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BENIN: Impasse électorale dangereuse

 

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Les élections locales n'auront pas lieu cette  année. On le sait depuis la semaine dernière avec l’annonce d’une nouvelle échéance pour la fin des travaux de correction du fichier électoral par le Cos-Lépi. Fin donc les supputations : le miracle électoraliste promis par Dr Boni Yayi n’aura pas lieu. Du coup, le rattrapage espéré pour cette  année 2014 devient impossible alors que les Béninois n’ont toujours pas digéré le rendez-vous manqué de 2013. Néanmoins, les élus locaux et municipaux jouiront encore pleinement et plus longtemps de la prolongation de leur mandat décidée par l’Assemblée nationale. Pour nos maires, peu importe les questions de légitimité. La relâche  peut continuer au profit de la dégradation de la démocratie béninoise.

   Au centre des grandes préoccupations qui justifient ce retard criard dans l’organisation des élections communales et locales au Bénin, figure en bonne place la mystérieuse question de la Listé électorale permanente informatisée (Lépi)Après plus d’un an de tergiversations, la liste électorale rendue indispensable par la Cour constitutionnelle et soumise à une retouche dont seuls les acteurs connaissent les secrets continue de faire grands bruits au pays. Pourtant, tout semblait être fin prêt pour son aboutissement heureux. Installés en mai 2013 pour un mandat de six mois, les membres du comité d’orientation et de supervision de la Lépi (Cos-Lépi) peinent toujours à s’acquitter de leur mission. Du coup, le processus de correction de la Lépi devient très élastique avec des échéances à n’en point finir. En témoignent la nouvelle date (novembre 2014) annoncée le mercredi 11 juin dernier à l’Assemblée nationale.

    Au parlement, le processus de désignation des membres de a Céna est voué aux querelles politiques entretenues par la recherche effrénée du contrôle de l’organe par les différentes chapelles politiques. Les députés qui se sont arrogés tous les droits et pouvoirs de désignation intégrale des membres de la Céna permanente se sont faits prendre à leur propre piège alors qu’il s’agissait pour eux de désigner le représentant des magistrats qui devra recueillir 2/3 des suffrages du Parlement. Espérons que le rendez-vous de ce jour leur permette de décanter la situation. Seulement que la désignation des membres de la Céna ne suffira pas pour organiser les élections communales. Deux autres facteurs non négligeables échappent aux analystes : primo, la volonté politique du régime dont les priorités semblent être bien distinctes de l’organisation des communales. Secundo, les questions de financement de ces élections ne sont jamais abordées alors que le Budget de l’Etat exercice 2014 n’en prévoit aucune ligne.

 En somme, il est très peu probable que les élections communales et locales se tiennent cette année. Les différents acteurs impliqués dans l’organisation desdites consultations électorales le savent et se rejettent mutuellement le tort. Même si la responsabilité est partagée entre tous les acteurs, le gouvernement se taille en revanche, la plus grande part de responsabilité après les députés qui n’assument pas fondamentalement leurs responsabilités. Le principe de l’alternance étant si cher à la démocratie, ne serait-il pas intéressant que le gouvernement  après la table ronde de Paris qui le pompe actuellement, évalue aussi la pratique démocratique au Bénin ?... au risque de laisser le retard des communales polluer les autres joutes électorales en vue, notamment les législatives qui devront se tenir en 2015. Sans compter que Boni Yayi est redevable d’une certaine assurance vis-à-vis des Béninois qui redoutent toujours le report de  son  départ en 2016.
                                                                                    Vitali Boton (
Adjinakou)


17/06/2014
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