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LES AFRICAINS AU DEVANT DE LA SCENE INTERNATIONALE

I- Kofi Annan

Kofi (Atta) Annan, né le 8 avril 1938 à Kumasi au Ghana, fut le septième secrétaire général des Nations unies et le premier à sortir des rangs du personnel de l'organisation. Il a occupé cette fonction de 1997 à 2006. Le 10 décembre 2001, il reçoit le Prix Nobel de la paix. Il parle couramment l'anglais, le français et de nombreuses langues africaines. Il est marié à Nane Lagergren, juriste et artiste suédoise, et fille de la demi-sœur de Raoul Wallenberg. Ils ont trois enfants.

Annan étudie à l'Université de science et de technologie de Kumasi puis au Macalester College situé à Saint Paul (États-Unis) en 1961 où il achève sa licence d'économie. Il entre ensuite à l'Institut de hautes études internationales de l'Université de Genève en Suisse (1961-1962) et au Massachusetts Institute of Technology (1971-1972) où il fait des études de troisième cycle en économie. En 1971 et 1972, Annan obtient son diplôme de maîtrise en sciences de gestion au Massachusetts Institute of Technology.

Il commence à travailler pour l'Organisation mondiale de la santé en 1962 comme fonctionnaire d’administration et du budget. Depuis, il a été en poste à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, à Addis-Abeba en Éthiopie, à la Force d’urgence des Nations unies (FUNU II) à Ismailia, au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Genève, puis au Siège des Nations unies à New York, comme sous-secrétaire général à la gestion des ressources humaines et coordonnateur des Nations unies pour les questions de sécurité (1987-1990) puis comme sous-secrétaire général à la planification des programmes, au budget et à la comptabilité, puis contrôleur (1990-1992). En 1990, après l’invasion du Koweït par l’Irak, M. Annan a reçu du secrétaire général pour mission spéciale d’organiser le rapatriement de l’Irak de plus de 900 fonctionnaires internationaux et ressortissants de pays occidentaux. Il a ensuite dirigé la première équipe des Nations unies chargée de négocier avec l’Irak sur la question de la vente du pétrole pour financer l’aide humanitaire.

En 1993, il est promu sous-secrétaire général de Boutros Boutros-Ghali. Il commence son premier mandat de secrétaire général de l'ONU le 1er janvier 1997. Le 29 juin 2001, sur recommandation du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale l’a réélu par acclamation pour un second mandat, commençant le 1er janvier 2002 et s’achevant au 31 décembre 2006.

Le 8 mars 2006, il a affirmé que selon lui, le monde est prêt à voir une femme à la tête des Nations unies.

Dans son discours d'adieu au poste de secrétaire général auquel lui a succédé le sud-coréen Ban Ki-moon à la fin du mois de décembre 2006, Kofi Annan a fustigé la politique des États-Unis qu'il appelle à suivre la voie du multilatéralisme en acceptant notamment l'élargissement du Conseil de sécurité et à respecter les

Il a repris la formule historique de l'ancien président des États-Unis Harry Truman dont il a invité les dirigeants actuels à suivre l'exemple : "la responsabilité des grands États est de servir et non pas de dominer les peuples du monde ".

Kofi Annan a été nommé le 14 juin 2007 à la tête de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), un organisme créé en 2006, financé par la fondation Bill-et-Melinda-Gates et la Fondation Rockefeller et regroupant des dirigeants, hommes d’affaire, agriculteurs et chercheurs. Le but de l’alliance est d’aider les paysans africains à améliorer leur rendement.

Le 4 octobre 2007, Kofi Annan est devenu le nouveau Président de la Fondation de soutien à l'Organisation mondiale contre la torture, la plus importante coalition internationale d'ONGs actives dans la protection des droits de l'homme dans le monde (regroupant 282 membres dans 92 pays), et ce afin de contribuer à la prise de conscience de l'érosion du respect des droits de l'homme et des normes internationales, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et des politiques sécuritaires5. Il préside également, depuis sa création en 2007, l'African Progress Panel, rassemblement de personnalités internationales (notamment Tony Blair, Bob Geldof et Michel Camdessus) engagées dans la défense du continent africain et chargé, notamment, du suivi des engagements du sommet du G8 de Gleneagles de 2005.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages :

• Nous les peuples : le rôle des Nations unies au XXIe siècle

• Appel à l'action

• Le pacte mondial

• Les causes des conflits et la promotion de la paix et d’un développement durables en Afrique

• Rénover les Nations unies

Diplômes et récompenses

• Prix Nobel de la paix en 2001

• Prix du Traité de Wesphalie 2008 (de)

• Prix Nord-Sud du Conseil de l'Europe en 2007

• Massachusetts Institute of Technology (MIT-Cambridge-USA): Master of Science 1972

• Université de technologie de Dresde (Allemagne) : doctor honoris causa (26 avril 1999)

• Freie Universität Berlin : doctor honoris causa (13 juillet 2001)

• Carleton University : Doctor of Laws, honoris causa (9 mars 2004)

• Université de Gand : doctor honoris causa (2004)

• Université d'Ottawa : Doctor of the University Degree (9 mars 2004)

• Université de Neuchâtel : doctorat honoris causa (1er novembre 2008)

Citations

• « Aujourd'hui nous vivons dans un monde où un homme a plus de chances d'être jugé s'il tue une seule personne que s'il en tue 100 000 ! » (dans Le Nouvel Observateur, 3/12/98)

•« Protéger l’environnement coûte cher. Ne rien faire coûtera beaucoup plus cher. »

• « Un des grands défis que la communauté internationale doit relever est de faire en sorte que tout le monde puisse partager les gains potentiels de la mondialisation, en particulier les pays et les populations les plus pauvres. De nombreux pays en développement ont fait la preuve de leur volonté d'intégrer rapidement dans le système commercial multilatéral, souvent à coût considérable. Malheureusement jusqu'à présent, les avantages qu'ils ont retirés de cette intégration sont très inférieurs à leurs espoirs et la rumeur de la protestation se fait toujours plus forte. »

• Au moment de son départ des Nations unies, il déclara au sujet de la Guerre civile au Darfour : « Soixante ans après la libération des camps de la mort nazis, trente ans après le Cambodge, la promesse du "jamais plus" sonne creux. Ils pourront avoir à répondre collectivement et individuellement pour ce qui est en train de se passer au Darfour. »

 

II- Lansana Kouyaté

Lansana Kouyaté, né en 1950 à Koba, est un diplomate et homme politique guinéen, Premier ministre du 1er mars 2007 au 20 mai 2008, date à laquelle il est limogé par le président Lansana Conté. Son successeur est Ahmed Tidiane Souaré. Il est ambassadeur de son pays en Égypte, au Soudan, en Turquie, en Jordanie, en Syrie et au Liban de 1987 à 1992. De 1992 à 1994, il est ambassadeur de son pays aux Nations unies. De 1993 à 1994, il est le représentant spécial en Somalie du secrétaire général de l'ONU . En juin 1994, il devient sous-secrétaire général chargé des affaires politiques pour l'Afrique, l'Asie de l'Ouest et le Moyen-Orient auprès du Conseil de sécurité, poste qu'il occupera jusqu'en 1997. Le 26 février 2007, le président Lansana Conté le nomme au poste de Premier ministre, conformément à un accord avec les syndicats visant à mettre fin à la grève générale qui paralyse le pays depuis janvier 2007. Il est depuis 1997, le secrétariat exécutif de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Il est marié et père de trois enfants. Il est Commandeur de la Légion d'Honneur (France) et Commandeur de l'Ordre du Mono, la plus haute distinction du Togo. En juin 2003, M. Lansana Kouyate, sur la proposition de M. Jean-Paul Carteron, Président du Forum de Crans Montana, s'est vu remettre par M. Walter Schwimmer Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, le presigieux PRIX DE LA FONDATION décerné par la Fondation du Forum Universale.

 

III- Alassane Ouattara

Alassane Dramane Ouattara, surnommé ADO, est un homme politique de Côte d'Ivoire, né le 1er janvier 1942 à Dimbokro1, près de la capitale Yamoussoukro2 (centre du pays).

Parcours scolaire et universitaire

• Études primaires en Côte d'Ivoire.

• Études secondaires en Haute Volta, l'actuel Burkina Faso,

• Études supérieures à l'université de Pennsylvanie, Philadelphie (États-Unis) - Doctorat d'État en Sciences économique) avec Thabo Mbeki.

Carrière d'économiste

Après un doctorat en économie aux États-Unis, au Drexel Institut of Technology et à l'université de Pennsylvanie, il devient économiste au FMI puis occupe différents postes à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) dont celui de gouverneur. En 1990, il est appelé pour résoudre la crise économique qui frappe la Côte d'Ivoire en tant que président du comité interministériel de la coordination du programme de stabilisation et de relance économique, puis en tant que premier ministre l'année suivante.

Débuts en politique

En tant que premier ministre, il mène une politique de rigueur budgétaire qui est durement ressentie par la population ; mais il finit par assainir les finances publiques[réf. nécessaire]et redonner confiance aux bailleurs de fonds. Il crée également la carte de séjour pour les travailleurs étrangers. Pendant cette période, l'opposant et désormais depuis 2000 président Laurent Gbagbo, arrêté à la suite d’une manifestation pacifique, est condamné le 6 mars à deux ans de prison. Le Député Gbagbo et les autres condamnés, dont son épouse Simone Gbagbo et son fils ainé Michel Gbagbo, seront amnistiés fin juillet 1992, par le Président Félix Houphouët-Boigny. Remplacé de son poste de premier ministre par Daniel Kablan Duncan en 1993, Alassane Ouattara négocie un poste de directeur général adjoint au FMI.

ADO de par son parcours professionnel au sein de grandes institutions financières, jouit d'une bonne réputation auprès des organisations financières internationales.

Les dates clefs de sa carrière professionnelle

• Avril 1968 - août 1972 : économiste au FMI à Washington.

• Août 1973 - février 1975 : chargé de mission au siège de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) à Paris.

• Février 1975 - décembre 1982 : conseiller du gouverneur et directeur des études de la BCEAO à Paris puis à Dakar.

• Janvier 1983 - octobre 1984 : vice-gouverneur de la BCEAO à Dakar.

• Novembre 1984 - octobre 1988 : directeur du département Afrique au FMI à Washington.

