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BENIN:Projet de construction de la route Comé-Bopa-Zougbonou/Bretelle de Bopa : Le député Fagnon, ancien ministre de Yayi donne raison à Nago


Projet de construction de la route Comé-Bopa-Zougbonou/Bretelle de Bopa : Le député Fagnon, ancien ministre de Yayi donne raison à Nago

« … Contrairement à ce que le ministre Aké Natondé à dit, les propos du président de l’Assemblée nationale ne sont pas des propos de politicien… »
La sortie médiatique du week-end dernier du président de l’Assemblée nationale, le Professeur Mathurin Coffi Nago continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Après le Ministre des travaux publics et des transports, Aké Natondé, qui a réagi suite aux propos tenus par le président Mathurin Coffi Nago au sujet de l’abandon du projet de construction de la route Comé-Bopa-Possotomè-Zougbonou et plus précisément de la bretelle de Bopa, c’est le tour du député Nicaise Fagnon, ancien Ministre des travaux publics et des transports de monter au créneau. Dans un entretien accordé à votre journal, il a présenté la genèse dudit projet tout en se prononçant aussi bien sur les déclarations du président de l’Assemblée nationale que sur la réaction du ministre Aké Natondé. Il n’a pas manqué d’inviter le président de l’Assemblée nationale, le Professeur Mathurin Coffi Nago et le gouvernement à mettre fin à la polémique.

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Nicaise Fagnon départage Nago et Aké

(Lire ci-dessus l’interview accordée à votre journal au sujet de la polémique autour de l’abandon du projet de construction de la route Comé-Bopa-Possotomè-Zougbonou)

Vous avez été Ministre des travaux publics et des transports du président Boni Yayi. Depuis quelques jours, il y a une polémique qui enfle au sujet de la bretelle de Bopa ; un projet que vous avez dirigé à un moment donné quand vous étiez Ministre. Est-ce que vous pouvez vous prononcer un peu sur ce projet ?
Je vous remercie. Les Ministres, dit-on, ont une obligation de réserve. Mais la nature de réserve dont il est question n’est pas celle-là, puisque pour moi, c’est un devoir de vérité parce que ce n’est pas la peine de continuer cette polémique-là. Je voudrais dire halte à la présente polémique. De quoi s’agit-il ? J’ai hérité d’un projet d’aménagement et de bitumage au moment où j’étais nommé Ministre des travaux publics et des transports en octobre 2008 ; un projet concernant l’axe Comé-Bopa-Possotomè-Zougbonou. Il y avait un problème de retard d’exécution au niveau de ce projet. Quand j’ai accompagné l’entreprise à terminer le projet, il s’est fait que ses derniers décomptes n’ont pu être payés parce que le projet a été clôturé. Les délais des derniers décaissements ont expiré. Je me souviens, c’était environ 800 millions de Fcfa qu’on restait devoir à l’entrepreneur. Et bien plus tard, j’ai pu constater après plusieurs années, qu’il aura fallu 3 ans pour apurer cette dette. Mais entre-temps, il fallait faire les travaux confortatifs parce que les populations riveraines étaient inondées. Il fallait aménager le Carrefour et en plus des travaux confortatifs, il fallait bitumer la bretelle de 1,2 kilomètre. Je dis ‘’bitumer’’ parce que les populations ont refusé ma proposition de faire le pavage de la bretelle à l’époque. Donc, j’ai dû refaire un autre projet. Ce projet qui a été refait, restructuré ne pouvait bénéficier que de ressources provenant du budget national. Souvenez-vous, dans les années 2008-2009, notre budget avait été éprouvé. Là où se trouve mon devoir de vérité, c’est de rappeler que c’est au moment de lancer les travaux de la route N’Dali-Nikki-Tchikandou que la Banque Islamique de développement (Bad) a été approchée pour lui demander de bien vouloir accélérer le décaissement de l’appui budgétaire dont notre pays a bénéficié et que le ministère de l’économie et des finances a mis du temps pour solliciter le décaissement. Et en la circonstance, l’appui budgétaire devrait contribuer au bitumage, à faire achever le projet en question tout en réglant les impayés de l’entrepreneur. Je précise que de par sa nature, l’appui budgétaire n’est pas le financement classique des projets. De façon classique, quand on fait les études d’un projet, on les soumet aux institutions de financement de développement, elles envoient une mission d’évaluation, présentent un dossier au conseil d’administration qui approuve. Mais l’appui budgétaire, de par sa nature, est destiné au complément du déficit du budget national. Comme les ressources du budget étaient étriquées, on ne doit pas nier aujourd’hui que l’utilisation des ressources de l’appui budgétaire devrait prioriser l’achèvement de ce projet et le règlement des impayés de l’entrepreneur ; ce qui était préalable à l’exécution des travaux. Voilà ce qui s’est passé. Bien plus tard, j’étais déjà député à l’Assemblée nationale, à l’occasion du vote du budget général de l’Etat, gestion 2008, il a été constaté que le projet n’est pas toujours terminé. En ce moment, beaucoup de députés avaient fait du bruit pour dire que ce n’était pas normal. On ne doit pas nier aujourd’hui qu’il y avait décaissement d’un appui budgétaire d’environ 10 millions de dollars Us de la Bad qui, en la circonstance, devrait être utilisé. Mais je dis bien que l’appui budgétaire n’est pas aiguillonné par rapport à un projet. L’appui budgétaire reste un appui budgétaire. Ça veut dire quoi ? En raison de l’unicité de la caisse au niveau du trésor ; en raison du caractère fongible des ressources, on constate que le Ministre des finances et de l’économie a pu certainement avoir d’autres priorités qui n’ont pas permis de prioriser l’utilisation des ressources pour achever le projet qui, en principe, devrait durer 6 mois. Il faut donc arrêter les polémiques parce qu’on ne peut pas nier que le président de l’Assemblée nationale n’a pas été mis au courant des démarches qui ont été faites en vue de permettre l’achèvement rapide du projet>

