos cadres faibles, fragiles, inconstants, corruptibles, ignorant les lois de la nature et incapables de résoudre de la vie des populations, car c’est l’école qui dispense un enseignement d’une intelligence des livres et non de la vie pour la vie.
Nous assistons donc, consciemment ou inconsciemment au dénigrement et la destruction de nos traditions par nos cadres formés à l’école occidentale, parce qu’ils croient que ce sont nos traditions qui sont la source de nos malheurs- Erreur ! (3 fois).
J’interpelle les chefs, les sages, les garants de nos traditions, s’ils existent encore, s’ils n’existent plus que les chefs recréent les écoles initiatiques avant qu’il ne soit trop tard parce que, aucune communauté humaine ne peut subsister si elle n’est pas fidèle à son passé.
Je suis heureux que nous ayons des invités venus d’Europe, ce n’est pas eux qui me démentiront si j’affirme que dans leur société hautement industrialisé, qu’on appelle Moderne, elle est une vielle société traditionnelle, vieille parce qu’elle transpire, sent et parle tradition tous les jours ; depuis l’école maternelle jusqu’au supérieur, l’enseignement est plein de la présence de leurs ancêtres, et on construit des domaines importants et très couteux pour conserver et perpétuer le passé. 6
Que ce soit l’économie de marché, de la philosophie, les travaux des Européens d’aujourd’hui ne font que continuer à reproduire les anciens : Aristote-Platon, Saint-Thomas d’Aquin, Hegel, Descartes, etc.
On voit bien clairement que la tradition occidentale est une gardienne fidèle de la modernité. Il devrait en être ainsi des traditions africaines.
J’ai dit. 7

 

                                                                                           Par le Prof. Ntoh .



31/10/2012
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