• Octobre 1988 - décembre 1990 : gouverneur de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest à Dakar.

• Avril à novembre 1990 : président du comité interministériel de la Coordination du programme de stabilisation et de relance économique de la Côte d'Ivoire.

• Novembre 1990 - décembre 1993 : premier ministre de la Côté d'Ivoire.

• Mai 1994 - juillet 1999 : directeur adjoint du Fonds monétaire international.

 

IV- Rolihlahla Mandela

Rolihlahla Mandela est né le 18 juillet 1918 dans le village de Mvezo, au bord de la rivière Mbashe au Transkei dans la province du Cap-Oriental de l'Afrique du Sud4. Il est le fils d'une famille royale Thembu de l'ethnie Xhosa, qui règne sur ce Bantoustan4. D'après le généticien Luigi Cavalli-Sforza, il est pour moitié Hottentot, c'est-à-dire un bochiman, une population le plus souvent méprisée par les Xhosas qui font partie des Bantous. Son arrière grand-père paternel est Inkosi Enkhulu, ou roi du peuple Thembu.Un des fils du roi, qui s'appelait Mandela, est le grand-père du futur Nelson et l'origine de son nom de famille. Cependant les descendants de cette branche de la famille n'étaient pas éligibles à la succession du trône Thembu.

Le père de Mandela, Gadla Henry Mphakanyiswa, est chef du village de Mvezo7. Cependant il s'aliène les autorités coloniales qui le déchoient de sa fonction et exilent sa famille dans le village de Qunu. Malgré cela, Mphakanyiswa reste un membre du conseil privé du roi, et a un rôle capital dans l'ascension du nouveau régent Jongintaba Dalindyebo au trône Thembu. Dalindyebo se souviendra de son aide en adoptant Mandela de manière informelle à la mort de son père8. Le père de Mandela à quatre femmes8 qui lui donneront 13 enfants8. Mandela est né de sa troisième femme (troisième d'après un système de classement royal complexe), Nosekeni Fanny du clan Mpemvu Xhosa, sur les terres duquel Mandela passera la plus grande partie de son enfance9. Le prénom de Mandela, Rolihlahla signifie « enlever une branche d'un arbre » ou plus familièrement « fauteur de trouble ».

Rolihlahla Mandela devient le premier membre de sa famille à aller à l'école, où son institutrice Miss Mdingane lui donne le nom anglais de Nelson, pratique courante à cette époque.

Son père décède d'une tuberculose alors qu'il n'a que neuf ans8 et le régent, Jongintaba devient son tuteur8. Il va alors à l'école d'une mission méthodiste située à côté du palais du régent. Suivant le coutume Thembu, il est initié à l'âge de seize ans et va au Clarkebury Boarding Institute13. Nelson Mandela passe son Junior Certificate en deux ans au lieu des trois ans habituels13. Désigné pour hériter de la fonction de conseiller de son père, Mandela va en 1937 à l'école méthodiste d'Healdtown à Fort Beaufort où étudie la plupart de la la famille royale Thembu14. A 19 ans il pratique la boxe et à la course à pied dans cette école.

Les méthodes non-violentes de Gandhi avaient inspiré Nelson Mandela (Face à face d'un policier et de Gandhi alors qu'il mène la grève des mineurs indiens en Afrique du Sud, 1913).

Diplômé, il rejoint l'université de Fort Hare pour un Baccalauréat en arts. Il y rencontre Oliver Tambo qui devient son ami et collègue. Il y découvre le nationalisme africain, n'est pas convaincu par le marxisme diffusé par le Parti communiste sud-africain et adhère à la doctrine de non-violence pronée par Gandhi15. Gandhi, qui avait commencé sa résistance non-violente alors qu'il était en Afrique du Sud, influence non seulement les méthodes de Nelson Mandela mais aussi celle de plusieurs générations d'activistes anti-apartheid qui y voient une méthode pour lutter contre l'oppression et le colonialisme16,17. À la fin de sa première année, en tant que membre du conseil représentatif des étudiants, il est impliqué dans le boycott du règlement universitaire qui veut transformer le conseil en simple chambre d'enregistrement. Il est alors renvoyé de l'université.

Peu après avoir quitté Fort Hare, Jongintaba annonce à Mandela et Justice, son fils et héritier au trône, qu'il a organisé un mariage arrangé pour chacun d'eux. Les deux jeunes hommes, mécontents de cet arrangement, choisissent de s'enfuir à Johannesburg19 A son arrivé, Nelson Mandela trouve un emploi de garde dans une mine20. Cependant, l'employeur annule vite le contrat quand il s'apperçoit que Mandela est le fils adoptif en fuite du régent. Nelson Mandela travaille ensuite comme employé dans un cabinet d'avocat grace à ses relation avec son ami et mentor Walter Sisulu20. Tout en travaillant, Nelson Mandela complète son diplôme de Baccalauréat en arts à l'Université d'Afrique du Sud par correspondance, et après commence des études de droit à l'Université du Witwatersrand où il rencontre de nombreux futurs activistes anti-apartheid.

Activité politique contre l'apartheid

Résistance Non-Violente


Apartheid et ségrégation raciale: panneau interdisant l'accès d'une plage aux personnes de couleur et aux chiens.

C'est en 1944 que Nelson Mandela rejoint le Congrès national africain (ANC)1 et fonde la Ligue de jeunesse de l'ANC avec Walter Sisulu et Oliver Tambo qui incite aux actions de masse afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale qui s'uniformise sur l'ensemble des 4 provinces depuis la fondation de l'Union Sud-Africaine. Depuis 1913, le Native Land Act (« loi sur la propriété foncière indigène ») interdit aux Africains d’être propriétaires de terres en dehors des « réserves » indigènes existantes, seul 7 % de la superficie totale de l’Union sud-africaine sont alors attribuées aux Noirs21. Cette loi provoque l’expropriation de nombreux paysans indépendants noirs et la constitution d’un prolétariat agricole. En 1923, le Native Urban Areas Act (« loi sur les régions urbaines indigènes ») introduit la ségrégation résidentielle. Ensuite en 1936 est abrogé le Representation of Natives Act (loi sur la représentation des indigènes), ce qui remet en cause le droit de vote des Noirs dans la province du Cap22. Enfin, en 1942, les grèves des travailleurs noirs sont interdites.

Aux élections générales de 1948, la victoire du Parti national, un parti alors exclusivement Afrikaner, entraîne la mise en place d'une nouvelle politique de ségrégation sous le nom d'apartheid24, où le rattachement territorial puis la nationalité et le statut social dépendent du statut racial de l'individu, défavorisant largement la population noire et interdisant les mariages mixtes, entre autre. En 1951, Olivier Tambo et Mandela sont les deux premiers avocats noirs de Johannesburg15. En 1952 Nelson Mandela est élu président de l’ANC du Transvaal et vice président national15. Il mène avec l'ANC une campagne de défiance qui prone la désobéissance civile contre les lois considérées injustes, qui culmine avec une manifestation le 6 avril 1952, date du 300e anniversaire de la fondation du Cap par le néerlandais Jan van Riebeeck. Sur les 10 000 manifestants, 8 500 sont arrêtés, y compris Nelson Mandela. En juin 1952 il mène une autre action de désobéissance civile civile, la «défiance campaign», qui culmine en octobre par des manifestations contre les lois de ségrégation et contre le port obligatoire de laissez-passer pour les noirs. L’état d’urgence est proclamé permettant au gouvernement Malan de gouverner par décrets. Mandela est condamné à neuf mois de prison avec sursis, se voit interdit toute réunion et est placé en résidence surveillée chez lui à Johannesburg. Il organise pendant ce temps l’ANC en cellules clandestines15. En 1955 a lieu le congrès du peuple qui adopte la charte de la liberté qui donne les bases fondamentales du mouvement anti-apartheid25,26. Pendant cette période, Nelson Mandela et son ami Oliver Tambo, dirigent le cabinet d'avocat Mandela & Tambo qui fournit un conseil juridique gratuit ou à bas-coût pour les nombreux noirs qui ne peuvent payer les frais d'avocats.

Nelson Mandela assouplit son fort anti-communisme chrétien pour demander l’union entre les nationalistes noirs et les blancs du parti communiste sud-africain dans le combat contre l'apartheid. Le Supression communist act du gouvernement qui considère comme communiste quiconque «cherche à provoquer un changement politique, industriel, économique ou social par des moyens illégaux», alors qu'il n'existe aucune possibilité pour les Noirs d'être représenter au parlement pour lutter contre l'apartheid sur le terrain législatif et que les droits électoraux des métis du Cap sont sur le point d'être supprimés 28, contraint tous les courants allant du nationalisme au révolutionnaire à s'unir15. Alors qu'ils sont engagés dans une résistance pacifique, Nelson Mandela et 155 autres personnes sont arrêtés le 5 décembre 1956 et accusés de trahison. Un procès marathon qui dure jusqu'en 1961 s'ensuit, où tous les défendants sont finalement acquittés par la justice sud-africaine.

De 1952 à 1959, une nouvelle sorte d'activistes noirs connus sous le nom d'Africanistes troublent les activités de l'ANC dans les townships, demandant une action plus drastique contre la politique du gouvernement30. La direction de l'ANC, qui comprend Albert Luthuli, Oliver Tambo et Walter Sisulu, pense que non seulement les africanistes veulent aller trop vite, mais aussi qu'ils remettent en question leur autorité30. L'ANC renforce donc sa position en faisant des alliances avec des petits partis politique blancs, indiens et colorés dans une tentative d'apparaître plus rassembleur que les africanistes30. En 1959, l'ANC perd son plus grand son soutien militant quand la plupart des africanistes, qui ont l'aide financière du Ghana et politique des Basothos, font sécession pour former le Congrès panafricain (PAC) sous la direction de Robert Sobukwe.

Campagne de sabotage et préparation à la lutte Armée


Peinture représentant des victimes du massacre de Sharpeville.

