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Cameroun: La torture, un sport national au pays de Paul Biya

 

 

 

Abonné absent: Le Cameroun refuse de ratifier la convention contre la torture.

 

http://www.afriquemonde.org/UserFiles/image/Prison_cameroun03.jpgA cause de la velléité du gouvernement, la torture a la peau dure au Cameroun. «Je demande à tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait, de ratifier la convention et son protocole facultatif en tant que mesure concrète de lutte contre la torture», a expliqué la Finlandaise Heidi Hautala, président de la commission parlementaire des droits de l’homme, à l’occasion d’un débat sur le sujet le 15 juin 2011. Car poursuit-elle, la torture, sous toutes ses formes, viole les principes de liberté, de démocratie et de droits de l’homme

 

L’Union européenne, qui a interdit la torture sur son territoire, travaille à éradiquer ce fléau dans le reste du monde». En refusant de signer ce document pourtant examiné et adopté lors de la 77è session plénière de l’assemblée générale des Nations-unies le 18 décembre 2002, les Camerounais sont et restent exposés à la torture dans les lieux de détention.

 

A part ça, l'Union Européenne n'est pas vraiment une très bonne donneuse de leçon en la matière, vu sa complicité dans la confiscation du droit à l'auto-détermination dans de nombreux pays, en faveur de régimes extrêmement toxiques. Mais bon, disons que personne n'est parfait, et qu'il faut bien commencer quelque part. (Note de Juliette)

 

Cette convention demande aux Etats signataires «de prendre des mesures efficaces pour empêcher que des actes de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants soient commis dans tout territoire sous sa juridiction». Et préconise la mise sur pied des mécanismes nationaux de prévention avec comme attribution première la prévention et la dénonciation à l’échelon national. «Cet organisme coopère, en vue de prévenir la torture avec les organes et mécanismes compétents de l’Onu ainsi qu’avec les autres organisations en faveur du renforcement de la protection de toutes les personnes contre la torture»D’après Guillaume Mbahma, juriste, «tant que le Cameroun n’a pas ratifié cette convention, toutes les campagnes sont vouées à l’échec. C’est le cas présentement. Je n’ai pas besoin d’être sorcier ou de faire le tour des cellules et prisons pour constater qu’elle est omniprésente». D’après ce dernier qui accuse le gouvernement d’être responsable de ce statu quo, «c’est une situation qui profite au régime actuel car le Cameroun n’est pas un pays de droit et de liberté sinon cette convention serait signée depuis. Si elle est ratifiée, gendarmes, policiers, gardiens de prisons, magistrats et employeurs seront en difficulté car ils prennent un malin plaisir à torturer les usagers dont ils ont la charge. C’est pour eux l’occasion de gérer un pouvoir sur le plan microcosmique et penser qu’ils sont puissants. Tant qu’ils ne s’attaquent pas aux intérêts du Manitou national, ils peuvent faire ce qu’ils veulent en toute impunité».

 

Pourtant basée sur la déclaration universelle des droits de l’homme, l’article 7 du pacte international relatif aux droits civiques et politiques, la déclaration sur la protection de toutes les personnes, cette convention est le boulevard ouvert par les Nations-unies soucieuses de la mise entre parenthèses de la torture sous toutes ses formes.

 

Loin d’être un fait isolé, ce phénomène est également observé dans plusieurs pays de l’Union européenne et de l’Amérique (pourtant chantres du respect des droits de l’homme) signataires de cette convention. Si cette situation perdure à l’hémisphère nord, que dire-t-on des pays du sud où le respect des droits de l’homme n’est pas la chose la mieux partagée? «Malheureusement, il reste beaucoup à faire. S'il nous arrive d'entendre le témoignage de ceux qui ont été torturés par des régimes brutaux et de voir les salles dans lesquelles les actes de torture ont été commis, nous ne devons pas oublier pour autant que la plupart des victimes n'ont jamais l'occasion de raconter leur histoire et que la torture n'est pas limitée à une région particulière, à un système politique particulier ou à quelques pays», tranche Kofi Annan, ex-secrétaire général de l’Onu.

