Les Libyens protestent contre les hausses des prix
Face
aux prix en augmentation et à l'impossibilité de retirer de l'argent en
raison d'une crise bancaire au niveau des liquidités, les Libyens sont
descendus dans les rues ces derniers jours pour réclamer des mesures.
Les manifestants se sont rassemblés cette semaine sur la place Maydan
al-Sahajara, à Benghazi, pour critiquer le Conseil National de
Transition (CNT), taxé d'inaction. Les longues files d'attente, devant
les banques, sont devenues un spectacle routinier : les citoyens
viennent y retirer, en dinars libyens, l'équivalent de la somme de 230
euros, un montant bien faible pour les grandes familles.
Les manifestants ont réclamé de la transparence de la part du
Conseil ainsi que de nouvelles lois permettant de lutter contre les
hausses de prix. Ils ont également exprimé leur insatisfaction face au
conseil locale, et leur incertitude à l'égard de certains membres du
CNT.
"L'une des raisons justifiant les manifestations récentes de
Benghazi, cela a été le manque de liquidités dans les banques et le fait
que le Conseil de Transition n'ait pas encore agi", déclare Mahmoud
Ali, un libyen.
Abdul Karim, habitant de Al-Maraj, déplore les hausses quotidiennes
des prix et la présence de commerçants peu scrupuleux, n'hésitant pas à
vendre des produits périmés. "Par exemple, dans la ville de Benghazi,
une grosse quantité d'oeufs pourris, en provenance de la République
Arabe d'Egypte,
a été saisie et des camions ont été arrêtés transportant de la crème,
mais de couleurs et de spécifications interdites à l'international",
dit-il.
Le premier ministre du gouvernement par intérim Abdurrahim El Keib a
pris des initiatives visant à gérer la crise actuelle. Lors d'une
réunion du cabinet qui s'est tenue le dimanche 25 décembre, les
autorités ont discuté des procédures permettant de garantir les
liquidités et d'autoriser les flux des produits. Décision a été prise de
former un comité qui suivra les questions économiques les plus
épineuses et proposera des politiques aux niveaux financier, monétaire
et économique.
Mais les citoyens restent inquiets concernant la hausse des prix.
"Les prix augmentent au fil des ans, mais aujourd'hui tout est en
hausse", constate Najma Abdul Nabi, âgée de 65 ans. "Par exemple, le
lait du matin - à l'époque qui précédait Kadhafi, nous l'achetions trois
dirhams, et le temps passant, son prix a atteint 500 dirhams.
Aujourd'hui, le même petit conteneur a atteint la somme de 1 500
dirhams, et c'est le cas aussi des autres produits alimentaires. Il y a
également une défaillance au niveau du paiement des salaires et des
liquidités insuffisantes à disposition de la population",
indique-t-elle.
"Quand est-ce que cette crise se terminera ? Nous n'en savons rien",
ajoute-t-elle. "La vie est devenue difficile en raison du manque
d'espèces", dit-elle. "Je reste des heures en attendant que mon tour
arrive devant la banque, et avant que je ne me présente au guichet, on
nous annonce que toutes les liquidités ont été distribuées, on nous dit
de partir et de revenir le jour suivant, et ainsi de suite".
Fawzi Muftah, coordinateur des banques de l'est de la Libye,
affirme que la cause de la crise des liquidités a été le manque de
confiance des commerçants envers les établissements bancaires. Il
explique que les entreprises étaient lasses de déposer des fonds dans
les banques alors qu'au même moment, des comptes étaient gelés à
l'étranger.
"Oui, nous avons besoin de ces fonds gelés pour payer les salaires et la reconstruction de la Libye
après la guerre qu'elle a traversé. Dans un passé récent, nous avons
tenté de résoudre le problème du manque de liquidités en vendant aux
banques des devises étrangères, mais la hausse des prix a été un
obstacle à la réussite de cette solution", indique Muftah.
"Nous devons trouver une solution à la hausse des prix marchands et
il faut libérer les avoirs gelés, développer les lois commerciales
depuis les lieux d'importation des marchands", ajoute-t-il. "Nous ne
voulons pas terminer la guerre et entrer dans les dédales des produits
alimentaires pourris, périmés ou interdits". Lire l'article sur : Magharebia
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