Le 21 mars 1960 a lieu le massacre de Sharpeville, un township de Vereeniging dans le sud du Transvaal. Lors d'une manifestation du Congrès panafricain contre l'extension aux femmes du passeport intérieur (Pass book), que les hommes noirs sont obligé de porter constamment sur eux sous peine d'être arrêté ou déporté32, une soixantaine de policiers33 sur un effectif total de 300 hommes retranchés dans un local de la police et appuyés par des véhicules blindés, tirent sans sommations sur une foule d'environ 5 000 personnes dont seuls 300 sont encore à proximité des policiers, le reste de la foule ayant commencé à se disperser34,33. Il y a 69 morts dont 8 femmes et 10 enfants ainsi que 180 blessés dont 31 femmes et 19 enfants35. La majorité des blessures par balles sont faites dans le dos sur une foule en fuite et qui n'était pas armée34,32. Selon les policiers, les tirs ont été dus à la panique et à l'inexpérience suite à des jets de pierres alors que la Commission de la vérité et de la réconciliation concluera selon les témoignages de manifestants que les tirs étaient délibérés34,36,37. Le gouvernement déclare l'état d'urgence face aux manifestations qui s'ensuivent et interdit l'ANC et le PAC, dont les leaders sont emprisonnés ou assignés à résidence. Albert Lutuli, le président de l'ANC, obtient le prix nobel de la paix la même année.

La stratégie non-violente de l'ANC est abandonnée par Nelson Mandela qui fonde en 1961 Umkhonto we Sizwe (MK), réseau prônant l'action armée38. En mai 1961, il lance avec succès une grève générale où les grévistes restent à leurs domiciles, le «stay at house», obligeant le gouvernement à faire intervenir la police et l'armée15. Il écrit et signe un plan de passage graduel à la lutte armée15. Il coordonne des campagnes de sabotage contre des cibles militaires et gouvernementales, préparant des plans pour une possible guérilla si les sabotages ne suffisaient pas à mettre une fin à l'apartheid39. Nelson Mandela décrit le passage à la lutte armée comme un dernier recours; l'augmentation de la répression, des violences policières et de l'état le convainc que des années de lutte non-violente contre l'apartheid n'ont apporté aucun progrès..

Nelson Mandela favorise le sabotage qui «n’entraîne aucune perte en vie humaine et ménage les meilleures chances aux relations interraciales» avant de s'engager dans «la guérilla, le terrorisme et la révolution ouverte»15. Un membre de l'ANC Wolfie Kadesh explique la campagne de sabotage à la bombe menée par Mandela: « (...) faire exploser des lieux symboliques de l'apartheid, comme des bureaux du passeport interne, court de justice pour natifs, et des choses comme ça... Des bureaux de poste et ... Des bureaux du gouvernement. Mais nous devions le faire d'une telle façon que personne ne serait blessé, personne ne serait tué. ». Mandela dira de Kadesh: « Sa connaissance de la guerre et son expérience de première main du combat m'ont été extrêmement précieuse. »

 

Mandela collecte aussi des fonds à l'étranger pour le MK et organise l'entrainement paramilitaire du groupe39. Il suit une formation militaire dans l'Algérie nouvellement indépendante et étudie Clausewitz, Mao Zedong, Che Guevara et les spécialistes de la guerre des Boers .

Arrestation et procès de Rivonia


Hutte à Rivonia où ont été arrêtés les dirigeant de l'ANC en 1963.

Le 5 août 1962, Nelson Mandela est arrêté après 17 mois de clandestinité et est emprisonné au fort de Johannesburg42. L'arrestation a été rendue possible par la Central Intelligence Agency (CIA) qui a renseigné la police sur la cachette et le déguisement de Mandela en chauffeur de voiture2,43. Il est en effet considéré comme «terroriste» et «communiste» dans le contexte de guerre froide où l’apartheid veut se se présenter comme une défense contre le communisme en Afrique Australe15. Trois jours plus tard, les accusations d'organiser une grève en 1961 et quitter le pays illégalement lui sont lus. Le 25 octobre, Nelson Mandela est condamné à cinq ans de prison.

Pendant son emprisonnement, la police arrête plusieurs dirigeants de l'ANC à Rivonia, au nord de Johannesburg, où est situé le quartier général de la direction d’Umkhonto, le 11 juillet 1963. Parmi les 11 personnes arrêtées figurent Walter Sisulu et Govan Mbeki. Nelson Mandela est lui-aussi mis en cause et avec ses compagnons, est accusé non seulement de sabotage et de trahison mais aussi de comploter une invasion du pays par l'étranger, ce que Mandela dément44. Le procès de Rivonia débuta le 9 octobre 1963 et s’acheva le 12 juin 1964. Dans sa déclaration pour sa défense le 20 avril 1964, devant la Cour suprême de l’Afrique du Sud à Pretoria, Nelson Mandela expose clairement le raisonnement qui l'a fait recourir à la violence comme tactique45. Il révèle comment l'ANC a utilisé des méthodes pacifiques pour résister à l'apartheid pendant des années, jusqu'au massacre de Sharpeville, la déclaration d'état d'urgence et l'interdiction de l'ANC par le gouvernement, qui leur a montré que leur seul choix était de résister à travers des actes de sabotage32. Faire autrement aurait été pour eux pareil à une capitulation sans condition. Nelson Mandela explique comment ils ont écrit le manifeste du Umkhonto we Sizwe avec l'intention de montrer l'échec des politiques du Parti National quand l'économie serait menacée par le manque de volonté des étrangers à risquer des investissements dans le pays46. Il finit sa déclaration par ces paroles:

« Toute ma vie je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu contre la domination blanche, et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et accomplir. Mais si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

L'avocat afrikaner Bram Fischer fait partie de l'équipe de la défense qui représente les accusés47 Ils sont tous jugés coupable, à l'exception de Lionel Bernstein (acquitté), mais échappent à la peine de mort et sont condamnés à la prison à vie le 12 juin 196448. Ils sont condamnés pour implication dans des actions armées, en particulier quatre sabotages, ce que Mandela admet, et aussi pour conspiration en vue d'aider d'autres pays à envahir l'Afrique du Sud, ce que Mandela dément.

Emprisonnement


Cellule de Nelson Mandela dans la prison de Robben Island

Manifestation de solidarité à Nelson Mandela en Allemagne, 1986


Timbre soviétique (1988) à l'effigie de Nelson Mandela à l'occasion de son 70e anniversaire

Nelson Mandela est emprisonné dans l'île-prison de Robben Island où il restera 18 de ses 27 années de prison49. Alors qu'il est en prison, sa réputation grandit et il devient connu de manière internationale comme le plus important dirigeant noir d'Afrique du Sud1. Sur l'île, lui et d'autres prisonniers doivent effectuer des travaux forcés dans une carrière de chaux50. Les conditions de vie dans la prison sont très rudimentaires. Les prisonniers sont séparés par couleur de peau, les prisonniers noirs recevant les plus petites rations. Les prisonniers politique dont fait partie Nelson Mandela sont séparés des criminels de droit commun et ont encore moins de privilèges51. Mandela étant un prisonnier de classe D (la plus basse classe), il n'a droit qu'à un visiteur et une lettre tous les 6 mois52. Quand il reçoit une lettre, c'est souvent après qu'elle est été retardée durant une longue période et rendue illisible par la censure de la prison.

Pendant son emprisonnement, Mandela étudie par correspondance avec l'Université de Londres via son programme externe, et reçoit un diplôme de Bachelor of Laws. Il est même présélectionné pour le titre de Chancelier de cette université mais perd face à la princesse Anne du Royaume-Uni.

Dans ses mémoires publiées en 1981, l'agent secret Gordon Winter dévoile son implication dans un complot pour faire évader Mandela en 1969: le groupe des comploteurs avait été infiltré par Winter pour le compte du gouvernement sud-africain. Celui-ci voulait que Mandela s'échappe pour qu'il puisse ensuite être abattu pendant la poursuite. Le complot avait été déjoué par les services secrets britannique.

En Mars 1982, Mandela est transféré, en compagnie des principaux dirigeant de l'ANC à la prison de Pollsmoor52, dans la banlieue du Cap. S'il a été envisagé un moment que ce transfert avait été réalisé afin d'éloigner ces dirigeants de la nouvelle génération de noirs emprisonnés à Robben Island, surnommée l'Université Mandela1, le ministre de la justice Kobie Coetsee a dit au contraire que ce transfert avait été accompli afin de pouvoir établir un contact discret entre eux et le gouvernement sud-africain.

Pendant les années 1980, le MK lance une guerilla contre le régime de l'apartheid, dans laquelle de nombreux civils sont tués39. En février 1985, le président Pieter Willem Botha offre à Nelson Mandela, contre l'avis de ses ministres, la liberté conditionnelle en échange d'un renoncement à la lutte armée56. Mandela rejette l'offre, disant dans un communiqué transmis par sa fille Zindzi: « Quelle liberté m'est offerte alors que l'organisation du peuple demeure interdite ? Seuls les hommes libres peuvent négocier. Un prisonnier ne peut pas faire de contrats. »

La première rencontre entre Nelson Mandela et le gouvernement a lieu en novembre 1985 quand le ministre de la justice, Kobie Coetsee, rencontre Mandela à l'hôpital Volks au Cap, où il est opéré de la prostate57. Le long des quatre années suivantes, une série de rencontres posent les bases pour de futures négociations, mais aucun progrès réel n'est réalisé55. Il est en partie libéré le 7 décembre 1988 et mis en résidence surveillée.

Pendant toute la durée de l'emprisonnement de Nelson Mandela, la pression locale et internationale pour sa libération augmente sur le gouvernement sud-africain, sous le slogan « Libérez Nelson Mandela ! »58. En juin 1988 à lieu le Concert hommage des 70 ans de Nelson Mandela à Wembley regardé par 600 millions de téléspectateurs dans 67 pays, qui expose au niveau mondial la captivité de Mandela et l'oppression de l'apartheid, et qui, selon l'ANC, force le régime sud-africain à libérer Mandela plus tôt que prévu59. En 1989, L'Afrique du Sud arrive à un moment décisif lorsque Botha à une attaque cérébrale et est remplacé comme président par Frederik Willem de Klerk60. De Klerk annonce la libération de Nelson Mandela en février 1990.

Libération, prix Nobel et démocratisation de l'Afrique du Sud


Frederik Willem de Klerk et Nelson Mandela au Forum économique de Davos, 1992.

Le 2 février 1990, F.W. de Klerk annule l'interdiction de l'ANC et des autres organisations anti-apartheid, et annonce que Mandela sera libéré sous peu62. Nelson Mandela est libéré le 11 février 1990 et l'événement est retransmit en direct dans le monde entier.