 

Univers carcéral. Quand les prisonniers vivent la torture au quotidienConsidérées par l’opinion publique comme des mouroirs, les maisons d’arrêt se présentent comme le meilleur laboratoire d’application de la torture. Ce que relativisent les responsables des bastilles camerounaises.Loin d’être une simple vue de l’esprit ou une image écornée, loin de s’apparenter à une campagne de diabolisation, plus qu’une évidence et un fait social, moins qu’un enfer et très loin d’être un Eden, les prisons camerounaises se présentent au jour le jour comme le laboratoire d’expérimentation par excellence de la torture sous toutes ses coutures. Ici, la convention de Genève, la déclaration universelle des droits de l’homme et des libertés sont reléguées aux calendes grecques. En bastonnades sanglantes, séjour forcé dans les mitards (cellules disciplinaires), privation de visite et d’accès aux soins de santé adéquats, réduction de la circulation interne, et corvées taillées sur mesure, la torture a un avenir prometteur en prison.


 

 

Malgré les affiches apposées aux quatre coins des bureaux administratifs, appelant au respect de la dignité humaine, en dépit des campagnes des organisations non gouvernementales et des interpellations de l’Onu et nonobstant les promesses du gouvernement, la torture est bel et bien présente en prison où elle a pris ses quartiers.Après les tribulations des cellules des commissariats des brigades, le pensionnaire prévenu, en détention administrative ou condamné, broie du noir. «Ce que je vis ici est indescriptible. Pour un rien, on nous bouscule et on nous oblige à faire des travaux ignobles quand on ne nous jette pas au mitard. Nos organes vivent la torture au quotidien. Entre ce qu’on mange et où on dort entassés comme des sardines, rien n’est plus indécent». Propos d’un prisonnier approché en décembre 2010 à la prison centrale de Douala lors de la traditionnelle cérémonie de remise de dons aux prisonniers par le pari mutuel urbain camerounais (Pmuc), qui en tant qu’entreprise citoyenne a décidé d’accompagner ces bagnards dans l’amélioration de leurs conditions de détention. Comme ce dernier, c’est la quasi-totalité des prisonniers qui souffrent le martyr. Selon un prisonnier, la torture est un repas complet.

 

«A l’entrée, on vous humilie par des fouilles indécentes, assis à même le sol en vous posant des questions stressantes. A la résistance, on sacrifie vos droits sur l’autel du règlement intérieur. Au dessert, vous dormez par terre ou dans une cellule surpeuplée avec des inconnus souvent malades. Le fouet et les menaces font partie du bonus.Ce sont les bonnes manières de la prison.»

 

Pour avoir suivi Bertrand Teyou, (l’auteur du livre sur Chantal Biya) dans sa grève de la faim, neuf prisonniers avaient été violentés puis enfermés à la cellule disciplinaire avec pension alimentaire réduite. Ils en sortiront tout endoloris et affectés psychologiquement quelques jours plus tard. Même traitement pour ceux soupçonnés de tentatives d’évasion et «actes criminels» en juillet 2008, octobre 2008, avril 2009, janvier 2010, mars 2010, septembre 2010 et bien d’autres.«Tous les moyens sont bons pour justifier la torture et le plus souvent, ce sont les innocents qui la subissent. On nous accuse d’avoir mis le feu à la prison alors que c’est un court-circuit qui est à l’origine. Le courant est parti pour revenir brusquement. Avec la vétusté des installations, le pire n’a pas pu être évité. Il faut être dans les bonnes grâces des gardiens pour ne pas être torturé. Le plus souvent, ce sont nos amis prisonniers qui se chargent de la sale besogne», poursuit notre interlocuteur sous anonymat. A quand la fin de la torture dans les établissements pénitenciers chargés de redresser les torts des détenus ? Focal. New-Bell: Torture non, redressement oui.

