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BENIN: Editorial : Un curieux diagnostic

    Les résultats des examens de fin d’année sont connus. Médiocres comme il fallait s’y attendre, ils sont simplement le reflet de ce qu’a été l’année scolaire. Plus de 4 mois de grève ont perturbé l’exécution normale des activités académiques. Au bout du compte, chaque acteur du système éducatif est appelé à faire le bilan afin d’évaluer son niveau de responsabilité dans ce drame national. Gouvernement, syndicats, enseignants et même les apprenants sont tous comptables, chacun à sa manière, de la panne récurrente qui handicape la performance de l’Ecole béninoise. En temps normal, en l’absence de tout mouvement de débrayages, l’Education nationale est en proie à de multiples difficultés

Avec les grèves, la croix devient encore plus lourde à porter pour chaque acteur intervenant dans ce secteur.
Cette semaine, en déplacement dans le Mono, le chef de l’Etat a tenté de soustraire sa responsabilité et celle de son gouvernement quant aux résultats peu encourageants enregistrés. La multiplicité des syndicats des enseignants, évalués selon ses dires à 145, serait donc la cause de ces échecs massifs. En d’autres termes, si les grèves ont duré à ce point, ce n’est nullement la faute au gouvernement mais aux syndicats. En tout cas, c’est ce qu’on tente de nous faire croire. Lorsqu’on fait l’effort de rester un tant soit peu dans la logique de Boni Yayi, on pourrait penser qu’aux temps forts de la crise, le gouvernement s’est échiné à remettre l’Ecole sur les rails et que les syndicats s’y sont opposés. Cette déduction issue de la version présidentielle récemment servie aux populations est loin de la réalité.
Avant d’aller plus loin, il faut reconnaître que le syndicalisme béninois a montré ses limites et qu’il est temps de le réinventer. Mais le gouvernement et son chef sont mal placés pour se positionner en donneurs de leçons. Si la marche du 27 décembre dernier n’avait pas été réprimée par la force publique, les responsables syndicaux n’auraient pas été aussi intransigeants dans leur lutte pour la défense des libertés publiques. De même, la multiplicité des syndicats que dénonce le chef de l’Etat a été favorisée en grande partie par le pouvoir, qui dans son dessein d’affaiblir le mouvement syndical, a suscité çà et là, la création de nombre de regroupements d’enseignants. Ils se comptent par dizaines, les syndicats portés sur les fonts baptismaux d’ avril 2006 à ce jour. Le diagnostic du chef de l’Etat et son réquisitoire contre les syndicalistes ne sont pas pertinents. Tous les acteurs y compris le gouvernement, sont responsables, chacun à son niveau de la déconfiture dans laquelle baigne l’Ecole. L’heure n’est pas à une fuite de responsabilité, mais plutôt à l’introspection en vue de la prise de résolutions pour des lendemains meilleurs



15/08/2014
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