Le jour de sa libération, Nelson Mandela fait un discours adressé à la nation. Il y déclare son engagement pour la paix et la réconciliation avec la minorité blanche du pays, mais annonce clairement que la lutte armée de l'ANC n'est pas terminée:

« Notre recours à la lutte armée en 1960 avec la formation de l'aile militaire de l'ANC était purement une action défensive contre la violence de l'apartheid. Les facteurs qui ont rendu nécessaire la lutte armée existent toujours aujourd'hui. Nous n'avons aucune options à part continuer. Nous espérons qu'un climat propice à une solution négociée existera bientôt, ce qui rendra inutile la lutte armée. »

Mandela dit aussi que son objectif principal est de donner la paix à la majorité noire et de lui donner le droit de vote aussi bien aux élections nationales que locales.

En 1991, l'ANC tient sa première conférence nationale depuis sa légalisation, et Nelson Mandela est élu président de l'organisation. Son vieil ami Oliver Tambo, qui avait dirigé l'ANC en exil pendant la captivité de Mandela, devient secrétaire national65. Nelson Mandela mène le parti dans les négociations sur le démantèlement de l’apartheid en Afrique du sud entre 1990 et 1994.

Le président américain Bill Clinton et Nelson Mandela à Philadelphie, États-Unis, le 4 juillet 1993.

Les négociations sont parfois tendues comme lorsqu'en 1991 Mandela qualifie De Klerk de « dirigeant d'un régime illégitime, discrédité et minoritaire ». Les pourparlés s'arrêtent suite au massacre de Boipatong en juin 1992 où Mandela rompt les négociations accusant le gouvernement de De Klerk de complicité de ces tueries67. Les négociations reprennent cependant en juin 1992 après le massacre de Bisho, quand les menaces de confrontations sanglantes rendent claires que les négociations sont la seule issue11. Les avancées de Nelson Mandela et du président F.W. de Klerk, sont reconnus mondialement quand ils reçoivent conjointement le Prix Nobel de la Paix en 1993.

Quand Chris Hani, un des dirigeants du MK et du Parti communiste sud-africain est assassiné en avril 1993 avec la complicité d'un membre du Parti conservateur d'Afrique du Sud opposé à la fin de l'apartheid, il y a des craintes que le pays soit à nouveau plongé dans la violence68. Nelson Mandela lance un appel au calme au pays, un discours considéré comme présidentiel bien qu'il n'ai pas encore été élu:

« Je m'adresse ce soir à tous les sud-africains, noirs et blancs, du fond de mon être. Un homme blanc, plein de préjugés et de haine, est venu dans notre pays et à accompli une action si ignoble que notre nation tout entière se situe au bord du précipice. Une femme blanche d'origine Afrikaner a risqué sa vie pour que nous puissions reconnaître et traduire en justice cet assassin. Le meurtre de sang-froid de Chris Hani a créé un choc dans tout le pays et dans le monde... Il est maintenant temps pour tous les sud-africains de s'unir contre ceux, de n'importe quel camp, espèrent détruire ce pour quoi Chris Hani a donné sa vie : la liberté pour chacun d'entre nous69 »

Bien que des émeutes aient lieu après l'assassinat, les négociateurs sont galvanisés et parviennent à un accord pour des élections démocratiques le 27 avril 1994, un an après le meurtre de Chris Hani.

 

Président d'Afrique du Sud


Le président Nelson Mandela à Brasilia, Brésil, juillet 1998.

À la suite des premières élections générales multiraciales du 27 avril 1994, remportées largement par l'ANC (62,6% des voix), Nelson Mandela est élu Président de la république d'Afrique du Sud et prête serment aux Union Buildings de Pretoria le 10 mai 1994 devant une grande partie des responsables politique internationaux, d'Al Gore à Fidel Castro. Il préside au premier gouvernement non racial du pays, en l'occurrence un gouvernement d'unité nationale entre l'ANC, le Parti National et le parti zoulou Inkatha Freedom Party. Ses deux vice-présidents sont alors Thabo Mbeki (ANC) et Frederik de Klerk (NP)70. Dans son discours d'investiture, Mandela célèbre la fin de l'apartheid dont « doit naître une société dont toute l'humanité sera fière », le retour de l'Afrique du Sud dans la communauté internationale et l'amour commun du pays et l'égalité raciale qui seront le ciment de la nouvelle « nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde ». Il évoque les défis de son mandat que sont la lutte contre la pauvreté, les discriminations et « qu'il n'y a pas de voie facile vers la liberté »71. La date du 27 avril devient un jour férié en Afrique du Sud, le Jour de la liberté.

Commission de la vérité et de la réconciliation

Conformément aux négociations de la période de transition, une commission de la vérité et de la réconciliation, présidée par l'archevêque anglican et prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, est créée pour entendre des exactions et des crimes commis sous l'apartheid par le gouvernement, les forces de sécurité mais également par les mouvements de libération comme l'ANC72. La commission entend de nombreux récits sur les violences extrêmes et des injustices commises par les deux camps et offre une catharsis aux personnes et communautés blessées par les événements passés73. Il s'agit de confronter le passé afin de tourner la page historique douloureuse, de permettre d'exposer la vérité et aux coupables de se confesser, une amnistie étant offerte en cas d'aveux. En l'absence de confession ou de non-apparition devant la commission, des poursuites judiciaire peuvent être engagée si les autoritées ont assez de preuves.

Si des policiers, soldats ou citoyen ordinaires confessent leurs crimes, peu responsables de haut niveau comparaissent devant la commission. L'ancien président P.W. Botha et le vice-président Thabo Mbeki refusent de comparaître. Nelson Mandela admettra plus tard que dans sa lutte contre l'apartheid, l'ANC avait aussi violé les droits de l'homme, et il critiquera ceux de son propre parti qui essayaient de supprimer des éléments des rapports de la commission allant dans ce sens.

Réconciliation nationale

Prônant la réconciliation nationale, il se rend à Orania pour rencontrer la veuve d'Hendrik Verwoerd et organise une tea party à Pretoria réunissant les épouses des anciens premiers ministres et présidents afrikdu pays avec les épouses des anciens prisonniers de Robben Island. Mandela encourage les sud-africains noirs à soutenir l'équipe de rugby des Springboks lors de la coupe du monde de rugby 1995 qui a lieu dans le pays75. Après la victoire, Mandela presente le trophé au captaine de l'équipe Francois Pienaar, un Afrikaner. Mandela porte le maillot avec le numéro de Pienaar, et l'événement est vu comme un grand pas dans la reconciliation entre les noirs et les blancs d'Afrique du Sud.

Internationalement, Mandela redonne une légitimité à l'Afrique du Sud qui est donnée en exemple en matière de réconciliation nationale.

Reconstruction économique


Maison construite par le RDP à Soweto.

Le gouvernement entame dès 1994 le programme de reconstruction et de développement (RDP) pour combattre les conséquences socio-économiques de l'apartheid, comme la pauvreté et le grand manque de services sociaux, des problèmes qui requièrent selon le gouvernement un environnement macroéconomique plus fort77. L'amplitude du programme est comparé à celle du New deal mis en place par le gouvernement américain lors de la Grande Dépression et est soutenu par tous les partis politique.

Entre 1994 et début 2001 selon le gouvernement sud-Africain, plus de 1,1 million de maisons à bas coût pouvant bénéficier de l'aide gouvernementale ont été construites, accueillant 5 millions d'Africains du Sud sur les 12,5 millions mals logés 79. Entre 1994 en 2000, 4,9 million de personnes pour la plupart habitant les anciens homelands bénéficient d'un accès à l'eau potable et 1.75 million de foyers sont raccordés au réseau électrique, la proportion de foyers ruraux avec l'électricité passant de 12 à 42%79. En 1999, 39 000 familles ayant bénéficié de la réforme agraire se partagent 3550 km². Selon le gouvernement en quatre ans 250 000 personnes ont reçu des terres 79. D'avril 1994 à fin 1998, 500 nouvelles cliniques donnent un accès aux soins à 5 million de personnes et un programme de vaccination contre la poliomyélite-hépatite qui débute en 1998 immunise 8 million d'enfants en deux ans79. Un programme de l'emploi par les travaux public par la construction de routes, égouts ou réservois donne du travail à 240 000 personnes sur 5 ans79. Le RDP est cependant critiqué pour la faible qualité des maisons construites dont 30% ne respectent pas les normes79, un approvisionnement en eau dépendant beaucoup des rivières et des barrages80 et dont la gratuité pour les ruraux pauvres est couteuse. A peine 1% des terres envisagé par la réforme agraire ont été effectivement distribué et le système de santé est impuissant à combattre l'épidémie de SIDA qui fait baisser l'espérance de vie moyenne des africains du Sud de 64,1 à 53,2 ans de 1995 à 1998.

Politique intérieure et internationale

En 1995, la constitution provisoire élaborée pendant les négociations pour mettre fin à l'apartheid est remplacé par une nouvelle constitution. En juin 1996, le parti national quitte le gouvernement peu après son adoption. Il accepte d'être médiateur de plusieurs négociations de paix, notamment dans l'Afrique des grands lacs. En 1997, Mandela quitte la présidence de l'ANC qui échoit à Thabo Mbeki. La peine de mort est abolie la même année.

Dans la première opération militaire post-apartheid, Mandela ordone aux troupes sud-africaines d'intervenir au Lesotho en Septembre 1998 pour protéger le gouvernement du premier ministre Pakalitha Mosisili.

Le président Mandela intervient également pour régler le procès des deux Libyens accusés par les Etats-Unis et le Royaume-Uni de l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 victimes en 199182. Dès 1992, Mandela propose de manière informelle au président George H.W. Bush de juger les Libyens dans un pays tiers. Bush accepte la proposition, ainsi que le président français François Mitterrand et le roi Juan Carlos Ier d'Espagne83 En Novembre 1994, six mois après son élection, Mandela propose que l'Afrique du Sud soit le pays qui héberge le procès mais le premier ministre britannique John Major rejette l'idée, disant que son gouvernement n'avait pas confiance en une cour de justice étrangère84. Mandela renouvelle son offre trois ans plus tard à Tony Blair en 1997. La même année à la conférence des responsables des chefs de gouvernement du Commonwealth à Edinburgh, Mandela avertit qu'« Aucune nation ne devrait être à la fois plaignante, procureur et juge. »

Un compromis est trouvé pour un procès aux Pays-Bas et le président Mandela commence les négociation avec le colonel Kadafi pour la remise des deux accusés Megrahi et Fhimah en avril 199985. Le 31 janvier 2001, Fhimah est acquité mais Megrahi est jugé coupable et condamné à 27 ans de prison. Nelson Mandela va le visiter en juin 2002 et dénonce ses conditions d'emprisonnement en isolement total86. Megrahi est ensuite transféré dans une autre prison et n'est plus soumi à une incarcération en isolement.