 

A la prison centrale de Douala, cette accusation est prise avec beaucoup de pincettes. Si les geôliers ne nient pas les actes de violence qu’ils considèrent comme réparateurs par rapport au comportement difficile de leurs «amis» prisonniers, ils évoquent la vétusté des infrastructures, les moyens limités, le comportement déviant des pensionnaires et la logistique insuffisante pour justifier ce qui est appelé «torture» à tort ou à raison. «Nous sommes obligés-et je pèse mes mots- d’être un peu durs avec eux, car ils ne nous facilitent pas la tâche. Si on ferme l’œil pendant une seule seconde, le pire peut arriver», dit un gardien. Qui poursuit. «Pensez-vous qu’on doive dorloter un prisonnier qui essaie de s’évader alors que la loi l’interdit? Est-il normal de développer un réseau de vente de stupéfiants en prison? Doit-on chouchouter un prisonnier qui manque du respect aux gardiens, provoque des émeutes et des incendies?». Ce dernier parle de leur mode opératoire. «On traite les prisonniers selon leur comportement qui est loin d’être exemplaire. Pas de quartier, surtout si c’est un récidiviste. Si vous passez une journée ici, vous comprendrez que ce traitement sied à leurs déviances, car on ne peut parler au chien que le langage qu’il peut entendre».

 

Prenant le relais, son collègue en service au secrétariat parle de révolution interne. «Depuis que le nouveau régisseur (Dieudonné Engonga Mintsang, ndlr) est là, tout a changé dans le sens de l’assouplissement. Nous supportons tout ce qu’ils nous font subir sans trop sévir, sinon ceux qui ont été pris en flagrant délit de vente et consommation de stupéfiants auraient été torturés comme vous le dites. Le régisseur qui est leur premier avocat sanctionne de moins en moins même s’ils nous poussent à bout. Ce n’est pas une faiblesse, mais une tentative d’humanisation de cet espace carcéral».

 

«La torture est le sport favori des gardiens de prison».

 

Incarcéré après les émeutes de février 2008, cet ex-prisonnier de la maison d’arrêt de la prison centrale de Douala parle des ses tribulations.Avez-vous personnellement connu des sévices et pourquoi?Vraiment je ne sais comment vous répondre, car les mots me manquent. Tout ce que je peux dire, c’est que la prison de New-Bell est un autre monde. Je peux dire sans risque de me tromper que c’est l’enfer sur la terre. Si on me disait que j’allais autant souffrir pendant ces premières semaines, j’allais parier mon dernier sou. Oui j’ai déjà été victime de torture à plusieurs reprises par les anti-gangs. Ils me tabassaient chaque jour sans pitié.Mon cas est différent, car j’ai été torturé parce que j’ai encouragé mes amis à manifester pour la grève du mois de février passé dans ma localité à Bonabéri et aussi comme je suis un militant du Sdf de Besséké III à Bonabéri, et arrivé en prison, j’ai été fiché comme un activiste qu’il fallait absolument mâter, car représentant un danger public et permanent pour eux.

 

En quoi consiste cette torture ?Cette torture consiste en la méchanceté ; il n’y a rien d’autre. Officiellement on vous accuse de quelque chose pour justifier leur acte et on vous demande de faire ce qui est inhumain et impropre à la santé, à savoir piler les déchets et… , non c’est trop difficile d’en parler. Il y a un ami à qui on a proposé de faire des choses qu’il voyait à la télé. Si vous refusez, vous êtes tabassé pendant plus d’un mois. Ce sont les gardiens qui rendent les prisonniers rebelles.Les gardiens parlent plutôt de redressement et non de torture...C’est le langage officiel qu’ils utilisent pour légaliser tous les sévices qu’ils commettent sur les prisonniers impuissants. Ce sont les mêmes gardiens qui sont au centre du trafic de drogue qui punissent ceux qui n’en consomment pas. Ce sont ces gardiens qui décident de la quantité du taux de stupéfiants qui doit entrer en prison. La drogue qu’on arrête, c’est celle de certains prisonniers qui ont créé leur propre réseau de distribution et ceci énerve les gardiens. Le prisonnier est comme un réfugié qui veut fuir cet enfer. Les dégâts sont-ils aussi graves qu’on le dit ? 