   Le deuxième constat est que le projet n’est pas achevé. Ce dont il est aujourd’hui question est qu’il faut aller achever le projet et l’améliorer, parce que quand vous prenez l’axe et la bretelle et que vous regardez le bitume, ce n’est pas la même qualité. S’il y a lieu d’améliorer la nature du revêtement, il faut le faire et achever le projet.

Vous avez suivi la réaction du président de l’Assemblée nationale, le Professeur Mathurin Coffi Nago, il y a quelques jours sur ce projet, où il a ouvertement dénoncé l’abandon du projet. Dites-vous, qui l’a informé de l’appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa ? Et que pensez-vous de cette réaction du président du Parlement ?
Le président de l’Assemblée nationale et le président de la République sont deux éléphants. Moi, j’ai été chargé d’expliquer au président de l’Assemblée nationale, les dispositions qui ont été prises à l’époque par le gouvernement pour assurer l’exécution définitive du projet. Si vous interrogez le président de l’Assemblée nationale, peut-être qu’il a pu avoir aussi l’information, indépendamment de moi. Moi je ne mens pas. Contrairement à ce que mon cher ami et collègue, le Ministre Aké Natondé a dit, les propos du président de l’Assemblée nationale ne sont pas des propos de politicien. La réaction du président de l’Assemblée nationale peut être celle des populations qui vivent sur l’axe Akassato-Bohicon. Il y a eu bel et bien décaissement d’un appui budgétaire d’environ 10 millions de dollars Us et je dis bien que l’appui budgétaire reste un appui budgétaire. Mais l’utilisation devrait permettre d’achever les travaux. Le Ministre Aké Natondé aurait pu éviter d’aller répondre parce qu’il ne connaît pas les dessous de ce projet. Il ne connaît pas les péripéties de ce projet. Quand il dit que dans le portefeuille du ministère, le projet là n’est pas financé par la Bad, il ne pouvait même pas en être ainsi. Le projet ne pouvait être financé que par les ressources du budget et les ressources du budget étaient en déficit. Et la nature de l’appui budgétaire est de combler le déficit budgétaire. Maintenant, une fois que l’appui budgétaire arrive, ça se fond dans la caisse. Ce n’est pas des ressources qu’on va mettre dans un coffre-fort à part pour dire que ça va servir à tel ou tel projet. C’est au Ministre des finances et de l’économie de gérer les priorités. Cependant, j’ai aimé la franchise du Ministre Aké Natondé qui a reconnu que le projet n’est pas achevé. Seulement, pour moi, c’est vilain qu’un projet qui devrait être exécuté en 6 mois puisse continuer à traîner sur plus de 4 ans. Mis à part la qualité de la deuxième personnalité de l’Etat que représente le président de l’Assemblée nationale, je suis gêné puisque j’étais là quand nous avons pu dire aux populations que nous avons bouclé le financement. La volonté d’exécuter les travaux est réelle. Je ne peux pas dire qu’il y a mauvaise foi puisque lorsque j’étais là, j’ai tout fait pour qu’il y ait les travaux d’assainissement. J’ai tout fait pour que, d’une manière ou d’une autre, on puisse avoir les ressources. Pour le reste, permettez-moi de ne pas juger les autres.