Lutte contre le Sida

Nelson Mandela est critiqué pour l'absence d'efficacité de la politique de son gouvernement dans la lutte contre le SIDA par le juge Edwin Cameron88,89. Mandela admet après son mandat qu'il peut avoir manqué à son devoir envers son pays en apportant pas plus d'attention à l'épidémie du SIDA90,91. Pendant son mandat, le pourcentage de femmes enceintes séropositives triple, passant de 7.6 à 22.8% 92, le nombre de morts estimé par an passant la barre des 100 000 en 1999.

Autres événements de la présidence

Après avoir été élu président, une des caractéristiques de Mandela est l'utilisation de chemises en Batik, connues sous le nom de « chemise Madiba », même lors d'événements officiels, ce qui influence la mode du pays.

Il est affectueusement surnommé Madiba par les sud-africains, son nom du clan Xhosa .

Nelson Mandela publie son autobiographie Un long chemin vers la liberté en 1995 et raconte son enfance, son engagement politique, ses longues années de prison et son accession au pouvoir.

Après la présidence


Statue de Nelson Mandela à Johannesburg

Comme il s'y était engagé lors de son élection, Nelson Mandela, qui était le plus vieux président élu à l'age de 77 ans, n'est pas candidat à un second mandat en 1999 et quitte la vie politique, laissant la présidence de la république à Thabo Mbeki. Sa retraite n'est cependant pas inactive, il participe à de nombreuses œuvres caritatives et a toujours une forte influence nationale et internationale, prenant position sur de nombreux sujets.

Organisations caritatives et lutte contre le SIDA

Pour continuer de lutter pour les valeurs qui lui tiennent à coeur, il fonde un fond d'aide à l'enfance en 199489 et la Fondation Nelson-Mandela en 1999 pour favoriser l'éducation, le devoir de mémoire et l'une des priorité, la lutte contre le SIDA. La fondation est financée en partie par une série de concerts internationaux, les concerts 46664, dont le nom vient du numéro de prisonnier de Mandela..

Mandela devient le porte parole de nombreuses organisations d'aide sociale ou de défense des droits de l'homme. Il soutient le mouvement international Make Poverty History duquel fait parti la campagne ONE96. Le tournois de golf de charité Nelson Mandela, soutenu par Gary Player, a rapporté plus de 20 million de rands pour l'aide à l'enfance depuis sa création en 2000. Mandela soutient également SOS Villages d'Enfants, la plus grande organisation mondiale dédiée à l'éducation des enfants orphelins ou abandonnés98. Nelson Mandela entre en conflit ouvert avec son successeur Thabo Mbeki à propos du SIDA, lui reprochant en 2002 de « continuer à débattre alors que des gens meurent », quand Mbeki questionne encore le lien entre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et le SIDA89. Il participe à plusieurs conférence internationales contre le SIDA et se prononce plusieurs fois contre la maladie, notamment lors de la mort de son fils qui en a été lui-même victime le 6 janvier 2005.

Conseil des Global Elders

Le 18 Juillet 2007, Nelson Mandela, Graça Machel, et Desmond Tutu convoquent à Johannesburg une assemblée de dirigeant influents du monde entier qui veulent contribuer à l'aide de leur expérience et de leur sagesse à résoudre les problèmes les plus importants de la planète. Nelson Mandela annonce la formation de ce conseil des Global Elders (les anciens, ou sages, universels) dans un discours lors de son 89ème anniversaire .

Desmond Tutu est président du conseil et ses membres fondateurs incluent également Kofi Annan, Ela Bhatt, Gro Harlem Brundtland, Jimmy Carter, Li Zhaoxing, Mary Robinson et Muhammad Yunus.

Mandela explique que « ce groupe peut parler librement et avec audace, travaillant aussi bien de manière publique que de manière officieuse sur toutes sortes de mesures qui doivent être prises. Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encorager la négociation là où il y a le conflit, et donner l'espoir là où règne le désespoir ».

Autres événements

En janvier 2003, lors d'un discours au International Women's Forum, Mandela s'oppose fermement à l'attaque des États-Unis et du Royaume-Uni contre l'Irak sans l'aval des Nations unies. Il accuse le président George W. Bush de vouloir « plonger le monde dans l'holocauste ».

En septembre 2004, il fut plébiscité en tant que première personnalité sud-africaine.

Famille

Mandela a été marié trois fois, est père de six enfants, a 20 grands-enfants et un nombre croissant de petits enfants.

Premier mariage

Mandela se marie en 1944 avec Evelyn Ntoko Mase qui est originaire de la même région que lui, mais qu'il rencontre à Johannesburg.106. Le couple divorce en 1957 après 13 ans de mariage à cause des nombreuses absences de Mandela, sa dévotion à la cause révolutionnaire et le fait qu'elle est une témoin de Jéhovah, une religion qui prone la neutralité politique107. Le couple à deux fils, Madiba Thembekile (Thembi) (1946-1969) et Makgatho (1950-2005), et deux filles, toutes les deux nommées Makaziwe (Maki; nées 1947 et 1953). Leur première fille meurt à l'age de 9 mois, et il baptisent leur deuxième fille du même nom en son honneur108. Thembi est tué dans un accident de voiture en 1969 à l'age de 25 ans et Mandela alors prisonnier n'est pas autorisé à assister aux funérailles109. Evelyn Mase décède en 2004110 et Makgatho meurt du SIDA en 2005.

Second mariage

Nelson et Winnie Mandela, date exacte inconnue, avant l'arrestation de Nelson en août 1962.

Winnie Madikizela-Mandela est aussi originaire du Transkei et ils se rencontrent aussi à Johannesburg, où elle est le premier travailleur social noir 111. Ils ont deux filles, Zenani (Zeni), née le 4 février 1958, et Zindziswa (Zindzi)Mandela-Hlongwane, née en 1960. Zindzi a seulement 18 mois quand son père est emprisonné à Robben island. Plus tard, Winnie est très affectée par la discorde familiale qui reflète les conflits politiques du pays; alors que Mandela est empirsoné, son père devient le ministre de l'agriculture du Transkei. Le marriage se termine par une séparation en avril 1992 et un divorce en mars 1996 à cause de divergence politique liées à la radicalisation de Winnie.

Bien qu'elle est des souvenirs de son père, de l'âge de 4 à 16 ans, les autorités sud-africaine ne lui autorisent aucune visite. ZindziMandela-Hlongwane devient célèbre mondialement quand à l'age de 14 ans elle lit les discours de Nelson Mandela refusant sa liberté conditionnelle en 1985.

Troisième mariage

Mandela se remarie le jour de ses 80 ans en 1998 avec Graça Machel née Simbine, veuve de Samora Machel, ancien président du Mozambique et allié de l'ANC qui a été tué dans un accident aérien 12 ans auparavant. Le mariage suit des mois de négociations internationales pour établir le montant du prix exceptionnel qui doit être remis au clan de machel . Les négociations sont conduite par le souverain traditionnel de Mandela, le roi Buyelekhaya Zwelibanzi Dalindyebo.

Mandela dans la culture populaire

Cinéma

• Mandela joue le rôle d'un professeur de Soweto dans le film Malcolm X de Spike Lee sorti en 1992 et qui est une libre adaptation de la biographie de Malcolm X.

• Goodbye Bafana (2007), sur son emprisonnement à Robben Island.

Musique

Plusieurs musiciens ont écrit une chanson sur Mandela :

• Johnny Clegg lui a dédié sa chanson Asimbonanga

• Le groupe Simple Minds lui a dédié sa chanson Mandela Day •

Juan Luis Guerra dans sa chanson Carta de amor s'écrie (en espagnol) « Libérez Mandela »

• Plusieurs personnalités de la musique se sont joints à lui pour les « concerts 46664 » (numéro de matricule de prisonnier de Mandela) afin de sensibiliser la communauté internationale aux problèmes africains.

• Michel Fugain évoque la captivité de Nelson Mandela dans sa chanson La liberté demandez-la

• Bernard Lavilliers fait référence à Nelson Mandela dans Noir et Blanc.

• Le groupe The Specials lui a dédié sa chanson Free Nelson Mandela

• Le groupe Queen and Paul Rodgers à composé « Say it'not true » en 2007 au profit de la Nelson Mandela's 46664 campaign fighting AIDS.


V- Desmond Mpilo Tutu

Desmond Mpilo Tutu (né le 7 octobre 1931 à Klerksdorp, en Afrique du Sud) est un archevêque anglican sud-africain noir qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1984. Il fut ensuite le président de la Commission de la vérité et de la réconciliation, chargée de faire la lumière sur les crimes commis durant le régime de l'Apartheid.

Lors de l'Apartheid

Desmond Tutu est le fils d'un professeur et est élevé dans un foyer cultivé. Il fait ses études dans la ville de Johannesburg. Il veut dans un premier temps devenir médecin, mais de telles études coûtant trop cher pour sa famille, il se destine à devenir, comme son père, professeur. De 1951 à 1954, il fait ainsi ses études, et commence à enseigner en 1954 au Johannesburg Bantu High School. Mais il démissionne en 1957, pour protester contre la mauvaise qualité de l'enseignement donné aux noirs.

Il décide alors de s'orienter vers la théologie. Il est ordonné prêtre de l'Église anglicane en 1961 et devient l'aumônier de l'université réservée aux noirs, Fort Hare. Fort Hare est à l'époque une des seules universités pour les noirs d'Afrique du Sud ; les principaux dirigeants actuels du pays y ont étudié. Desmond Tutu obtient en 1966 une maîtrise en théologie au King's College de Londres, et retourne ensuite en Afrique du Sud, où il travaille comme professeur de théologie.