 

Les dégâts de la torture sont graves. Moi-même qui vous parle, je ne suis pas en bonne santé. Je n’arrive même pas à marcher normalement ; et même manger pour moi c’est difficile parce que je n’ai jamais vécu une telle situation dans ma vie et je ne sais pas comment je peux faire pour revenir à l’état normal. Tous les prisonniers ne rêvent que de s’évader, de quitter au plus vite cet enfer. Mes camarades ont des blessures sur le corps et qui ne sont même pas traités. L’air pur est une denrée rare en prison. C’est aussi une forme de torture, surtout pour nous les innocents et les moins nantis. Il faut seulement remettre sa vie qui n’a plus de sens à Jésus Christ. Torture primaire: Commissariats et brigades de gendarmerie au banc des accusés. Des aveux sont brutalement arrachés après arrestation des prévenus par l'usage systématique de la torture. Une pratique qui a encore de beaux jours dans les commissariats de police, les gendarmeries et les prisons.Georges Bianda avoue avoir subi des sévices corporels dans un commissariat de la ville de Douala et se souvient de cette journée cauchemardesque qu’il a vécue dans la nuit du 29 mai 2011.

 

Ce jour, ce vendeur de friperie au marché Madagascar quitte le domicile familial à 7 heures. Peu de temps après, raconte-il, il se retrouve dans la cellule du commissariat du 8è arrondissement. Auparavant, dans un enchaînement d’évènements, il a été arrêté alors qu’il installait des vêtements sur le mannequin.Poussé dans un taxi, il est aussitôt escorté par des policiers vers le commissariat situé à un vol d’oiseau de ce lieu marchand. Y étant, les choses vont se précipiter. Après avoir été roué de coups de matraque par des policiers, entendu sur procès verbal pour «complicité de vol», raconte-t-il, il est jeté en cellule, jure le commerçant, en montrant des traces de matraque sur sa jambe gauche et sa cuisse droite. Une plainte avait été déposée contre lui par le père de sa petite amie. Celui-là même qui l’avait fait interpeller le 29 mai dernier au marché. Non loin du rond point Dakar.Sans avoir eu l’occasion de se faire assister par un avocat, comme le veut le nouveau code de procédure pénale, le jeune homme a dû faire une déposition, les pieds endoloris par les coups de matraque reçus dans sa cellule, affirme-t-il. «J’étais obligé d’avouer que j’avais volé le téléphone de mon beau-père parce que la douleur que les policiers m’avaient infligée était atroce » nous confie-t-il. Et de continuer : «C’est lorsque mon père et mon oncle sont arrivés au commissariat et ont rencontré le commissaire que j’ai pu respirer l’air de la liberté ».

 

Pour avoir proféré des menaces à un policier en civil qui l’avait insulté le traitant «d’incapable», un vendeur de bijou a été torturé pendant plusieurs heures au commissariat du 10è arrondissement de Douala. «Regardez mon corps. Il est couvert de blessures. J'ai été battu pendant des heures. Le policier m’a roué de coups après m’avoir mis des menottes. Tout ça pour rien. Il a été le premier à me traiter d’incapable, alors que j’empruntais le même taxi que lui. Je n’ai rien fait» affirme Augustin B., les yeux ressortis sur un visage meurtri par la douleur. L'auteur de ces propos n’est pas prêt d’oublier la souffrance à lui infligée par ce policier dont il n’a pas pu avoir l’identité, jeudi 2 juin 2011. Il semble avoir effectivement passé des moments difficiles dans ce commissariat de Douala, où il a été détenu pendant 24 heures. «Si je n’avais pas reçu des soins intensifs chez un ophtalmologue, j’aurai certainement perdu la vue», lance-t-il.

 

En matière de torture physique et morale, on pourrait encore citer, entre autres, le cas du jeune L.n. qui, suspecté de vol alors qu’il travaillait comme cuisinier chez un dignitaire de Douala, avait été dénoncé à la police et par conséquent arrêté par cette dernière, non sans avoir été copieusement molesté et conduit à la prison centrale de Douala où il croupit depuis plusieurs mois, sans jugement.On peut multiplier des exemples de ce genre sur l’étendue du territoire où le premier réflexe du policier, du gendarme comme du militaire vis-à-vis du citoyen, est de bousculer, frapper faire asseoir à même le sol en attendant de le déshabiller pour le faire dormir nu et dans la cellule, s’il ne le passe pas à la balançoire. Au regard de tous ces actes de barbarie une question : à quand les poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs d’actes de torture, conformément à la loi 97/009 du 10 janvier 1997 ?

