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Le Panafricanisme n'est pas mort avec Kadhafi

Nous avons appris avec amertume la mort de Kadhafi, je me suis demandé si nous venions d’assister à la mort du dernier panafricaniste? À la chute du régime de Mouammar Kadhafi, un groupuscule d’Africains, certes dans des cercles restreints, a déploré sa déchéance. Selon ces personnes, Kadhafi représentait le dernier bastion de résistance contre l’impérialisme occidental en Afrique. Avec son départ, les Occidentaux auraient désormais une main mise totale sur le continent car aucun des dirigeants Africains actuels n’avait autant de cran que Kadhafi qui, à plusieurs reprises, a vertement remis les Occidentaux à leur place. Allant même plus loin, des voix plus radicales, de surcroît victimes d’une amnésie sélective par rapport à la personne et à la personnalité controversées de Kadhafi, ont déclaré que le départ de ce dernier compromettait la survie du panafricanisme en Afrique. Autrement dit, l’ex-dirigeant Libyen symbolisait l’esprit panafricaniste que les Africains doivent copier, couver, et répandre dans le continent tout entier. D’où la question de savoir, c’est quoi le panafricanisme au 21e siècle. Pourquoi demeure-t-il autant controversé alors que de nombreux Africains sont d’accord que l’unité représente la planche de salut de l’Afrique contre les abus du monde occidental ?

Définir le panafricanisme demeure une tâche difficile car c’est un concept dont se sont appropriées toutes les Diasporas Africaines dans le monde. Aujourd’hui, ce concept varie de la Jamaïque de Marcus Garvey, la Martinique de Frantz Fanon, des États-Unis de W.E.B Du Bois, dans les communautés Africaines immigrées en Occident et à la Terre Mère que représente l’Afrique. Mais tous sans exception affirment que pour s’en sortir, tous les enfants d’Afrique doivent former un seul être pour améliorer les conditions de vie sur le continent. Malgré les leçons de l’histoire et les beaux discours, cette réalité tarde à se réaliser. Ce rêve demeure utopique pour plusieurs personnes . Mais l’un des grands obstacles au panafricanisme et duquel très peu daignent parler est l’absence de notion de nation dans les pays africains.

Les Africains ne s’identifient pas à leur pays. Contrairement à de nombreux pays de part le monde, ils s’identifient à leur groupe ethnique auquel ils prêtent allégeance. Dès le début de la ruée vers l’Afrique décidée à la Conférence de Berlin en 1884-1885, les frontières territoriales imposées par les Européens en Afrique n’ont reposé sur aucune réalité ethnolinguistique et culturelle locales. Ces frontières reflètent plutôt leur puissance impérialiste. Le sentiment nationaliste voire panafricaniste des années des indépendances s’est vite évaporé une fois que l’ennemi commun, à savoir l’homme blanc eut été « chassé » de l’Afrique. De cet âge d’or d’unité continentale, il ne reste que des récits, soit reproduits dans des livres, soit transmis de bouche à oreille sous forme de contes.

De nos jours, l’ennemi de l’Africain a la même couleur de peau que lui. Il parle la même langue. Il mange les mêmes repas. Il porte les mêmes vêtements. Il partage la même foi.

Et pire, à la différence du blanc qui peut être repéré de loin, il est non seulement camouflé dans sa société, mais il ne peut être expulsé car il est chez lui. En plein jour, il professe sa foi en l’Afrique et à ses valeurs. Mais une fois hors de l’œil du public, au lieu de promouvoir ces valeurs africaines d’unité, de tolérance, et de solidarité, il sème plutôt les graines de la zizanie, la xénophobie, la guerre, et de la mort.

Face à ce constat, les panafricanistes contemporains feraient mieux de proposer des solutions concrètes permettant aux Africains de transcender TOUTES leurs différences, de bâtir des nations fortes qui mèneront à une Afrique plus puissante. Espérer un continent soudé et représentant une force contre les autres puissances mondiales sans que la fondation d’une telle union ne soit solide, donnerait raison aux plus pessimistes qui croient que le panafricanisme en Afrique a atteint son apogée dans les années soixante.

Ce serait une tâche herculéenne que de vouloir redéfinir les frontières de pays africains au point de les faire coïncider avec les réalités ethnolinguistiques et culturelles sur le terrain. Entretenir une telle idée c’est nourrir les velléités sécessionnistes latentes ou dévoilées de part et d’autre, et conduiraient à une plus grande fragmentation du continent. Mais prenant en compte l’opinion des sceptiques du panafricanisme comme idéologie, ce mouvement a besoin d’un souffle nouveau et de leaders modernes dont les aspirations pour le futur prennent en compte les désirs et espoirs des millions de jeunes africains.

Malgré ses réalisations en Afrique, Kadhafi représentait  le genre de leader panafricaniste dont l’Afrique a tant besoin aujourd’hui. Il conviendrait de souligner qu’à l’origine, il a embrassé le concept de panafricanisme pour redorer l'image de l'Afrique terni par l'imperialisme occidental . D’aucuns diraient même que Kadhafi a tant préconisé le concept des États-Unis d’Afrique parce qu’il rêvait d’en être président.Archi faux!!!!!! De même, Thabo Mbeki a usé de son concept de African Renaissance ou Renaissance Africaine pour permettre à l’Afrique du Sud, une fois sortie de la période d’apartheid, d’atteindre un des objectifs clés de sa politique étrangère, à savoir devenir la première puissance en Afrique en détrônant le Nigéria. De nos jours, les « panafricanistes » les plus vocaux en Afrique n’utilisent point cette idéologie pour améliorer le bien-être des Africains, mais plutôt pour atteindre leurs objectifs personnels. Mais cette situation n’a pas à demeurer éternelle. Car C’est à la jeunesse de reprendre ce flambeau, d’en avoir une nouvelle lecture, approche. Je pense que le panafricanisme doit être d’abord  politique avec d’être economique.

Si toi aussi tu souhaites dénoncer l’exploitation des richesses minières, agricoles et l’appauvrissement culturel, démographique et
intellectuel de l’Afrique:
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En écrivant au :mopjad@yahoo.fr

 

Le Président du MOPJAD

BADIROU Mahfouz



29/03/2012
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