De 1972 à 1975, il retourne en Angleterre, où il est le vice-directeur du Theological Education Fund of the World Council of Churches (TEF), à Bromley dans le Kent. Nommé doyen du diocèse de Johannesburg en 1975, il est le premier noir à occuper ce poste. Il devient évêque du Lesotho (1976-78), puis premier secrétaire général noir du Conseil œcuménique d'Afrique du Sud (1978-85). Après l'assassinat, en 1977, de Steve Biko, fondateur du Black consciousness movement (Mouvement de conscience noire) et l'un des organisateurs des manifestations pacifiques de Soweto (réprimées par la police, elles dégénèrent en émeutes), Tutu fit le prêche lors de ses funérailles . Il rendit par la suite hommage à Biko et au Black Consciousness Movement, qui avait attiré l'attention sur la dimension performative du langage et non simplement descriptive, conduisant ainsi les Noirs à se mésestimer eux-mêmes 1. Tutu participe aux réunions clandestines du Black consciousness movement  Au sein du TEF, Tutu participe aussi au mouvement de Black theology (théologie noire) et s'initie à la théologie de la libération venue d'Amérique latine.

Durant toutes ces années, il n'a cessé de faire passer son message de paix et de non-violence au cours de sermons et de prédications qui rassemblent des foules immenses et qui furent des temps fort de la lutte pacifique menée contre le régime de Pretoria 3. Il dénonce aussi bien le régime de l'Apartheid, que les noirs qui réclament vengeance. Pour lui, la paix entre les peuples est la seule voie possible. C'est pour ce combat pacifiste contre le régime de l'Apartheid, qu'il reçoit le 16 octobre 1984, le Prix Nobel de la paix. Le 10 décembre suivant, la cérémonie de remise du Prix Nobel, dans le grand amphithéâtre de l'université d'Oslo, est perturbée par une alerte à la bombe sans conséquences.

Auréolé de sa nouvelle stature internationale, le 7 septembre 1986, il est nommé Archevêque du Cap, pour l'église anglicane d'Afrique du Sud, devenant le premier Noir à occuper cette fonction. Cette nomination n'est pas du goût de ses opposants. Il organise alors des protestations contre la ségrégation raciale et des campagnes de boycottage, dont celle du charbon d'Afrique du Sud. Il milite également pour des écoles communes, qui représentent pour lui une étape essentielle dans la réconciliation de l'Afrique du Sud. Il milite également contre la réglementation des déplacements des noirs, les « pass-laws ».

Depuis la fin de l'Apartheid

Desmond Tutu devient en 1995 président de la Commission de la vérité et de la réconciliation créée par le président Nelson Mandela. Après trois ans d'enquêtes et des milliers d'auditions, il rend publiques les conclusions de la Commission en 1998. Ce dossier est aujourd'hui considéré comme l'une des pierres angulaires de la réconciliation sud-africaine .

Comme à son habitude, il continue de critiquer tout ce qui lui paraît anormal. C'est ainsi qu'il dénonce, entre autres, le montant des salaires des députés du Parlement sud-africain qu'il juge exorbitant. La politique de vente d'armes, qui rapporte beaucoup d'argent au nouveau pouvoir sud-africain, est également un sujet qui lui tient à cœur.

En ce qui concerne la politique étrangère de l'Afrique du Sud, il dénonce le silence de son pays envers le régime de Robert Mugabe, le président du Zimbabwe voisin. Il appelle d'ailleurs Robert Mugabe, une « caricature de dictateur africain »

Au niveau international, il critique l'attitude du gouvernement d'Israël envers les Palestiniens. Il reconnaît qu'Israël a le droit de vivre en paix au sein de ses frontières, mais pense également que la politique répressive d'Israël est « contre-productive » et ne fait au final qu'attiser la haine des Palestiniens envers Israël. C'est pourquoi il milite pour la création d'un État palestinien aux côtés d'Israël. En 2002, il compare la politique de l'Etat israélien à celle du régime d'apartheid, déclarant: « cela me rappelle tellement ce qui nous est arrivé au peuple noir en Afrique du Sud »

Il a été nommé en 2005, par le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, membre du Haut Conseil pour l'Alliance des Civilisations.

Tutu soutient en 2008 le pasteur controversé Jeremiah Wright, figure de la théologie de la libération noire qui avait lui-même apporté son soutien au candidat à la présidentielle Barack Obama, avant que celui-ci ne rompe ses liens avec Wright 6. Tutu lui-même s'est pourtant éloigné de la théologie de la libération, en définissant une éthique au-delà de la théologie de la libération 7. Concernant Wright, il déclare ainsi que ce dernier a dit sans fioritures « ce que presque n'importe lequel Afro-Américain aurait envie de dire », c'est-à-dire que « la race est un enjeu central », appelant aussi à un « forum de réconciliation » aux Etats-Unis.


VI-Léopold Sédar Senghor


Léopold Sédar Senghor

Léopold Sédar Senghor (Joal, Sénégal, 9 octobre 1906 - Verson, France, 20 décembre 2001) était un poète, écrivain et homme politique sénégalais. Il a été le premier président du Sénégal (1960-1980) et il fut aussi le premier Africain à siéger à l'Académie française.

Biographie

Son enfance (1906 - 1928)


Joal au Sénégal

Léopold Sédar Senghor naquit le 9 octobre 19061 à Joal, petite ville côtière située au sud de Dakar, Sénégal. Son père, Basile Diogoye Senghor, était un commerçant catholique appartenant à la bourgeoisie sérère, une ethnie minoritaire au Sénégal. Originaire de Djilor, sa mère, Gnilane Ndiémé Bakhoum (-1948), que Senghor appelle dans Élégies « Nyilane la douce », appartient à l'ethnie sérére et à la lignée tabor. C'est la troisième épouse de Basile Senghor. Elle eut six enfants, dont deux garçons. Le prénom sérère Sédar signifie « qu’on ne peut humilier ». Son prénom catholique « Léopold » lui fut donné par son père en souvenir de Léopold Angrand, riche commerçant mulâtre ami et employeur ponctuel de son père. C'est auprès du Père Dubois, de la mission catholique de Djilor, que le jeune Léopold apprit le catéchisme et les premiers rudiments de la langue française. Senghor commença ses études au Sénégal, d'abord chez les Pères Spiritains à Ngazobil pendant six ans, puis à Dakar au collège-séminaire François Libermann et au cours secondaire de la rue Vincens qui s'appellera plus tard le lycée Van-Vollenhoven. Il est déjà passionné de littérature française. Bon élève, il réussit le baccalauréat, notamment grâce au français et au latin. Le directeur du lycée et ses professeurs recommandent d'envoyer Senghor poursuivre ses études en France. Il obtient une demi-bourse de l'administration coloniale et quitte pour la première fois le Sénégal à 22 ans.

Les années d’errance (1928)

Senghor arrive en France en 1928. Cela marquera le début de « seize années d’errance », selon ses dires. Il sera tout d'abord étudiant à la Sorbonne, mais très vite découragé, il entrera, grâce à l'aide du député du Sénégal Blaise Diagne, au lycée Louis-le-Grand où il prépare le concours d'entrée à l'École normale supérieure. Il y côtoie Paul Guth, Henri Queffélec, Robert Verdier et Georges Pompidou, avec qui il se liera d'amitié. Il y rencontre également Aimé Césaire pour la toute première fois.

L'agrégation de grammaire (1935)

Après un échec au concours d'entrée, il décide de préparer l'agrégation de grammaire. Pour l'agrégation, il fait une demande de naturalisation2. Il obtient l'agrégation de grammaire en 1935, après une première tentative non couronnée de succès. Senghor fut donc le premier Africain agrégé de grammaire, mais pas, comme on le lit parfois, le premier normalien africain.

Il débute sa carrière de professeur de lettres classiques au lycée Descartes à Tours, puis est muté, en octobre 1938, au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, dans la région parisienne. Outre ses activités d'enseignant, il suit des cours de linguistique négro-africaine dispensés par Lilias Homburger à l'École pratique des hautes études et ceux de Marcel Cohen, Marcel Mauss et de Paul Rivet à l'Institut d'ethnologie de Paris.

Seconde guerre mondiale (1939 - 1945)

En 1939, Senghor est enrôlé comme fantassin de 2e classe dans un régiment d'infanterie coloniale. Il est affecté au 31e régiment d'infanterie coloniale, régiment composé d'africains, malgré la naturalisation de Senghor en 1932. Le 20 juin 1940, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à La Charité-sur-Loire. Il est interné dans divers camps de prisonniers (Romilly, Troyes, Amiens). Il est ensuite transféré au Front Stalag 230 de Poitiers, un camp de prisonniers réservé aux troupes coloniales. Les Allemands voulaient le fusiller le jour même de son incarcération ainsi que les autres soldats noirs présents. Ils échapperont à ce massacre en s'écriant « Vive la France, vive l’Afrique noire ». Les Allemands baissent leurs armes car un officier français leur fait comprendre qu'un massacre purement raciste nuirait à l'honneur de la race aryenne et de l'armée allemande. Senghor facilite l'évasion de deux soldats français. Il est transféré au camp disciplinaire des Landes à la fin de l'année 1941. En 1942, il est libéré, pour cause de maladie. Au total, Senghor passera deux ans dans les camps de prisonniers, temps qu'il consacrera à la rédaction de poèmes. Il reprend ses activités d'enseignant et participe à la résistance dans le cadre du Front national universitaire.

L’homme politique dans la France coloniale (1945 - 1960)

Au lendemain de la guerre, il est communiste. Il reprend la chaire de linguistique à l’École nationale de la France d'Outre-mer qu'il occupera jusqu'à l'indépendance du Sénégal en 1960. Au cours d'un de ses voyages de recherche sur la poésie sérère au Sénégal, le chef de file local des socialistes, Lamine Guèye lui propose d'être candidat à la députation. Senghor accepte et est élu député de la circonscription Sénégal-Mauritanie à l'Assemblée nationale française où les colonies viennent d'obtenir le droit d'être représentées. Il se démarqua de Lamine Guèye au sujet de la grève des cheminots de la ligne Dakar-Niger. Ce dernier vote contre car le mouvement social paralysait la colonie alors que Senghor soutient le mouvement, ce qui lui valut une grande popularité. En 1946, Senghor se marie avec Ginette Éboué, la fille de Félix Éboué, gouverneur général de l'Afrique-Équatoriale française avec qui il eut deux fils, Francis-Arphang (1947-) et Guy-Wali (1948-1984). Il lui consacrera le poème « Chants pour Naëtt » repris dans le recueil de poèmes « Nocturnes » sous le titre « Chants pour Signares ».

