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BENIN:Le Cos-Lépi, la Céna et la Cour sous pression

 



Le Cos-Lépi, la Céna et la Cour sous pression

Le mois électoral s’égrène sans que la nation ne soit libérée de ses inquiétudes. On va vers l’échéance sous le poids de nos appréhensions. L’étrange balbutiement dans la distribution des cartes d’électeurs fait gonfler le voile des incertitudes. Les échos de la pagaille envahissent la République. Du coup, les suspicions éteintes sont rallumées. Les commérages sur la fraude deviennent une contagion. Le pays est en état d’alerte maximale.
La campagne électorale risque de s’ouvrir dans la psychose de la fraude. Et le spectre de 2011 arrive au galop. La faute aux maladresses accoucheuses d’une crise de confiance. Les institutions impliquées dans le processus électoral sont désormais sur la sellette. Assoiffé d’élections transparentes et crédibles, le peuple aiguise ses exigences et laisse enfler ses préjugés. Plus que jamais, le Cos-Lépi, la Cena et la Cour Constitutionnelle sont face au défi de crédibilité. Il suffit à ces trois mousquetaires de grimper la bonne corde pour éviter le glissement, et donc de chuter dans la boue.
En principe, l’ossature de ces institutions garantit l’équilibre de la terreur, notamment le Cos Lépi et la Céna dont les têtes sont hétéroclites. La Cour, composée de demi-dieux, semble intouchable dans son couvent où elle surfe sur ses privilèges et sa puissance. L’impératif, sur une échelle de gradation, est commun à ces trois monstres qui tiennent les clés de la transparence.
Sauf improbable solidarité dans l’exercice du mal et de la tricherie, ce Cos –Lépi est taillé pour permettre à ses membres de se surveiller. Le président Augustin Ahouanvoèbla et son vice président Abdoulaye Gounou appartiennent à des alliances rivales. Le premier sorti de l’arc-en-ciel est de l’Alliance Prd-Rb-Fcbe, machine politique huilée pour Zinsou. Le second, transfuge de l’Alliance Eclaireur, roule pour Sébastien Germain Ajavon. Difficile d’imaginer que le poulain Prd de Zinsou et l’homme d’Asg s’enfoncent dans une complicité absolue pour actionner l’engin de la fraude.
La Cena a l’opportunité de convertir ses contradictions en atouts pour combattre la fraude. Le président Emmanuel Tiando, adepte du yayisme, ne peut tester une éventuelle ruse sans se confronter à la vigilance du coordonnateur du budget Basile Fassinou du Madep. Et ce dernier ne peut échapper au dispositif de surveillance de son président. Surtout que la vice présidente, issue de la société civile, la magistrate Geneviève Boco Nadjo, n’a pas les yeux dans la poche.
Pour la Cour Constitutionnelle de Holo qui arbitrera sa première présidentielle, il faut éviter à tout prix des actes suspects, notamment des décisions visiblement absurdes. La Haute juridiction traîne les séquelles de la mauvaise réputation de Cour des miracles. Il lui faut à chaque élection démentir les préjugés historiques qui pèsent sur elle et qui sont de nature à l’exposer à la foudre de l’opinion publique. Ses décisions « ne sont susceptibles d’aucun recours » et « s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités, civiles, militaires et juridictionnelles » (art 124 de la Constitution), mais pour autant, elle ne doit semer l’injustice et récolter le déshonneur.
Cinq ans après le K.O historique mais à polémique, la nation, hantée et traumatisée par la querelle politique autour de la fraude, a soif d’une élection sans tumulte et de résultats acceptables. Le Cos-Lépi doit d’abord nous épargner du spectacle affreux de la distribution des cartes d’électeurs. La logique du report se dessine fatalement. La Cena et la Cour doivent à leur tour éviter la sinistre danse qui provoque la colère d’un peuple impatient d’aller dans l’isoloir et de voter le 28 février prochain.

10-02-2016, Sulpice Oscar GBAGUIDI



10/02/2016
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