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Dossier : L'université Cheikh Anta Diop de Dakar, temple de l'échec ?Rendez-vous à 6h devant l'amphi Il n'y a pas de place pour tous les étudiants

Rendez-vous à 6h devant l'amphi
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Rendez-vous à 6h devant l'amphi
Il n'y a pas de place pour tous les étudiants
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Il n'y a pas de place pour tous les étudiantsy a pas de place pour tous les étudiants
Publié le 28/03/2
Quand le
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L’adage selon lequel l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt prend tout son sens à la  faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’université de Dakar. Pour avoir une place assise en amphi, les étudiants doivent y être au plus tard à 6h du matin. Et même aussi matinaux, ils courent le risque de suivre le cours assis sur une brique qu’ils auront pensé à apporter, ou tout simplement… debout.


Samba Diamanka se rappelle ses débuts à la faculté, lorsqu’il venait de débarquer de son Kolda natal (Haute-Casamance, à 670 km de Dakar). " En première année, je quittais Parcelle (banlieue de Dakar) à 5h du matin pour venir à l’université mais je trouvais toujours la salle complètement remplie. Je n’avais jamais de place pour m’asseoir pour écrire. Je me suis longtemps contenté de suivre les cours debout. " Au bout d’un moment, Samba décide d’arrêter de venir aux cours : " Je me suis mis à acheter des fascicules que les professeurs vendent entre 2 500 FCFA (3,81 euros) et 3 000 FCFA. (4,57 euros) "

Bagarres quotidiennes

A la faculté de Droit cohabitent deux classes de première année composée de 3 500 étudiants chacune, les groupes A et B. L’amphithéâtre le plus vaste ayant une capacité de 2 000 places, tous les étudiants ne peuvent donc pas s’asseoir. Chaque jour, des bagarres éclatent à cause des " réservations ". " Il arrive que les gens se battent parce que  quelqu’un dépose des cahiers sur plusieurs bancs, c’est ainsi qu’on garde les places pour ses amis ", explique Daouda Sow. Ses amis lui réservent régulièrement une place : " Sinon, je fais le cours assis sur une brique et c’est très désagréable, je peux vous l’assurer. "

Seynabou, étudiante en deuxième année au département d’anglais, a manqué son premier cours à la faculté : " Devant une des portes de l’amphi, je vois arriver deux étudiants avec chacun une brique entre les mains. Je suis sortie précipitamment car j’avais peur qu’il s’agisse d’une bagarre. Une fois rentré, mon grand frère me dit qu’en fait ils utilisent ces briques pour s’asseoir et suivre le cours. A partir de ce moment, je venais au cours deux heures avant. "

Des étudiants fantômes

Cheikh Abdoul Khadir Seck étudie au département de Géographie, à la faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH). Il raconte : " Je me rappelle mon premier jour, on avait cour à 13h. Je suis venu à moins le quart, l’amphithéâtre était déjà rempli il n’y avait plus de place assise. " Le cours en question se déroulait dans le grand amphithéâtre de la faculté de Droit.  Les étudiants de la FLSH de l’Ucad font cours partout dans l’université sauf dans leurs propres salles d’études. " Nous étions de vrais nomades. Nos cours se faisaient à la fac de Droit ou à la Faseg (faculté des sciences économiques et de Gestion) ou encore en  fac de Médecine. Les amphis de la fac de Lettres étant trop petits par rapport au nombre d’étudiants,  j’ai appris partout à l’Université… Sauf dans les salles de ma faculté ", continue Cheikh.

Les travaux dirigés en dehors de l’université

Le manque d’infrastructures pousse les autorités de la faculté des Lettres et Sciences Humaines à opter pour une solution alternative. Celle-ci consiste à diviser les étudiants en groupe et à organiser les travaux dirigés hors de l’enceinte universitaire. Les cours délocalisés se font les après-midis dans les écoles primaires situées à proximité de l’université. Aida Diop, étudiante en deuxième année de Lettres Moderne, raconte : " L’année dernière, je faisais les travaux dirigés à l’école élémentaire Manguier 2 située après le canal 4, en allant vers le supermarché de Sahm, et cette année aussi certainement. "

Quoiqu’on en dise, cette situation est peu propice à la production intellectuelle et ne met pas les étudiants dans des conditions favorables à une efficacité optimale.




28/03/2012
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