 

En famille: Quand les conjoints se torturent psychologiquement. 

 

Comme on peut le constater, en dépit des recommandations et de la prohibition de la torture par la loi camerounaise, la torture physique est encore utilisée. Celle dite psychologique prend progressivement le pas. Dans les ménages, des épouses broient souvent du noir. Certains conjoints font régulièrement preuve de violences constitutives de traitements inhumains et dégradants envers leurs épouses. «En décembre 2011, se souvient Eléonore T., j’ai été victime de traitements cruels et dégradants de la part de mon époux alors que j’étais enceinte de mon deuxième fils».

 

Pour avoir osé assister à une fête de la famille sans au préalable informé son époux, elle a été privée de ration alimentaire et contraint à passé la nuit à la belle étoile. Son époux lui ayant fermé la porte au nez. Il n’est pas que des conjointes qui subissent des tortures psychologiques. Le cas des conjoints est loin d’être différent. Carlos Tétangmo s’en souviendra aussi longtemps qu’il vivra de «cette triste nuit» du mois de février 2011 où son épouse décida de faire désormais chambre à part. «Elle me soupçonnait de lui faire des infidélités. Elle croyait que je sortais avec la voisine. Je lui ai expliqué qu’il n’en était rien, mais elle n’a voulu rien entendre», confesse-t-il. Même les conseils de famille n’y changeront rien. Chamberline ayant plutôt choisi de camper sur sa position. «Cette attitude a énormément contribué à dégrader les relations entre ma femme et moi», avoue le mari impuissant. Comme lui, ils sont nombreux à être psychologiquement affectés par une telle décision de leur épouse.

 

Selon la revue internationale de la Croix-Rouge no 867, de Hernán Reyes, les pires cicatrices ne sont pas toujours physiques. Des souffrances psychologiques intenses et qui perturbent profondément les sens et la personnalité sont assimilées à des mauvais traitements lorsqu'elles sont prises isolément et peuvent se transformer en torture si elles sont répétées et intégrées dans un processus global de torture. «Ce soir je me sens lasse, vidée, car pour une simple dispute mon concubin ne me parle plus, m'ignore, cela fait cinq jours mais parfois cela dure 3 semaines voire un mois...Pendant six mois tout va super bien et puis voilà pour un mot déplacé, il ne me parle plus du tout et fait comme si je n'existais pas. Je ne peux plus, il ne veut même pas me dire ce que j'aurais pu faire...A chaque fois que cela se passe je me sens de plus en plus désemparée et de plus en plus vidée. Je lui explique que c'est très dur à vivre et qu'un jour je pourrais décider de m'en aller, alors il me rétorque que je peux m'en aller si cela ne me convient pas. Et que cela durera aussi longtemps que lui le décidera et il me dit aussi que cette fois ci il va encore faire durer la chose. Depuis cinq jours je ne mange plus ne dors plus je vais vraiment mal que dois je faire?», témoigne Pauline Tchaka.

 

A la réalité, la torture psychologique provoque divorce, dépression, stress et rupture dans les couples.Post scriptum: La torture, ce sport national. C’était l’époque héroïque des gangsters : Ekouté alias pasto, Miyébé alias Sinclair, Mboka alias moustique, ou encore de Fongang alias esprit, qualifié par la presse comme le dangereux patron du gang des blousons noirs. Ces gibiers de potence et bien d’autres ont connu la rude torture de l’époque, où les droits de l’homme étaient encore considérés comme des pipis de chat dans les années 80.Aujourd’hui beaucoup sont décédés au front ou en prison ; certains passent une retraite tranquille derrière les barreaux ; d’autres sont devenus pasteur pentecôtiste ou député à l’assemblée nationale. Entre les cellules de la Pj de Douala, et la prison de New-bell, mouroir au cœur de la ville, qui n’avait rien à envier au champ de torture qu’était le camp Boiro de Conakry, ces loups par excellence savent mieux que quiconque ce qu’est un loup pour l’homme.Comme par exemple Mapoko. Inspecteur Mapoko. Tous les ‘clients’ qui sont passés par la police judiciaire de Douala se souviennent de lui comme un cauchemar vivant, au service de la « vérité policière ».

