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Rejeté par les Sénégalais, Wade lance des accusations farfelues contre Gbagbo

 

 

par le 22/01/12 à 8:26

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Il y a des boucs émissaires qui manquent à leurs ennemis soucieux d’expliquer toutes leurs turpitudes. Ainsi, malgré son incarcération à la prison de Scheveningen aux Pays-Bas, le nom de Gbagbo est sur les lèvres de tous ceux qui voudraient faire oublier leurs errements – et complaire à la France officielle –  en se fabriquant un diable bien commode. Face au rejet des Sénégalais qui s’exprime de manière très claire, notamment dans la rue, à quelques mois d’une élection présidentielle à laquelle il a choisi de se présenter en violation de la Constitution – selon de nombreux experts du pays de la Téranga –, Abdoulaye Wade sort la carte Gbagbo. 

Si en dix ans de pouvoir, il n’a jamais réussi à régler la question de la rébellion en Casamance – trop occupé qu’il était à soutenir des insurrections meurtrières en Côte d’Ivoire et en Libye, pourrait-on ironiser méchamment –, c’est à cause de… Gbagbo. «Il y a toujours ce Salif Sadio qui était soutenu par Laurent Gbagbo, parce qu’il est passé en Côte d’Ivoire, il a séjourné là-bas deux ou trois fois, financé et armé, et c’est lui qui nous cause le plus de problème aujourd’hui», a prétendu Abdoulaye Wade, sans rire, devant les micros de RFI et les caméras de France 24. Avant d’ajouter : «Si je suis élu, je vais m’efforcer véritablement à résoudre [le problème casamançais]».
Gbagbo aurait donc financé la rébellion en Casamance ! Par quel moyen ? A partir de quand ? Quel est ce «scoop» qui a échappé à tous les médias du monde, aux services de renseignement occidentaux – particulièrement acharnés contre Gbagbo –, et qui n’est corroboré par aucun rapport de l’Onu, de l’Union africaine ou des nombreuses ONG qui font du «watching» sur tout le continent ? En réalité, cette rumeur imprécise et, pour dire les choses comme elles sont, farfelue, est née de manière très opportune entre les deux tours de la présidentielle ivoirienne, suite aux vives protestations d’Alcide Djédjé, conseiller diplomatique de Gbagbo, après les énièmes ingérences d’Abdoulaye Wade aux côtés d’Alassane Ouattara. Un journal sénégalais, L’Observateur, a évoqué des «sources ayant requis l’anonymat», qui constataient que «le président ivoirien a fait pire sans que Dakar ne rappelle son ambassadeur à Abidjan», et prétendaient que le rebelle Salif Sadio avait bénéficié du soutien de Gbagbo pour se soigner après être passé par la Gambie. Quand on se souvient des photos montrant Guillaume Soro et ses lieutenants à Dakar avant les accords de Linas-Marcoussis et de l’activisme de tout temps de Wade, qui parlait du chef des rebelles ivoiriens d’alors, à qui il avait remis un passeport diplomatique, comme son «fils», l’on se dit que le soutien imaginaire de Gbagbo aux rebelles casamançais a été bien discret…
Plus sérieusement, l’on se souvient que Wade avait promis, avant son élection en mars 2000, de régler le problème casamançais en 100 jours. Gbagbo est arrivé au pouvoir en octobre 2000, soit près de 200 jours plus tard, sans qu’aucune avancée n’ait été enregistrée sur ce terrain. Comment le père du «sopi» explique-t-il donc cet échec ? De plus, la rébellion casamançaise date de 1982. Faut-il croire qu’alors en exil en France, Laurent Gbagbo, enseignant dissident et opposant clandestin sans le sou, était «la main invisible» derrière le conflit naissant au Sénégal ? Si le ridicule tuait en Afrique, il y aurait en ce moment vacance du pouvoir au palais de l’Avenue de Roume à Dakar.

Philippe Brou



22/01/2012
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