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Intellectuel apolitique : un oxymore Africain ?

 

Bon nombre d’Africains ont tendance à assimiler ceux qui ont poursuivi de longues études supérieures à des intellectuels. Pour ceux tombant dans cette catégorie, indépendamment du sexe, les attentes sociales sont extrêmement élevées. Si au niveau familial l’obtention de diplômes universitaires multiplie les options permettant d’acquérir une indépendance et une stabilité financières conduisant ainsi à un meilleur standard de vie, il n’en est pas de même au niveau de la société. En effet, toute personne éduquée ou encore appelée en langage informel dans certains milieux « long crayon », est sensée marquer son sceau dans le livre d’histoire de sa communauté. À bien juger, cette notion noble par essence, ne fait que réaffirmer le pouvoir révolutionnaire que représente l’éducation. Malheureusement pour l’Afrique, le drame est que la voie la plus « prônée » aux intellectuels pour susciter un quelconque changement dans la société est celle de la politique. Mais qu’en est-il des intellectuels qui veulent bien laisser leur empreinte dans l’histoire sans pour autant s’engager activement dans la vie politique de leur pays?

Dans les milieux universitaires africains aux États-Unis, les discussions sur l’engagement politique des intellectuels Africains font couler beaucoup d’encre. Ceux en faveur de l’engagement politique citent communément certains éminents intellectuels africains tels Kwamé Nkrumah du Ghana, Léopold Senghor du Sénégal, Julius Nyéréré de la Tanzanie, ou Nelson Mandela de l’Afrique du Sud qui ont, chacun à leur époque, marqué simultanément l’histoire politique africaine et mondiale.

Dans le camp opposé, de « nombreuses légendes » circulent sur ces intellectuels qui, excités de rentrer en Afrique une fois leurs études terminées en Occident, ont très vite déchanté une fois sur place. Selon ces récits dont la véracité dans la plupart des cas reste à confirmer, l’appartenance politique détermine le succès ou l’échec de la réintégration en Afrique. Pour parler crument, tout intellectuel membre du parti au pouvoir se voit ouvrir les portes menant à la réussite. Par contre, celui partisan de l’opposition doit affuter ses armes pour un long parcours de combattant. Les moins endurants et ceux craignant pour leur sécurité et celle de leurs bien-aimés reviennent vers le démon qu’ils connaissent (l’Occident) et laissent tomber l’ange qu’ils croyaient voir (l’Afrique).

Vu le nombre grandissant des intellectuels Africains parfois réfugiés économiques en Occident, la question mérite cependant d’être posée. Est-il possible pour une personne bardée de diplômes universitaires lui conférant un certain statut social de réussir et de s’épanouir professionnellement en Afrique sans une implication active dans la vie politique de son pays ? Avant de proposer une quelconque réponse à cette interrogation, il serait plus sage de prendre du recul, et d’enquêter avec autant d’impartialité que possible, sur les tentatives de réinstallation des intellectuels africains diplômés à l’étranger en Afrique. Transcender les commentaires dérisoires sur le sujet amènerait tout esprit curieux à se faire une opinion basée sur des faits concrets.

Peu importe les préjugés sur la question, force est de de reconnaitre que le degré d’assujettissement voire de léthargie de la classe intellectuelle dans certains pays africains laisse vraiment à désirer. Une chose est certaine. Quelles que soient ses années d’études et sa filière de spécialisation, tout (e) Africain (e) appartenant à cette catégorie peut inscrire son nom dans le livre de l’histoire. En dehors de la section intitulée « politique », le livre de l’Histoire Africaine a encore de nombreuses pages vierges s’étalant sur une myriade de domaines parmi lesquels l’agriculture, l’économie, les sciences, la technologie, la recherche, les arts, la communication, le développement économique, et l’activisme pour ne citer que ceux-là. Des révolutions dans tous ces domaines, encore sous-exploités en Afrique, nécessiteraient qu’on le veuille ou non, des intellectuels apolitiques.

Résumé d’un débat avec Dr MS



01/02/2012
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