Au regard de vos explications, est-ce qu’on est fondé à parler de détournement ?
Je suis gêné de parler de détournement parce que je suis technicien aussi. C’est avant tout une question de respect de la parole donnée. C’est une promesse non tenue. C’est un engagement non tenu de n’avoir pas pu utiliser en priorité les ressources de l’appui budgétaire pour terminer ce projet là. C’est moi qui ai été envoyé au président de l’Assemblée nationale pour lui expliquer les diligences qui étaient faites pour achever le projet. A un moment donné, j’étais devenu le plus malheureux entre le Chef de l’Exécutif et le Chef du Parlement. C’est le moment de le dire. Le Chef du Parlement qui estime que toutes les instructions m’ont été données et le Chef de l’Exécutif qui dit qu’il faut tout faire pour régler le problème du Chef du Parlement sinon, il va croire que c’est moi qui ne veut pas faire. Moi, j’ai trouvé les solutions.

Lesquelles ?
Les solutions que j’ai trouvées, c’est de régler le problème de l’assainissement en utilisant les ressources du fonds routier qui n’ont pas besoin de l’intervention du Ministre de l’économie et des finances. C’est moi qui ai trouvé ces solutions-là. Mais je ne pouvais pas utiliser les ressources du fonds routier pour bitumer une route. C’est pour ça que sur ce projet-là, il y a deux contrats. Il se posait un problème de travaux liés à l’assainissement ; ce à quoi on pouvait utiliser les ressources du fonds routier. C’est après qu’il a été nécessaire d’améliorer et d’envisager ce que voulaient les populations de Bopa en y attelant un autre contrat qui permet de faire le bitumage. C’est la preuve de la bonne foi du gouvernement. En tout cas, pendant que moi j’étais là, c’est ce que j’ai pu faire. Nous n’avons pas besoin d’être natif d’une ville avant de travailler pour elle. Je l’ai fait pour Bopa en raison de l’engagement du président de l’Assemblée nationale vis-à-vis de la Nation. C’est pour ça que je me suis plié en quatre. A mon avis, un tel engagement mérite un traitement avec attention. Mon devoir de vérité mérite que je demande au président Mathurin Coffi Nago et au gouvernement d’arrêter les polémiques. Qu’on aille achever les travaux. C’est de ça qu’on a besoin.

Il s’est également posé le problème de la qualité de l’entreprise. Qu’est-ce que vous en dites ?
Non ! Là, je ne suis pas d’accord. Moi-même, à un moment donné, j’avais estimé pour cette entreprise qu’il y avait des problèmes de contre-performance. Pourtant, c’est la même entreprise qui m’a prouvé ses performances qui ont permis d’exécuter le marché de base. Donc, on ne peut pas parler de qualité. Le problème fondamental est que pour une entreprise qui a travaillé et qui a des décomptes impayés, environ 800 millions Fcfa, et qu’on a traînés pendant des années, ça implique des charges. Mais l’entreprise a travaillé à hauteur de 66% alors qu’on a décaissé 57% des ressources. Au même moment, est-ce qu’on n’a pas mis en doute la qualité de l’entreprise Fadoul sur la route Akpro-Missérété/Kpédékpo ? Mais quand la route restée en immobilisation pendant quatre ans, c’est la même Entreprise dont tout le monde a douté que j’ai amené à faire la route Akpro-Missérété/Kpédékpo. Il ne faut pas qu’on ait la mémoire courte. Mais pendant les 4 quatre ans, on n’a pas appliqué les pénalités à l’Etat. Il faut le reconnaître. L’entreprise a travaillé, a présenté des décomptes qui ont été impayés. Moi, je préfère dire la vérité parce que c’est grave de ne pas dire la vérité.

Est-ce que vous confirmez qu’il y a eu un appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa ?
Il y a bien eu un appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa.

Et c’est vous qui avez eu la mission d’apporter l’information au président de l’Assemblée nationale quand vous étiez Ministre.
Je vous dis que c’est authentique. Il y a eu un appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa qui, en la circonstance, devrait être utilisé en priorité pour achever le projet en termes de ressources budgétaires. Mais je rappelle que l’appui budgétaire reste un appui budgétaire. Ce n’est pas un financement arrimé en raison du caractère fongible des ressources de l’appui budgétaire. Le Ministre de l’économie et des finances peut orienter ailleurs cet appui pour satisfaire les attentes du Chef de l’Exécutif qui a peut-être manqué de vigilance pour suivre. C’est peut-être ça. Mais ce que je dis là, c’est un malaise. Pour le moment, je n’en dirai pas plus. Je ne veux pas être complice de ce qu’on dit et qu’on ne reconnaît plus d’avoir dit.

Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



04/09/2014
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