Fort de son succès, il quitte l'année suivante la section africaine de la section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) qui avait soutenu financièrement en grande partie le mouvement social, et fonde avec Mamadou Dia le Bloc démocratique sénégalais (1948), qui remporta les élections législatives de 1951. Lamine Guèye perd son siège.

Réélu député en 1951 comme indépendant d'Outre-mer, il est secrétaire d'État à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar Faure du 1er mars 1955 au 1er février 1956, devient maire de Thiès au Sénégal en novembre 1956 puis ministre conseiller du gouvernement Michel Debré, du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961. Il fut aussi membre de la commission chargée d’élaborer la constitution de la Cinquième République, conseiller général du Sénégal, membre du Grand Conseil de l'Afrique occidentale française et membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Entre temps, il avait divorcé de sa première femme en 1956 et s'était remarié l'année suivante avec Colette Hubert, une française originaire de Normandie, avec qui il eut un fils, Philippe-Maguilen (1958-1981). Il consacrera recueil « Lettres d'Hivernage » à sa seconde femme. Senghor fait paraître en 1964 le premier d'une série de cinq volumes intitulée « Liberté ». Ce sont des recueils de discours, allocutions, essais et préfaces.

au Sénégal (1960 - 1981)


Drapeau de la Fédération du Mali


Drapeau du Sénégal

Senghor est un fervent défenseur du fédéralisme pour les États africains nouvellement indépendant, une sorte de « Commonwealth à la française ». Le 13 janvier 1957, une « convention africaine » est créée. La convention réclame la création de deux fédérations en Afrique française. Senghor se méfie de la balkanisation de l'AOF en huit petits états5. Le fédéralisme n'obtenant pas la faveur des pays africains, il décide de former, avec Modibo Keïta, l'éphémère fédération du Mali avec l'ancien Soudan français (l'actuel Mali). La fédération du Mali est constituée en janvier 1959 et regroupe le Sénégal, le Soudan français, le Dahomey (l'actuel Bénin) et la Haute-Volta (l'actuel Burkina Faso). Un mois après, le Dahomey et la Haute-Volta quittent la fédération refusant sa ratification. Les deux fédéralistes se partagent les responsabilités. Senghor assure la présidence de l'assemblée fédérale. Modibo Keïta prend la présidence du gouvernement. Les dissensions internes provoquent l'éclatement de la fédération du Mali. Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance et le 22 septembre, Modibo Keïta proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la République du Mali.

Élu le 5 septembre 1960, Senghor préside la toute nouvelle République du Sénégal. Il est l'auteur de l'hymne national sénégalais, le Lion rouge. Le Président du Conseil de Gouvernement, Mamadou Dia, est chargé de la mise en place du plan de développement à long terme du Sénégal tandis que Senghor est en charge des relations internationales. Les deux hommes entrent rapidement en conflit. En décembre 1962, Mamadou Dia est arrêté et suspecté d'avoir tenté un coup d’État. Il restera douze ans en prison. À la suite de cet événement, Senghor instaure un régime présidentiel. Le 22 mars 1967 Senghor échappe à un attentat. Le coupable sera condamné à mort.

Il démissionne de la présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en décembre 1980. Abdou Diouf, Premier ministre, le remplace à la tête du pouvoir, en vertu de l'article 35 de la Constitution. Sous la présidence de Senghor, le Sénégal a instauré le multipartisme (limité à trois courants : socialiste, communiste et libéral, puis quatre, les trois précédents étant rejoints par le courant conservateur), ainsi qu'un système éducatif performant. Senghor est souvent reconnu pour être un démocrate. Néanmoins, il réprima violemment plusieurs mouvements estudiantins.

Francophonie

Il soutint la création de la Francophonie et fut le vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie.

En 1962, il est l'auteur de l'article fondateur "le français, langue de culture"6 dont est extraite la célèbre définition : "La Francophonie, c'est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre".

Il théorise un idéal de francophonie universelle qui serait respectueuse des identités et imagine même une collaboration avec les autres langues latines.

Il est considéré, avec Habib Bourguiba (Tunisie), Hamani Diori (Niger) et Norodom Sihanouk (Cambodge), comme l'un des pères fondateurs de la Francophonie.

En 1982, il a été l'un des fondateurs de l'Association France et pays en voie de développement dont les objectifs étaient de susciter une conscientisation des problèmes de développement des pays du Sud, dans le cadre d'une refonte des données civilisatrices.

L’académicien (1983)

Il est élu à l'Académie française le 2 juin 1983, au 16e fauteuil, où il succède au duc de Lévis-Mirepoix7. Il est le premier africain à siéger à l'Académie française, celle-ci poursuivant ainsi son processus d'ouverture après l'entrée de Marguerite Yourcenar. La cérémonie par laquelle Senghor entre dans le cercle des académiciens a lieu le 29 mars 1984, en présence de François Mitterrand.

Ses obsèques (2001)

En 1993, paraît le dernier volume des « Liberté » : « Liberté 5: le dialogue des cultures ».

Il a passé les dernières années de son existence auprès de son épouse, à Verson, en Normandie où il est décédé le 20 décembre 20018. Ses obsèques ont eu lieu le 29 décembre 2001 à Dakar, organisées par le Président Abdoulaye Wade, élu en mars 2000, en présence de Abdou Diouf, ancien président, Raymond Forni, président de l'Assemblée nationale française et de Charles Josselin, secrétaire d’État français auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie. Jacques Chirac (« La poésie a perdu un maître, le Sénégal un homme d'État, l'Afrique un visionnaire et la France un ami »9) et Lionel Jospin, respectivement président de la République française et Premier ministre de l'époque, ne s'y sont pas rendus. Ce manque de reconnaissance a suscité une vive polémique. Le parallèle a été fait avec les tirailleurs sénégalais qui, après avoir contribué à la libération de la France, ont dû attendre plus de 40 ans pour avoir le droit de percevoir une pension équivalente (en termes de pouvoir d'achat) à celle de leurs homologues français. L'académicien Érik Orsenna écrivit dans « Le Monde » un point de vue intitulé : « J'ai honte »10. Dans les milieux littéraires et poétiques, l'absence des deux premiers responsables politiques français à ces obsèques a été encore plus sévèrement jugée. On a pu lire : « S'évitant de voir leur vision étriquée du monde confrontée à l'ampleur de la puissance intellectuelle du poète africain, d'un point de vue purement ontologique, leur absence même est un hommage suprême rendu au chantre de la francophonie. »

Le fauteuil numéro 16 de l'Académie française laissé vacant par la mort du poète sénégalais, c'est un autre ancien président, Valéry Giscard d'Estaing qui le remplace. Comme le veut la tradition, il rend hommage à son prédécesseur lors d'un discours de réception donné le 16 décembre 200411. Confronté au puzzle senghorien, il décide de présenter les différentes facettes de Senghor « De l’élève appliqué, puis de l’étudiant déraciné ; du poète de la contestation anti-coloniale et anti-esclavagiste, puis du chantre de la négritude ; et enfin du poète apaisé par la francisation d’une partie de sa culture, à la recherche lointaine, et sans doute ambiguë, d’un métissage culturel mondial ».

Poésie

Sa poésie essentiellement symboliste, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences. Senghor a estimé que le langage symbolique de la poésie pouvait constituer les bases de ce projet. En 1978, Senghor reçut le Prix mondial Cino Del Duca.

Le poème « À l'appel de la race de Saba », paru en 1936, est inspiré de l'entrée des troupes italiennes à Addis-Abeba.

Il fit également partie des premiers comités de la Société des poètes et artistes de France dans les années 1950 et 1960.

Négritude

Alors qu'il était étudiant, il créa en compagnie du martiniquais Aimé Césaire et du guyanais Léon Gontran Damas la revue contestataire « L'Étudiant noir » en 1934. C'est dans ces pages qu'il exprimera pour la première fois sa conception de la négritude, notion introduite par Aimé Césaire, dans un texte intitulé « Négrerie ». Césaire la définit ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ». Senghor explique en ces termes le concept de Négritude « la Négritude, c’est l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu’elles s’expriment dans la vie, les institutions et les œuvres des Noirs. Je dis que c’est là une réalité : un nœud de réalités ».

Politique

Bien que socialiste, Senghor se tint à l'écart des idéologies marxiste et anti-occidentale devenues populaires dans l'Afrique post-coloniale, favorisant le maintien de liens étroits avec la France et le monde occidental. Beaucoup y voient une contribution décisive dans la stabilité politique du pays - qui demeure une des rares nations africaines à n'avoir jamais eu de coup d'État et avoir eu des transferts toujours pacifiques du pouvoir.

Mandats électifs

Maire

1956 : maire de Thiès

Député 1

945-1946 :Député de l'Assemblée Constituante française (1)

1946-1946 : Député de l'Assemblée Constituante française (2)

1946-1951 : Député de l'Assemblée nationale française

1951-1955 : Député de l'Assemblée nationale française

Président de la République

1960-1963 : Président de la République du Sénégal

1963-1968 : Président de la République du Sénégal

1968-1973 : Président de la République du Sénégal

1973-1978 : Président de la République du Sénégal

1978-1980 : Président de la République du Sénégal

Fonctions gouvernementales

Secrétaire d’État 1955-1956 : secrétaire d'État dans le gouvernement français d'Edgar Faure

Une reconnaissance internationale


Timbre commémoratif de Moldavie

Senghor a reçu de nombreuses distinctions au cours de sa vie :

• Grand-croix de l'Ordre du Lion du Sénégal

• Grand-croix de la Légion d’honneur • Grand-croix de l'Ordre national du Mérite

• Commandeur des Arts et des Lettres

• Commandeur des Palmes académiques

Ses faits d'armes lui vaudront :

• la médaille de la Reconnaissance franco-alliée 1939-1945 ;

• la Croix de combattant 1939-1945. Il est docteur honoris causa de trente-sept universités…

Membre de l'Académie française ;

• Membre correspondant de l'Académie bavaroise ;

• Membre étranger de l'Académie des sciences morales et politiques ;

• Membre étranger de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux ;

• Membre étranger de l'Académie des sciences d'outre-mer ;

• Membre étranger de la Black Academy of Arts and Letters ;

• Membre étranger de l'Académie Mallarmé ;

• Membre étranger de l'Académie du royaume du Maroc.