 

Parmi eux, Ekouté alias pasto, Miyébé alias Sinclair, Mboka alias moustique, ou encore de Fongang alias Esprit. L’homme dit-on, avec les croyances de l’époque, avait une main ‘mystique’ de gorille qui pouvait assommer un bœuf. Dès qu’un suspect était interpellé, on l’envoyait pour exploitation chez Mapoko.Illettré come un pot, celui-ci considérait un suspect comme un coupable. Il était donc inutile de nier devant lui. Du reste, Mapoko n’avait qu’une seule méthode d’enquête. Avec sa gifle ‘mystique’, tout interpellé avouait les sept péchés d’Israël, signait ses aveux et allait se ‘reposer’ en prison avec un ouf de soulagement.La pratique de la torture, qui ne dit pas son nom, existe sous toutes les formes et dans tous les secteurs. Au sinistre Bmm qui logeait au camp Mboppi, Ekanè Anicet a connu une autre forme de torture. Interpellé pour des raisons politiques, il attendait menotté au bureau du commissaire, lorsqu’entre un officier de l’armée qui ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam et était en ces lieux pour d’autres affaires. Le militaire n’avait pas vu qu’Ekanè était menotté. Après avoir salué le commissaire, le militaire lui tend une main amicale. Mais le commissaire du Bmm le reprend en lui demandant s’il ne sait pas comment on salue un homme menotté. L’officier balance alors une baffe magistrale à Ekanè avant de sortir.

 

Si la torture physique des suspects dans les commissariats est la plus médiatisé, il existe aussi une autre forme, psychologique celle-là, qui ne dit pas son nom. Le regretté Fochivé en était un spécialiste. Ministre ou opposant, il n’avait de respect pour personne. Les convocations de l’ancien patron du Cener ont fait trembler plus d’une personne. Vous étiez ‘prié’ de vous présenter à son bureau du lac dès 7heures. Le vieux vous recevait à 2heures du matin. L’attente était tellement longue que vous étiez cuit avant même d’être cuisiné. C’était l’enfer ? A tort.

 

A New-bell on touche le fond. Entre la cellule disciplinaire et les chaînes, entre la corvée caca et la sodomie obligatoire, il n’y a aucun choix à faire. Il faut subir...Mais la torture se pratique aussi dans la vie civile. Plus sournoise, plus insidieuse. Avant le vieux Koungou Edima Ferdinand, alors directeur général au ministère de Finances, un dossier de recrutement devait être suivi par l’intéressé à Yaoundé, qu’il soit affecté à Kolofata ou à Kombo à Bedimo. Ce qui suppose des déplacements multiples, des pots de vins à la bonne porte.Le droit de cuissage, le harcèlement sexuel et tout le bataclan en vigueur dans les bureaux ou à l’usine ne sont-ils pas aussi des calvaires d’un autre genre ? Ces pages ne suffiraient pas pour énumérer toutes les formes de ‘supplices’ que connaissent les Camerounais au quotidien, dans une société où chacun exerce sa part de pouvoir dans son pré-carré, avec des abus en tous genres...

 

 

Conclusion de Juliette: 

Que les membres de la communauté internationale qui sont au courant de cette situation intolérable, et ils le sont absolument tous sans aucun doute, arrêtent donc de cautionner et de soutenir les régimes d'où sortent ces manières monstrueuses de traiter son prochain. De cautionner le résultat frauduleux, donc faux, d'une élection en faveur de monstres sanguinaires tels que Paul Biya et ses pairs, est un crime contre l'Humanité. Ceux qui assistent, complaisant, à ces preuves de gouvernance toxique à l'extrême, qui vendent des armes et services (entrainement, formation et conseils) destinés à persécuter et à massacrer des populations civiles, qui hébergent des chefs d'Etat parfaitement illégaux, ainsi que les fonds détournés du patrimoine du peuple, qui poussent par conséquent des millions de gens à l'exil et dans les derniers retranchements de leur dignité, doivent être poursuivis pour leur co-responsabilité dans de graves crimes contre l'Humanité.



21/02/2012
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