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BENIN:Grognes sociales La défalcation est-elle la solution ?


Le conseil des ministres en sa séance du 23 février 2012 a décidé d'opérer des défalcations sur les salaires des enseignants grévistes à partir du mois de mars. Quand on sait que par le passé, cette mesure du gouvernement a radicalisé la position des travailleurs, on se demande si la défalcation sera la solution.

Les négociations entre le gouvernement et les syndicats à travers la Commission nationale de concertation et de négociation collective gouvernement- centrales et confédérations syndicales ont échoué. Ce qui du coup entraîne la poursuite de la grève par le Front des trois ordres de l'enseignement qui d'ailleurs tient pour responsable le gouvernement d'une éventuelle année blanche. Le gouvernement, de son côté, de guerre lasse et après avoir fait remarquer qu'il n'est ni en mesure de satisfaire ni de promettre quoi que ce soit en l'état actuel des finances, a décidé d'utiliser la manière forte pour contraindre les enseignants à reprendre le chemin des classes à savoir opérer des retenues sur salaires pour fait de grèves. Soit !

Mais, à analyser de près, on se demande si le gouvernement a choisi la meilleure option. Et pour cause.

En 2010 au plus fort de l'affaire Dangnivo, presque tous les ministères observaient des mouvements de grève paralysant ainsi l'administration béninoise. Après des séances de négociations infructueuses qui ont duré des semaines, le gouvernement, à son corps défendant, a choisi de faire des défalcations sur salaires. Cette mesure, au lieu de faire peur aux travailleurs pour qu'ils reprennent le travail, les a plutôt ragaillardis et ils ont durci le ton. Au finish, c'est le clergé catholique qui a pu leur faire entendre raison et ils ont accepté d'arrêter leur grève à condition que les défalcations opérées soient retournées. Ce qui fut fait par le gouvernement. C'est vrai que nous sommes en 2012 et les revendications ne sont pas les mêmes. Mais, ne dit-on pas souvent que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets?

Eu égard à ce qui précède, il est impérieux que le gouvernement trouve la formule idoine pour un modus vivendi avec les enseignants pour ne plus se retrouver dans le scénario cité supra où il serait amené à revenir sur sa décision. C'est vrai que dans ce dossier, le gouvernement a joué à fond la carte de la transparence sans succès. Mais, ce que le Chef de l'Etat, Boni Yayi et son équipe ne doivent pas perdre de vue, c'est que les travailleurs sont dans leur droit de revendications qui parfois sont excessives. Donc, il appartient au Chef de l'Etat et au gouvernement de trouver les mécanismes et les mots qu'il faut pour se faire comprendre. Pour le cas d'espèce, le gouvernement doit jouer la carte de l'apaisement ; si possible, associer les corps constitués de la Nation aux négociations pour que les enseignants comprennent enfin les difficultés de l'Etat et accepter de reprendre les cours. Quand on sait que le Chef de l'Etat tient beaucoup à l'apaisement du climat social, c'est vraiment inutile de vouloir jeter de l'huile sur le feu. Car, si cette menace de défalcation venait à être mise en application, on peut gager que les enseignants vont radicaliser leur position et le spectre d'une année blanche qui pointe à l'horizon deviendra malheureusement une réalité. En attendant, les enseignants passent de 72h à 96h de grève dès la semaine prochaine.

 
Edgar Gnimavo(journal adlinankou)


29/02/2012
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