Il est également titulaire de très nombreuses distinctions culturelles et étrangères :

• Médaille d'or de la langue française ;

• Médaille d'or du mérite poétique du prix international Dag Hammarskjöld (1965) ;

• Médaille d'or de la CISAC (Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs) ;

• Grand prix international de poésie de la Société des poètes et artistes de France et de langue française (1963) ;

• Grand prix littéraire international Rouge et Vert (1966) ;

• Prix de la Paix des libraires allemands (1968) ;

• Prix littéraire de l'Académie internationale des arts et lettres de Rome (1969) ;

• Grand prix international de poésie de la Biennale de Knokke-le-Zoute (1970) ;

• Prix Guillaume Apollinaire (1974) ;

• Prince en poésie 1977, décerné par l'association littéraire française « L'Amitié par le livre » ;

• Prix mondial Cino Del Duca (1978) ;

• Prix international du livre, attribué par le Comité international du livre (Communauté mondiale du livre, UNESCO, 1979) ;

• Prix pour ses activités culturelles en Afrique et ses œuvres pour la paix, décerné par le président Sadate (1980) ;

• Premier prix mondial Aasan ;

• Prix Alfred de Vigny (1981) ;

• Prix Athénaï, à Athènes (1985) ;

• Prix international du Lion d'or, Venise (1986) ;

• Prix Louise Michel, Paris (1986) ;

• Prix du Mont-Saint-Michel, aux Rencontres poétiques de Bretagne (1986) ;

• Prix Intercultura, Rome (1987).

Les hommages à travers le monde :

• Plaque commémorative, située dans la ville de Québec, au Québec ; •

L' université internationale de langue française d'Alexandrie inaugurée en 1990 porte son nom ;

• Le collège de Corbeny (Aisne) porte son nom, en souvenir de l'un de ses parents qui avait combattu sur le Chemin des Dames, tout proche ;

• Le Lycée Régional Polyvalent du Canada, basé à Évreux dans l'Eure et construit en 1995, est rebaptisé Lycée Léopold Sédar Senghor à sa mort ;

• Le 10 octobre 2007, l'espace culturel Léopold Sédar Senghor fut inauguré dans la ville du May-sur-Èvre (Maine-et-Loire) dirigée par son neveu, Auguste Senghor ;

• Le 10 novembre 2007 fut inaugurée la nouvelle école Léopold Sédar Senghor (élémentaire) à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, en hommage à l’homme de lettres, académicien d’origine africaine et 1er président du Sénégal, en présence du représentant de l’ambassadeur du Sénégal en France.

 

VII- Abdou Diouf


Abdou Diouf, en 1988. 2e président de la République du Sénégal

Abdou Diouf , né le 7 septembre 1935 à Louga, est un homme politique sénégalais.

Ancien Premier ministre et successeur de Léopold Sédar Senghor à la présidence de la République, il est actuellement secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Biographie

Ses débuts

Abou Diouf fait ses études primaires et secondaires à Saint Louis. Il débute des études de droit à Dakar, pour les poursuivre à Paris et devient diplomé de l'École nationale de la France d'Outre-mer (ENFOM) en 1960.

Il occupe aussitôt de hautes fonctions administratives au Sénégal, pour devenir directeur de cabinet du président Senghor en 1963, puis secrétaire général de la présidence de la République en 1964. Il devint ensuite ministre du Plan et de l'Industrie de 1968 à 1970, puis fut nommé Premier ministre en février 1970.

Président de la République

Il devint président de la République du Sénégal le 1er janvier 1981, à la suite de la démission de Senghor, et fut reconduit dans ses fonctions lors des élections de 1983, de 1988 et de 1993.

Ses différents mandats furent placés sous le signe de l'approfondissement de la démocratie, initiée par son prédécesseur, sur la libéralisation progressive de l'économie et sur la décentralisation. I

l a également contribué à faire entendre la voix du Sénégal dans le monde, à travers la participation à de très nombreux sommets internationaux, et a lutté pour une plus grande unité africaine.

Avec Dawda Jawara, président de la République de Gambie, il signe un pacte créant la Confédération de Sénégambie1 qui entrera en vigueur le 1er janvier 1982.

Au niveau intérieur, il dut faire face à la crise économique des années 1980 qui a engendré de nombreuses frustrations, et sa réélection de 1988 est mouvementée.

 

Il sera reçu avec les honneurs à l'assemblée nationale française, le 21 octobre 1998 2. Il s'adressera directement à l'ensemble des députés français dans l'hémicycle.

Abdou Diouf fut battu au deuxième tour de l'élection présidentielle du 19 mars 2000, laissant sa place à Abdoulaye Wade. Il réside depuis lors en France avec sa femme Elisabeth.

Secrétaire général de l'OIF

Le 20 octobre 2002, il est élu secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, succédant à l'Égyptien Boutros Boutros-Ghali. Il est reconduit à l'unanimité à ce poste lors du XIe Sommet de la Francophonie à Bucarest en 2006.

Il sera reçu le 10 octobre 2007 en tant que secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) par le premier ministre français François Fillon.

Incident diplomatique avec le Canada

En mai 2006, il subit une fouille corporelle à son arrivée au Canada, un incident diplomatique qui causa un profond remous dans les relations avec le Sénégal. Josée Verner, ministre dans le gouvernement de Stephen Harper, déclare qu'aucune rencontre n'était finalement prévue avec Diouf et que des excuses ne sont donc pas nécessaires.

Distinctions

19 juin 2007 : nomination de M. Abdou Diouf à titre d'officier de l'Ordre national du Québec.

En 2007, Abdou Diouf a été décoré du titre de Docteur honoris causa de l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne.

Le 9 novembre 2007, Abdou Diouf a également été élevé à la dignité de docteur honoris causa pour l'Université Paul-Valéry de Montpellier discours prononcé à cette occasion .

Il est également le parrain de la formation 2008-2009 des élèves-avocats de la prestigieuse École de formation professionnelle des barreaux de la cour d'appel de Paris.

Le 6 mai 2009, Abdou Diouf a été décoré également du titre de Docteur honoris causa de l'Université de Reims Champagne-Ardenne.

 

VIII- Jacques Diouf

Son excellence le Dr Jacques Diouf Le docteur Jacques Diouf, né le 1er août 1938 à Saint-Louis, est un diplomate, homme politique sénégalais, ayant exercé les fonctions de Secrétaire d'État puis d'Ambassadeur de la République du Sénégal et de Directeur général de la Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Formation

Il obtient son certificat d'études primaires à l'école Duval et son baccalauréat au Lycée Faidherbe à Saint-Louis.

Il est diplômé de l'École national d'agriculture à Grignon-Paris en France puis se spécialise en obtenant le Diplôme d'ingénieur en agronomie tropicale de l'École nationale d'application d'agronomie tropicale à Nogent-Paris.

Il est titulaire d'un doctorat ès sciences sociales du monde rural (Économie rurale) de la Faculté de droit et de sciences économiques de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Il est aussi titulaire d'un certificat en management de l'American Management Association. Il y a aussi suivi le Senior Programme.

Carrière

De 1963 à 1964, il est directeur européen et du Programme agricole de l'Office de commercialisation agricole.

De 1965 à 1971, il est secrétaire exécutif du Conseil africain de l'arachide à Lagos au Nigeria.

De 1971 à 1977, il est Secrétaire exécutif de l'Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest à Monrovia au Liberia.

De 1978 à 1983, il a été secrétaire d'état à la recherche scientifique au Sénégal dans le gouvernement du Premier ministre Abdou Diouf et sous la présidence de Léopold Sédar Senghor. Il conserve son poste en 1981 au départ de Senghor

De 1983 à 1984, il est membre de l'Assemblée Nationale où il est président du groupe d'amitié Sénégal-Royaume Uni et Président de la Commission parlementaire des affaires étrangères et Secrétaire élu. Le président de l'Assemblée nationale de l'époque est Habib Thiam.

De 1984 à 1985, il est conseiller du président et directeur régional du Centre de recherche pour le développement international à Ottawa.

De 1985 à 1990, il a été également secrétaire général de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest BCEAO dirigé par Alassane Ouattara.

Entre 1990 et 1991, il est conseiller spécial de Charles Konan Banny gouverneur de la banque centrale des états de l'Afrique de l'ouest.

De mai 1991 à décembre 1993, il est ambassadeur à la Mission permanente du Sénégal aux Nations Unies à New York. Son ministre de tutelle est alors Djibo Leyti Kâ.

Le 8 novembre 1993, il est élu directeur général de la FAO. Il remplace à ce poste le Libanais Édouard Saouma. Il prend fonction le 1er janvier 1994 à Rome.

Le 13 septembre 2006, il a lancé un appel en faveur d’une « deuxième révolution verte » qui permettrait de nourrir une population mondiale croissante tout en préservant les ressources naturelles et l’environnement.

Famille

Marié avec Aïssatou Seye en 1963 et père de cinq enfants.

Publication

s • « Éthique scientifique et problématique alimentaire », Communication to the Academy of Sciences of France - Discours et notices biographiques de l'Académie des Sciences, First Edition, Paris, 1998

•« Éloges de Senghor », Speech at the ceremony in honour of Léopold Sedar Senghor on the occasion of his ninetieth birthday - Présence Senghor, Unesco, Paris 1996

• « The Challenge of Agricultural Development in Africa », Consultative Group in International Agricultural Research, World Bank, Sir John Crawford Memorial Lecture - 1989, Washington, D.C., USA

• « Intérêts et objectifs de l'Afrique dans les Sommets francophones, nouvel instrument des relations internationales », Centre québécois des relations internationales, Collection Choix - 1988, Québec, Canada • « Le fondement du dialogue scientifique entre les civilisations euro-occidentales et négro-africaines », Dialogue Westeuropa Schwarzafrica, Verlag Fritz Molden - 1979, Vienne, Autriche

• « La détérioration du pouvoir d'achat de l'arachide », Club Nation and Development, Présence africaine - 1972, Paris, France

Citations

• La faim est avant tout un problème politique et économique: « La planète produit suffisamment d'aliments pour que tous ces habitants puissent se nourrir convenablement. », confirme Jacques Diouf. Sur 6,3 milliards d'hommes, 2 milliards d'individus ont faim parce que les richesses sont inégalement réparties (estimations entre les années 2003 et 2004).



26/06/2011
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